huit

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Elle quitte son palais et prend une grande inspiration. Ses mains lui font mal, elle n'a pas arrêté de les presser dans les poches de sa veste. Alors elle les sort pour ne pas se blesser par anxiété. Elle tente de se rappeler de la voix de Lemonnier qui lui conseille d'arranger tout ça avant que ça ne prenne des proportions trop grandes. Mais qu'est-ce qu'elle a honte... Quand elle arrive à la brigade, Max est surpris et lui dit que le commandant est déjà parti.

Une grande silhouette fait son arrivée dans les lieux. C'est lui. Il ignore Alice après avoir été déconcerté de la revoir et va chercher les clés de chez lui dans le tiroir de son bureau, il a failli les oublier.
Fred : Salut Maxou.
Max : À demain chef.

Alice peine à le suivre et finit par agripper sa main.
Alice : Fred, s'il vous plaît !
Fred : Quoi ?
Alice : Vous pouvez me dire ce qui ne va pas, ce que j'ai encore mal fait ? Ou peut-être que passer vos nerfs sur moi a quelque chose de plaisant... Je me le demande en tout cas, parce qu'en ce moment vous n'arrêtez pas de m'en faire baver !
Fred : Si c'est pour entendre ça j'préfère rentrer. Et vous feriez mieux de partir, vous aussi.

Alice : Je dois vous parler.
Fred : J'vous laisse un peu de temps mais j'vous préviens si ça m'plaît pas j'me barre.
Alice : Si ce sont vos seules conditions... Écoutez, je... je suis désolée qu'on ait eu à s'engueuler dans la voiture... Je n'aurais pas dû vous provoquer avec ce foutu mariage, mais en même temps, je ne comprends pas la puissance de votre réticence. Vous dites toujours que vous êtes heureux pour moi si je le suis : pourquoi est-ce que ce ne serait pas valable si je me marie ? Enfin, quoi qu'il en soit, je tiens à vous, et j'ai honte de vous avoir emmené à l'hôpital et d'avoir causé autant de dégâts... J'ai éprouvé le besoin de me racheter et de vous prouver aussi mon amitié pour vous, qui est indéfectible. Je suis contente de savoir que vous allez mieux.
Fred : Merci.
Alice : Fred !
Elle soupire et espère qu'il ne va pas s'en aller encore parce que cette fois, elle ne le retiendra pas. Elle est à bout de forces.
Alice : Vous me l'avez déjà écrit, que vous me remerciiez. Je peux avoir droit à quelque chose de plus élaboré ?
Fred : Là tout de suite, je vois pas.
Alice : Prenez-moi dans vos bras.
Fred : Non.
Alice : Marquand.
Fred : J'ai dit non, merde ! Vous savez pas combien d'espoirs vous alimentez en agissant de la sorte, vous ! Moi, si. Et cette étreinte, il me faudra des jours pour l'oublier, pour me dire qu'elle est insignifiante. Putain mais vous voyez vraiment rien !
Alice : Vous non plus.
Fred : J'vous d'mande pardon ?
Alice : Vous non plus, vous ne voyez rien ! Vous croyez que si Mathieu n'était pas là ces derniers temps, pendant que je m'occupais de vous, c'était parce qu'il est parti en vacances le temps de votre convalescence ? Nous avons rompu, parce que j'ai fait un choix. Vous.
Fred : Vous déconnez.
Alice : Non. Croyez-moi, m'engager à élever mon enfant seule n'est pas pour me plaire. Je suis en dessous de tout, moi aussi. Alors arrêtez de me jeter la pierre sans arrêt.
Fred : Putain Alice, vous voulez dire qu'y a plus d'Mathieu ?
Alice : C'était vous ou lui.
Fred : Quand vous dites que c'était lui ou moi, vous parlez du moi amnésique ou du moi tout court...?
Alice : Devant Mathieu, je parlais du Fred amnésique dont je voulais prendre soin. Mais en réalité, c'est vous que je veux. Si je dois choisir, évidemment, que je vous choisis vous, Marquand. Jusqu'à présent j'avais la sécurité de travailler avec vous : je me disais qu'en choisissant Mathieu, quoi que vous puissiez dire, je ne vous perdais pas puisque vous étiez et resteriez mon commandant. Et puis j'ai compris que cette alliance vous faisait du tort... sans vraiment savoir pourquoi. Mais bon. Comme je vous connais, je me suis dit que vous étiez capable de vous faire muter ailleurs, pour me fuir. Et je ne veux pas de ça.
Fred : Ça m'fait plaisir.
Alice : À moi aussi. J'y ai droit à ce câlin, maintenant qu'on s'est expliqués ?
Fred sourit, parce qu'il est aux anges sans que cela ne nécessite d'être mort au paradis.

L'envers amoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant