PARTIE SIX

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Adossée contre un mur de la ville, Lolita attend. La chaleur épouvantable de la journée s'atténue au fur et à mesure que le soleil se cache derrière les nuages, les poussant à devenir légèrement rosés. La soirée commence à peine et déjà une boule d'anxiété se forme au creux du ventre de la jeune latine. Cela fait désormais près d'un mois qu'elle se retrouve ici, sur ce trottoir miteux, à aguicher les passants, vendant son âme au diable pour se remplir les poches. Le regard perdu dans ceux qui la regarde de haut en bas, Lolita sourit niaisement, bombant le torse pour parfaire sa jolie poitrine. Tous les gestes qu'elle entreprend sont irrestiblement sensuels et il faudrait être surhumain pour ne pas la sublimer du regard. Ses lèvres sont coloriées en un rouge terracotta et ses yeux sont légèrement habillés d'un trait noir parfaitement apposé sur le dessus de ses paupières.
Elle est une lumière à elle toute seule, embellissant cette vielle rue usée par le temps et la prostitution. Sa tenue est provocante, presque vulgaire, elle a le corps vêtu d'une brassière en dentelle blanche et
d'une courte jupe d'un velour noir flamboyant.

Son corps se détache du mur sur lequel elle guettait telle une lionne, balançant ses longues jambes sur le bitume, propageant ainsi son délicat parfum. Elle se déhanche, perchée sur ses hauts talons vernis, comme on lui a ordonner de le faire. De ses épaules, elle effleure discrètement celles des hommes qui croisent sa route, suivant ainsi les précieux conseils de Cindy. Les bras ballants, elle doit marcher quelques mètres pour délimiter son terrain de chasse et se faire repérer par de potentiels intéressés. À l'extérieur, elle paraît sûre d'elle, fière de ce qu'elle est entrain de faire. Mais à l'intérieur, c'est tout autre chose. Elle se sent sale, humiliée. C'est une étape de sa vie qu'elle n'oubliera jamais et sa plus grande hâte désormais est de rompre ce contrat. Hélas l'argent ne tombe pas du ciel et ne pousse pas dans les buissons, pour en avoir il faut le vouloir et c'est ce qui la pousse à arpenter les trottoirs en vendant son corps digne d'une déesse.

Soudainement, Lolita sursaute. Éclairée par les phares d'une voiture, un klaxon a bruyamment retentit dans son dos. Elle s'arrête, balaye ses cheveux soyeux derrière ses épaules et se retourne avec le plus grand des sourires hypocrites. La fenêtre du conducteur s'abaisse en même temps que Lolita s'en approche, elle termine par se cambrer, mains posées sur la carosserie du véhicule.

« Monte. »
conclut le conducteur.

LOLITA EST UNE TRAINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant