Chapitre 12

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Marine était triste. Encore.
Marine était seule. Encore.
Marine se sentait abandonnée. Encore.

Elle était dans sa chambre d'hôtel, se sous-vêtements noirs porte bonheur ne lui avaient encore une fois servi à rien. Jeanlulu, comme tous les autres, était parti, et elle ne savait pas pourquoi. Elle s'était à nouveau tournée vers son pot de glace. Peut-être que le problème venait de son poids?
Nan, ça ne pouvait pas être ça. Avant qu'il ne reçoive se mystérieux message, il lui avait confié la trouver magnifique. Le problème résidait dans le message, c'était certain. Jean-Luc devait avoir une urgence, il reviendrait plus tard.

Soudain, son téléphone sonna; Jean-Luc: voilà, il allait s'expliquer, s'excuser, et il reviendrait.
"Je suis désolé, mais entre nous ce n'est pas possible. On est trop différent, ce serait trop compliqué."
Et voilà, le pire était arrivé, quelqu'un l'avait encore laissée de côté. Lui aussi, comme tous les autres avait fini par déserter. Elle avait l'impression de revivre les pires heures de son adolescence, lorsqu'elle avait été abandonnée pour la première fois.

Tout avait commencé avec sa mère, un divorce tout ce qu'il y avait de plus banal, sauf pour elle. Sa mère avait quitté son père, et elle par la même occasion. Elle ne l'avait pas assez aimée pour rester. Et elle n'était pas simplement partie, elle avait laissé le domicile familiale pour ne plus jamais revenir, ni dans cette maison ni devant ses enfants.
Cet abandon avait marqué Marine, et elle n'avait jamais su s'en remettre. Et depuis ce jour, toutes les personnes qu'elle aimait, l'abandonnaient; son père, incapable de comprendre ses idées, ses électeurs, incapables de comprendre ses idées, son mari, incapable de comprendre ses idées, et aujourd'hui Jeanlulu, incapable de la comprendre.

Cette nuit-là, Marine s'endormit en pleurant.

*
Marine retourna à Hénin l'âme en peine. Elle ne prit la peine de saluer personne, pas même son nouvel ami le facteur.
Une fois chez elle, elle se mit en pyjama, et prit Piteau dans ses bras. Lui seul la comprenait encore. Lui seul parvenait à la faire sourire, quand il jouait avec sa queue, où quand il miaulait devant sa gamelle.
Marine passa ses journées devant la télévision, à jouer avec son chat. Elle s'était remise au tricot, lui faisait des écharpes, des pulls, des chaussons et des bonnets. Elle avait tenté les moufles, mais sans grand succès.
Jean-Lulu lui manquait, mais elle savait qu'elle devait passer à autre chose. Il l'avait laissée tomber, comme tous les autres. Elle devait donc l'oublier.
Mais elle ne savait pas comment faire. Son divorce avait été plus simple à vivre, et quand elle avait pour la première fois arrêté de parler à Jean-Luc, la colère l'avait aidée à tenir. Cette fois, seule l'incompréhension l'habitait. Elle voulait revoir Jean-Luc, qu'il lui explique ce que disait le message qu'il avait reçu. Il ne lui avait envoyé aucun message, ne s'était pas même inquiété de savoir si elle était bien rentrée à Hénin.

*

Après un mois sans nouvelles, elle avait décidé de prendre les choses en main. Comme toute ex désespérée, elle commença à le stalker sur les réseaux sociaux. Twitter, Facebook, Instagram. Elle avait même trouvé son compte Snapchat, auquel elle s'était abonnée sous un faux nom. Elle suivait chacune de ses vidéos YouTube, remarquait s'il avait l'air fatigué ou malade. Elle espérait secrètement voir sur son visage des signes de tristesse, qui l'a rassurerait sur ses sentiments pour elle. Mais rien, Jean-Luc était une page blanche.
Elle suivait son évolution jour après jour, sans grands changements.
Jusqu'au jour où le séisme émotionnel eut lieu. Comme chaque jour, elle regardait le compte facebook de Jean-Lulu, quand elle remarqua une nouvelle photo. On pouvait y voir Mélenchon, debout, beau comme un Dieu aux yeux de Marine, aux côtes de Martine Aubry.
Le cœur de Marine manqua un battements. Ils étaient proches, presque collés l'un à l'autre. Il lui semblait qu'ils rayonnaient. S'aimaient-ils? Se voyaient-ils en secret? Quelques années auparavant, des rumeurs avaient circulé à propos d'une relation amoureuse qui les aurait liés. Ils étaient tous les deux de gauche. Ils avaient plus de points communs qu'elle n'en aurait jamais avec Jean-Lulu. Il ne lui restait plus qu'à abandonner. Si Jean-Luc l'avait laissée, ce n'était pas pour une quelconque raison profonde ou compliquée. C'était simplement parce qu'il ne l'aimait pas. Ou parce qu'il en préférait une autre.
Marine se sentait trahie. Alors, cherchant à se consoler et à oublier la peine que lui causait jeanlulu, elle décida d'appeler celui dont elle était persuadée qu'il ne lui dirait pas non. Elle composa le numéro de Gilbert Collard, arrangea un rendez-vous pour le lendemain soir, et, après une nuit agitée, prit sa voiture pour quelques heures de route en direction du Gard, où elle le retrouverait. Tant pis pour Jean-Luc, il ne l'empêcherait pas d'être heureuse.

L'amour les a sauvésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant