Un monde aux portes de la Terre

Chapitre 2

-Thomas ! Va ranger ta chambre, tout de suite ! Et tu enlèveras le sort d'illusion que tu as jeté dans notre chambre ; je doute que ton père apprécie de tomber nez-à-nez avec un Caracoupe qui réduit les meubles en miettes !

-Mais comment t'as su que c'était pas un vrai ?

-Je ne suis pas née dans une pâquerette ! Quand la bestiole m'a vue, elle s'est cachée dans l'armoire. Un vrai aurait voulu me couper la tête.

-Bon, d'accord.

Thomas avait huit ans. Penché par-dessus la rampe de l'escalier, il regardait sa mère qui retournait à la cuisine. Il était vêtu d'une robe jaune et bleue et de petites chaussures vertes. Il avait les cheveux d'un noir de jais, en bataille. Ses yeux étaient d'un bleu clair éclatant. Il avait le teint clair et quelques taches de rousseur parsemaient ses joues. Il souriait et fixait la porte de la cuisine, comme s'il attendait quelque chose. Dès que sa mère en eut passé le seuil, elle cria :

-Thomas !!! Peux-tu me dire pourquoi il neige dans la cuisine ?

Le petit garçon éclata de rire et s'envola vers sa chambre. C'était une pièce carrée, d'environ trois mètres de côté, et il devait y avoir deux mètres et demi du sol au plafond. Il y avait une petite table ronde au milieu de la pièce sur laquelle étaient éparpillés des débris de terre cuite. La table présentait de nombreuses marques de coups et de brûlures. Dans un coin de la pièce se trouvait un lit en bois aux draps noirs et blancs. Contre le mur opposé au lit se trouvait une armoire qui tremblait et s'ouvrait toutes les cinq secondes pour envoyer un oiseau en papier voleter dans la chambre. Une cinquantaine de petits oiseaux en papier battaient ainsi des ailes un peu partout dans la pièce. Au sol étaient répandus des dizaines d'objets en tous genres ; livres (un intitulé « Histoire du monde de la magie – Cycle 1 » discutait avec un autre intitulé « enchantements de 1ère catégorie »), jouets (un tyrannosaure en plastique poursuivait un cow-boy à travers le capharnaüm de la chambre), vêtements et autres objets non identifiables.

Thomas regarda la pièce de long en large. Puis, il fit un geste de la main et tous les oiseaux en papier retournèrent dans l'armoire qui se ferma puis se ré-ouvrit pour cracher une liasse de feuilles immaculées. Il fit un autre geste et tous les livres allèrent se ranger dans une étagère qui se trouvait à côté de l'armoire. Encore un geste et les vêtements se plièrent et se rangèrent dans l'armoire. Un dernier geste et tous les jouets retournèrent dans un tiroir sous le lit. Enfin, il regarda tous les objets qui jonchaient encore le sol et prit un petit sac dans sa poche. Il en sortit une poignée de poudre magique qu'il lança dans l'air. Ensuite, il sortit de la chambre et ferma la porte. Quand il la ré-ouvrit quelques secondes plus tard, la chambre était impeccablement rangée. L'air satisfait, il se dirigea vers la chambre de ses parents.

Quand il ouvrit la porte, il vit, sur le lit à deux places, une étrange créature. Elle avait six pattes fines et pointues, avec une articulation, et deux bras terminés par une grande lame métallique. Tous ses membres étaient rattachés à un petit corps rond et marron, surmonté d'une grosse tête, plate sur le dessus, en forme de demi-cercle. Elle avait deux petits yeux noirs et une bouche ronde à trois dents triangulaires. C'était le fameux Caracoupe.

La créature était déchaînée ; elle s'acharnait à réduire le matelas en miettes, et dans la chambre tout était cassé ; les étagères, les rideaux, l'armoire, les vases, les cadres, la fenêtre et le lustre qui gisait sur le tapis en lambeaux.

Thomas dit d'une voix forte :

-Falsa vista finita !

L'image de la chambre dévastée se brouilla alors, puis se dissipa pour laisser apparaître la vraie chambre, bien rangée et en parfait état. Thomas referma ensuite la porte et redescendit. Il se dirigeait vers la cuisine quand il se rappela qu'il y avait fait neiger et que sa mère l'en réprimanderait sûrement. Il alla donc en volant tout doucement vers le placard où il voulait prendre des biscuits mais il entendit sa mère lui dire :