Quatrième lumière

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Il y avait beaucoup de rumeurs qui couraient. Tous les jours, les gens ne pouvaient pas s'empêcher de parler des autres. Je ne savais pas pourquoi ils en avaient spécialement besoin. En tout cas, j'avais toujours eu des rumeurs qui circulaient sur moi. J'étais beau, et tous ne voyaient que ça : mon physique. Depuis que j'étais petit, ça n'avait jamais changé. On m'aimait parce que j'étais beau. Certains me jalousaient. D'autres étaient fous de moi. Uniquement à cause de ma beauté. Par conséquent, je n'étais pas certain qu'être beau soit une qualité. On me complimentait toujours pour ma beauté, mais il n'y avait rien d'autre derrière. Personne ne me disait que j'étais gentil. Sympa. Drôle. Charmant. Amusant. Cela pouvait se comprendre. Je n'avais pas un bon caractère. J'étais pessimiste et je ne souriais presque jamais. En plus de ça, j'étais franc, et de nos jours, personne n'appréciait la franchise. C'était pourquoi peu de filles venaient se déclarer à moi. Les rumeurs qui couraient sur moi n'étaient pas très bonnes. Selon elles, j'aurais fait de la chirurgie pour attirer les filles. Je détesterais pourtant les autres, parce que je les repoussais. Il ne fallait pas venir me parler car je risquais de m'énerver brusquement. Tout cela faisait qu'on préférait m'éviter. J'avais beau être beau, on préférait me regarder de loin que de venir me parler. Comme si j'étais une œuvre d'art que personne ne devait toucher. Et qu'on devait se contenter de me regarder, comme ça, d'un air admiratif. Mais une seule personne avait osé me toucher.

Woohyun. Lui était tout le contraire de moi. Il était très apprécié et aimé par tout le monde. Il était sportif, bon en études, amusant, charmant, gentil, attentionné... Ce n'était pas étonnant que le jour de la St Valentin, son casier était plein à craquer. Ce n'était pas étonnant non plus que toutes les filles tombent sous son charme. Mais curieusement, il n'était jamais sorti avec une seule de ces filles. Il aurait pu être un joueur qui sortait avec une fille différente toutes les semaines, mais il n'était pas comme ça. Il préférait les relations courtes, celles d'un soir. Les rumeurs qui circulaient sur lui étaient la plupart vraies, pour lui. Il coucherait avec une fille au moins une fois par semaine. Je n'avais aucun moyen de le vérifier mais j'étais certain que c'était vrai. Il serait bisexuel. Ça, c'était vrai. La preuve, il m'avait embrassé. Oh non. C'était vrai. L'une des rumeurs qui faisait fureur en ce moment, c'était celle-ci. "Woohyun et Myungsoo sortiraient ensemble." C'était bidon, comme Woohyun ne sortait jamais avec personne. Mais la rumeur courait quand même, ce qui m'effrayait. À cause de mon imprudence, voilà la situation. Woohyun était dans une mauvaise posture par ma faute. Je devrais m'excuser, mais si on me voyait avec lui, des rumeurs recommenceraient à éclore... Je ne voulais pas lui causer de problèmes.

Je soupirai, assis à ma table. Voilà une semaine que les rumeurs ne s'étaient toujours pas dissipées. Je n'avais pas reparlé à Woohyun. Je n'avais pas croisé l'autre garçon non plus. Il s'appelait Sungyeol, me semblait-il. Mais il n'était pas très important. Woohyun l'avait dit, Sungyeol ne m'aimait pas sérieusement. Ce qui me rassurait. Un garçon comme lui devrait se préoccuper d'autres choses. Il avait un bon physique, pourquoi ne l'utilisait-il pas pour charmer les filles, s'il voulait mettre fin à son célibat ? Je ne comprenais pas trop. Je ne comprenais jamais les autres, de toute façon. Je n'étais pas doué, en ce qui concernait les relations humaines.

La sonnerie tant attendue par tous les élèves retentit. Je soupirai une autre fois avant de me lever, rangeant mes affaires. C'était la fin de la journée. Il ne s'était rien passé de spécial aujourd'hui. C'était un peu normal, en même temps. Je ne faisais que vivre une routine normale que chaque étudiant vivait. Peu importe si j'avais un beau visage ou pas, j'étais condamné à subir la même routine que tout le monde. Bien que parfois, des jours marquaient notre esprit, la plupart des jours seraient effacés par notre mémoire. Puisqu'ils faisaient partie de notre routine, le cerveau ne prenait pas la peine de se souvenir de chaque détail. Et il enlevait tout. Comme ça. Je soupirai une nouvelle fois, prenant mon sac. J'allais rester un peu à la bibliothèque avant de rentrer chez moi. Je devais étudier encore un peu.

AveuglésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant