Chapitre 3

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-Te rappelles-tu de l'histoire que je te racontais quand tu ne voulais pas dormir ?

Son visage joufflu, ses yeux brillant de cette innocence rare qu'on ne trouvait qu'en l'âme nouvelle  des petits chérubins, son sourire bienveillant  me transportèrent dans l'une de ces mystérieuses nuits de décembre tourmentée par la bourrasque.

Ce temps hideux me rendant de si bonne humeur,  je n'arrivais pas à dormir et Kadi n'avait d'autre choix que de me conter une autre de ses fabuleuses légendes. Elle me raconta cette nuit là, l'histoire fondamentale de tout ce qui nous entoure et bien qu'étant très jeune et n'ayant rien compris sur le moment, celle-ci me marqua profondément, réconfortant ma conscience tumultueuse, justifiant l'agissement des autres à mon égard et à l'égard d'eux même, me laissant attachée à une ultime lueur d'espoir.

-Le monde, Scarlett, disait-elle, était si beau, si bon et si chaleureux autrefois, ce n'était pas un monde parfait, mais un monde où la vie était délectable, où les Hommes se réveillaient et s'endormaient le sourire peint sur leurs lèvres, où les rues regorgeaient de cette allégresse fulgurante, où la bonté des cœurs se reflétait dans les paroles de l'âme, car en ce temps ce ne fut guère la conscience vaniteuse qui causait mais l'âme qui répandait de son éloquence, toute l'ingéniosité de l'intelligence humaine.

Cette harmonie symphonique était le résultat direct de l'équilibre des forces suprêmes. Durant cette ère joviale le bien et le mal étaient à égalité mais cela ne dura pas longtemps et de nos jours le monde connaît l'Homme avare, cruel, sanguinaire, grand se voit-il dans le reflet de l'or, piètre n'est-il devant cet univers sublime.

À l'assaut des montagnes, à l'abordage des torrents, des mers et des océans, ils arment leurs idées machiavéliques de la curiosité la plus chaste et ambitieuse qu'on leur avait offert, toujours plus loin, toujours plus fort, vers la destruction ils s'avancent, que le ciel les garde loin de tout ce qu'ils ignorent.

-Les anges et les démons ont toujours veillé sur nous, sauf que chacun avait sa propre manière de le faire, rétorqua Kadi interrompant le cours de mes pensées. Maintenant dépêche-toi et apporte-moi ce qu'il y'a sur cette liste.

Elle me glissa dans la main un petit papier jauni plié en quatre.

« C'est tout ? » pensai-je, « étais-ce tout ce qu'elle avait à me dire ? »

La déception m'alourdit les épaules et je commençai à m'impatienter, il me fallait des réponses néanmoins pour les avoir il me devait de patienter. J'ouvris la portière.

-Attends.

Celle-ci se tortillai sur son siège puis se tourna vers la banquette arrière et posa sur mes genoux un grand sac à dos noir.

-Prends ça pour mettre les courses, l'argent est dans la poche avant.

Je mis un pied en dehors de la voiture.

-Attends.

Je ramenai ce maudit pied à l'intérieur de la voiture

-Est-ce que tu as ton collier ?

Je reportai ma main à l'ambre pendante sous mon sweat-shirt.

-Sur le cœur pour toujours et à jamais, susurrai-je.

Et le vent emporta mes paroles.

C'était un supermarché de tout ce qu'il y avait de normal, de banal et d'ennuyant, des rayons quoique désert, des étagères et de la nourriture, de la nourriture jusqu'au sommet prête à être confrontée au plus perfide des regards, à la plus capricieuse des consciences. À mon passages ces aliments dont la figure maussade contrastait clairement avec leurs emballages fluorescent me dévisagèrent et dans leurs yeux luisait une étincelle clairvoyante, destruction, ravage et carnage était tout ce qui les attendaient et ils savaient très qu'ils ne pouvaient sortir de ce cercle vicieux.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 15, 2017 ⏰

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