Prologue

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L'ange

Donner la vie n'est pas aussi merveilleux qu'on le dit. Toutes les femmes qui mettent au monde un enfant sont courageuses.

Tu es en train de donner la vie mon ange, alors soit courageuse.

J'essaye de me motiver comme je peux. La douleur est éprouvante pourtant je suis résistante à la douleur. Je peux remercier mon ancienne nature d'être céleste pour cela.

M'être coupé les ailes par amour n'a pas été ma meilleure idée. L'amour rend aveugle est une expression adéquate à ma situation. Je suis tombée amoureuse d'un homme qui en réalité est un néphilim. Il m'a piégé et à présent je lui dois mon premier né.

— Allez, vous y êtes presque. Je vois la tête, m'encourage la sage-femme.

Je puise dans mes forces pour donner une dernière poussée.

— Le voilà ! s'exclame-t-elle.

Aussitôt, le petit être qu'elle tient dans ses bras se met à crier. Après lui avoir coupé le cordon, la sage-femme vient le poser sur ma poitrine.

— Agnès, je vous présente votre premier fils.

Mon premier fils

Ma vue se brouille.

— Bonjour mon petit bonhomme, heureuse de faire ta connaissance.

— Comment allez-vous l'appeler ?

— Thomas.

— Bien, ma collègue va prendre soin de lui. A présent, vous devez mettre au monde son petit frère, m'apprend-t-elle en me reprenant mon enfant.

Je fais appel à mes dernières forces et mon second fils pousse son premier cri. La sage-femme le dépose sur moi.

— Il était pressé de faire votre connaissance celui-ci, plaisante-t-elle. Quel prénom avez-vous choisi ?

— Hugo.

Mon petit garçon me regarde avec de grands yeux. Son destin est déjà tout tracé et il n'en pas conscience. Il gesticule sa petite main comme s'il voulait essayer la petite larme qui pointe au coin de mon œil.

Véritable petit ange.

Il devient calme tout à coup jusqu'à ne plus bouger du tout. Je sens que quelque chose ne va pas.

— S'il vous plait, mon fils...il ne va pas bien.

Aussitôt, la sage-femme vient vers moi et prend le bébé dans ses bras. Elle l'emmène à l'écart et commence les actes de réanimation. Ces quelques secondes me semblent des heures puis mon bébé pousse à nouveau un cri. Je pleure de soulagement.

— Ce petit a une force de vie incroyable. On va vous remonter dans votre chambre et vous pourrez faire plus ample connaissance, m'explique sa sauveuse.

Je me sens soulagée mais pas totalement rassurée, le plus difficile commence.

Quelques heures plus, nous sommes tous les trois dans notre chambre. Je tiens Thomas dans mes bras quand un homme vient nous rendre visite. Il s'approche du berceau d'Hugo.

— Tu nous as gâté mon ange. Tu nous donnes deux fils, me félicite-t-il.

— Tu m'as fait promettre mon premier né ! je me défends.

— Un chacun, cela me convient très bien. Alors lequel est le mien ?

Je déteste sa façon de croire qu'il a un quelconque droit de propriété sur mes enfants. Mais pour mettre mon plan à exécution, je dois le laisser croire qu'il a gagné.

— Alors lequel est l'aîné ?

— C'est Hugo, celui qui est dans le berceau.

— Il me paraît un peu chétif ce petit, semble s'inquiéter son père.

— Si tu ne veux pas de lui, libre à toi...

— Oh non mon ange, bien au contraire, je le désire cet enfant. Un grand avenir l'attend. Et pour ne rien gâcher, il me ressemble.

Je lève les yeux au ciel. Son égo m'agace. Comment ai-je pu être aussi aveugle.

— Ne t'en fais pas, je te le laisse à tes soins jusqu'à ses dix-sept ans comme je te l'ai promis.

Il a dû prendre mon regard atterré pour de la tristesse.

— Toutefois, en échange, je viendrai pour passer la journée avec lui à chacun de ses anniversaires pour le préparer à son destin, m'explique-t-il fièrement.

Une journée par an, je devrais pouvoir m'y faire. Surtout, si mon plan fonctionne parfaitement. Le néphilim s'approche de moi et m'embrasse sur le front.

— Tu dois être morte de fatigue. Je te laisse te reposer. Tu vois mon ange, on fait une bonne équipe, dit-il en caressant la joue de Thomas.

Il repose Hugo dans son lit puis disparaît aussi vite qu'il est apparu. De son berceau, mon fils me regarde en fronçant les sourcils. Son père est tellement sûr de lui qu'il n'a pas vu dans ses yeux la pureté de son âme. L'ange 1 – Le néphilim 0. Le match sera difficile mais j'ai remporté la première bataille. Je souris malgré moi.

Le saut de l'angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant