Chapitre 6

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Ma tête s'affola. Je pouvais pleurer pour de vrai ? Je tentai de bouger, mais toujours rien.
- J'y crois pas ! S'exclama Lauralee. 
Elle resta bouche-bée. Les larmes commencèrent à s'arrêter.
- Je suppose que tu m'entends réellement, c'est formidable...
- Que se passe-t-il ?? Fit éruption une voix.
J'entendis un raclement de chaise.
- Absolument rien ! Répondit Lauralee, l'air surprise. C'est normal que Lou puisse verser des larmes ?
- Oh ! Souffla la jeune femme. Bien sûr, et c'est très bon signe d'ailleurs, c'est même très rare. Étiez-vous en train de lui parler ?
- Oui, je lui racontais à quel point elle me manquait...
- Je vois, dit posément l'infirmière (je supposais, encore une fois). Cela a dû l'émouvoir. Vous devriez continuer.
- Merci, merci beaucoup ! 
Puis la porte se referma. J'entendis la chaise faire du bruit, en se rapprochant de moi.
Pendant plus d'une heure, Lauralee me racontait sa semaine. Les devoirs, le lycée, les amis, la famille. Comme lorsqu'on est toutes les deux, et que l'on papote pendant des heures. Seulement, là je ne pouvais pas répondre, et raconter mes petites aventures, ni même réagir. Et Dieu seul sait à quel point parfois j'avais envie de rire ou même de donner mon avis ! Cette visite m'avait vraiment fait du bien, car je m'ennuyais énormément. L'hôpital, c'était vraiment barbant, surtout lorsque l'on est dans le coma. 

Ce fût le meilleur Noël de toute ma vie. J'avais 7 ans. Les chants, les sapins, ma famille, les cadeaux... C'était convivial et l'ambiance était géniale. Cette année-là, je n'avais pas tant reçu de cadeaux que ça, mais c'était tout aussi bien. J'avais eu une paire de chaussons des Simpsons, un nouveau vélo et un livre de contes. La famille était au complet : tous mes cousins, tontons et tantes, mes grand-parents maternels et paternels et mes parents. On s'était beaucoup amusés, on avait rigolé mais surtout bien mangé. Je me souviens encore de cette bûche qui était à tomber. Par contre, ce que je n'avais pas apprécié, c'était les huîtres. J'ai tout simplement horreur de ça. Mes cousins (nous avions tous à peu près le même âge) avaient reçu de nombreux cadeaux, contrairement à moi, mais je n'avais pas été jalouse. Au contraire, j'étais heureuse de pouvoir tester leurs nouveaux jouets avec eux ! Le soir, j'avais à peine dormi, tellement excitée par cette journée que je ne voulais pas voir se terminer.

J'entendis frapper. La poignée de la porte se fit entendre, et j'entendis des bruits de pas. 
- C'est Lou ? Demanda une voix que je reconnus de suite.
- Ça se voit pas ? Répondit une autre voix.
- Mais vous êtes cons, c'est ouf ça... S'ajouta encore une autre voix.
C'étaient mes cousins, Alex, Alain et Théo. Alex et Théo étaient les fils du frère de ma mère et Théo était le fils du frère de mon père. J'étais la seule cousine. Je les appréciais vraiment, même si parfois ils étaient un peu casse-pieds.
- Elle s'en est pris plein la gueule, la pauvre, dit Alex.
- Juste pour te dire, elle nous entend hein, rappela Théo.
- Roooh, ça va, tranquille, elle sait bien que c'est pas méchant. Puis c'est vrai quoi, elle a des plâtres partout et des fils tout autour d'elle.
- Autant que ça ? Je ne m'en rendais pas compte.
- Mais vous savez comment ça s'est réellement passé ? Demanda Théo. Parce que moi on ne m'a rien dit !
- Elle s'est fait renverser par une voiture devant un lycée lundi soir dernier, répondit calmement Alex.
- Au ouais chaud, chuchota-t-il. La pauvre.
- C'est sûr, s'ajouta Alain que j'ai encore peu entendu depuis leur arrivée.
Des pas se rapprochèrent de la chambre.
- Tonton ! S'écrièrent les cousins.
- Oh, les garçons, vous êtes déjà arrivés.
Mon père venait alors d'arriver. Je me demandai quel jour on était pour qu'il ait pu se libérer de son boulot. Je supposai que l'on était dimanche.
- Comment vous allez ? Reprit mon père.
- Bien, répondit Théo. Enfin, toujours plus que...
- Ah, monsieur, vous êtes ici ! Interrompta une voix.
Ce devait être l'infirmière de la dernière fois où Lauralee était venue.
- Je voulais vous informer que votre fille va très bien. Samedi, nous avons surprise votre fille à verser de petites larmes en présence d'une autre jeune fille qui était impliquée dans l'accident, prénommée Lauralee.
- Oui, je la connais ! Dit mon père.
- Cela n'a duré qu'une petite minute, mais cela veut dire qu'elle est bien consciente mais...
- Quand va-t-elle se réveiller ?? S'impatienta mon père.
- J'allais justement y venir, et c'est là que ça se corse. Elle peut se réveiller demain comme dans trois ans. Il y a de forts risques qu'elle retombe dans l'inconscient. Elle a besoin d'énormément de repos mais aussi de parfois attendre ses proches.
- Mmmmh, firent-ils tous en choeur.
- Votre fille n'est là que depuis une semaine, continua l'infirmière. Son état n'est pas très stable, mais peut s'améliorer mais peut se détériorer aussi. Malheureusement, je ne peux donner tous les détails, et le docteur est très occupé ces temps-ci.
- Nous comprenons, souffle mon père. Je pense qu'on devrait la laisser un peu, maintenant que vous l'avez vu, les garçons.
- Mouais, dirent-ils.
J'entendis les pas s'éloigner et la porte se fermer.

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