Chapitre Deux

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Je vois les lèvres de ma grand-mère bouger mais je n'entends rien. J'étudie leur langage corporel. Mon oncle est tendu tandis que ma grand-mère semble porter le poids du monde sur ses épaules. Cependant, ils ont tous les deux un visage assombri par la tristesse et les yeux rouges. Ils ont pleuré, j'en suis certaine.

A présent, c'est mon oncle qui essaye de communiquer avec moi. Je ne l'entends pas non plus. J'ai l'impression d'observer la scène de l'extérieur comme si j'avais quitté mon corps. Je sens quelque chose d'humide sur mes doigts. Je baisse les yeux et vois la tête de notre labrador.

— Charlotte.

J'entends la voix de ma grand-mère. Pourtant, je ne veux pas l'écouter. Je ne veux pas entendre la mauvaise nouvelle qu'elle va m'annoncer. Je ne veux pas l'entre parce qu'alors ce cauchemar deviendra réalité.

— Viens t'asseoir, me conseille mon oncle en me tenant par les épaules.

Notre chien ne me lâche pas d'une semelle. Une fois assise, Brownie pose sa tête sur mon genou. Ma grand-mère vient s'asseoir à côté de moi.

— Je suis désolée ma puce. Il n'y a pas de bonnes manières d'annoncer cela. En rentrant, à la maison, tes parents ont eu un accident de voiture.

— Ils ... ils sont à l'hôpital.

Je ne veux pas en entendre davantage pourtant je ne peux m'empêcher de vouloir comprendre ce qu'il s'est passé.

— Comment ?

Je vois les mains de ma grand-mère trembler. Elle n'arrive plus à parler, c'est mon oncle qui prend le relai.

— Ton papa a fait un arrêt cardiaque. La voiture a quitté la route et a fait plusieurs tonneaux. Il est décédé sur le coup. Ta maman a été emmenée à l'hôpital mais elle n'a pas survécu à ses blessures.

Je reste silencieuse plusieurs secondes. Le chagrin qui me submerge me paralyse. Puis je finis par exploser en larmes. Ma grand-mère me prend dans ses bras et me berce comme une enfant.

Je suis allongée sur le lit de mes parents, à la place où dormait ma mère. L'oreiller est imprégné de son odeur. Est-ce qu'un jour elle finira par disparaître comme...

Une larme glisse sur ma joue. Je l'essuie rapidement. Brownie lèche ma main. Je lui caresse la tête. Après avoir discuté avec mon oncle et ma grand-mère, j'ai décidé de retourner à l'étage. Mamie a décidé d'attendre le réveil de Baptiste pour lui parler. Notre chien vient se blottir contre moi. Lui aussi est triste.

Ma mère est ... était une femme généreuse. Il y a huit ans, elle a recueilli Brownie. C'était un chiot abandonné et maltraité. Elle ne supportait pas la méchanceté gratuite. J'ai été super heureuse le jour où elle l'a ramené à la maison. Au début, il était peureux mais il nous a vite adoptés à son tour. Aujourd'hui, c'est un membre à part entière de notre famille. Qu'est-ce qu'on allait bien pouvoir devenir ?

J'entends mon petit frère se lever. Je devrais sûrement descendre pour le rejoindre. Pourtant, je n'en ai pas le courage, ni la force. Je sais quels sentiments il va ressentir. Je ne peux pas les affronter une seconde fois. J'ignore combien de temps Baptiste reste avec notre grand-mère. Mais lorsque notre labrador se redresse, je comprends que quelqu'un approche de la chambre. Je me tourne vers l'entrée. On abaisse la clenche et ouvre la porte. Aussitôt, Brownie saute du lit et ce dirige vers mon frère. Je constate que ses yeux noisettes d'habitude malicieux sont à présent rougi et encore humide des larmes qu'il a versé. Je m'assoie sur le lit, Baptiste vient me rejoindre.

— Charlie ? prononce-t-il d'une voix éraillée.

Ses larmes se remettent à couler les mienne aussi. Je plonge vers lui pour le prendre dans mes bras.

Le saut de l'angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant