PARTIE HUIT

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Face à eux, de l'autre côté du pare-brise, un époustouflant panoramique de la ville. La voiture est désormais garée en épis sur une vague parcelle de terrain en friche et il n'y a que les étoiles qui peuvent les observer. Encore à l'intérieur du véhicule, Lolita déplace sa douce main sur la jambe du conducteur anonyme. Elle effleure son pantalon sur la longueur de la cuisse, avant d'arriver à la hauteur de sa braguette. Il reste muet.

« Tu préfères que l'on attende? »
lui demande-t-elle, inquiète de son silence.

L'homme, incrédule, hoche la tête. Lolita n'est pas habituée à cette clientèle, là elle paraît plus à l'aise que lui. Le cadre change des ruelles ou des parkings souterrains qu'on lui propose habituellement. Ici, sur les hauteurs de la ville qui semble être idéale, elle se sent presque bien. Son client est à son goût, l'atmosphère sonne romantique et elle n'a presque plus envie d'exercer. Elle aimerait faire ample connaissance avec lui.

« Quel est ton prénom? »

Sa main cesse son activité et son regard tente de capturer celui qui ne la regarde pas.

« Tu n'es pas à l'aise peut-être? »
rétorque-t-elle.

Soudainement il plonge ses yeux dans les siens, son cœur palpite. Ses longs cils noirs et sa mâchoire délicatement carrée le rendent si innocent, si mignon, qu'il en devient irristiblement attachant. Lolita est paradoxalement aux anges car ce client lui plait, bien plus que les autres. Il a une barbe dignement rasée et une peau mate sans imperfections. Une voix suave et un regard perçant. Il lui répond enfin.

« Je n'ai pas l'habitude qu'une pute me pose autant de questions, généralement vous avez la bouche pleine autrement que par des mots. »

Douche froide. Lolita reste stoïque et bouleversée.

« Tu m'as demandé si ma voix était en option, toute à l'heure. »

« C'est exact, parce que tes tarifs ne sont pas écrit sur ton front. »

L'atmosphère tantôt agréable devient lourde et pesante, les espérances de Lolita se brisent au rythme de ses battements cardiaques.

« Je pensais juste que tu n'étais pas comme les autres. »

« Pourquoi? »

« L'endroit est beau, déjà. »

L'homme laisse subitement échapper un sourire moqueur.

« Il est surtout parfait car je sais que ma femme ne me surprendra pas ici. »

Lolita passe des cœurs aux lames, ayant pour seule envie d'étriper celui qui aurait pu la sortir de son malheur en peu de temps. Comme elle l'avait rêvé.

« Ne sois pas déçue » reprend-t-il, « tu ne peux tomber sur un prince charmant quand toi même tu n'es pas une princesse. »

Sa réplique est si réelle que Lolita n'ose plus ouvrir la bouche. Elle est extrêmement peinée par cette situation qui commençait pourtant si bien, du moins dans ses pensées. En un rien de temps, son monde s'écroule et le peu de dignité qui lui reste se brise en un éclat. La réalité lui revient de plein fouet et il est parfois mieux de vivre dans le déni.

« Allez grouille toi, je vis pas la nuit moi. »

C'est à contre-cœur que Lolita redirige sa main sur la jambe de l'homme aux paroles dures. Elle aimerai quitter la voiture et s'enfuir si loin que personne ne la retrouverai, mais elle ne peut pas et malgré les apparences, ce métier, elle en a grandement besoin. Sur le siège d'à côté, satisfait, le jeune conducteur s'installe aisément car il sait qu'elle ne parlera plus d'aussi tôt. En effet, c'est au tour de Lolita de rester muette. Elle laisse son corps partir à la dérive comme elle le fait depuis des soirs déjà. Essayant de penser à tout autre chose, ses mains se baladent sur son client jusqu'à lui saisir son sexe déjà en érection. Il soupire, elle ne dit rien. Et c'est avec l'esprit affligé qu'elle entame les préliminaires. L'homme qui semble être aux portes du paradis, lui agrippe violemment les cheveux en une poignée.

« T'es qu'une traînée, Lolita. »
lui chuchote-t-il entre deux gémissements.

   
   
FIN

   
  
histoire entièrement corrigée par IzzyLizzyPumpkin
sauf dernière partie par wildhowl

LOLITA EST UNE TRAINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant