1- Appartement 332

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Dans le reflet de l'immense porte vitrée Martin se tenait droit, les bras ballants et attendait sans savoir quoi. Son courage, probablement. Une vingtaine de minutes s'écoulèrent au terme desquelles la sueur commença à perler sur son front, mais le soleil torride de l'Ouest n'y changea rien. Il resta immobile.

Ça y était. Il était libre.

Mais pour quoi faire? Il n'avait ni argent, ni famille, ni projets et pour seul compagnon son collier en cuivre de libération conditionnelle vissé au cou. Les gardes s'étaient fait une joie de le verrouiller à sa nuque puis de le rouer de coups en guise d'adieu. On aurait presque dit qu'il allait leur manquer, à ces enfoirés. 

"En souvenir du bon vieux temps" qu'ils avaient dit. Ou bien quelque chose comme "Pour que tu te souviennes ce qui se passe si t'es pas sage petit merdeux". Il ne savait plus. Peut être les deux, certainement même.

Mais les bleus sur ton son corps et le collier n'étaient pas les seuls cadeaux reçus pour sont pot de départ:
La Haute Cours de Justice Internationale l'avait inscrit lui, Martin Collins, au Registre dont il occupait désormais le rang honorable de 25eme sur 32, chose qui ne le ravissait pas.
De un, c'était d'après lui un vaste mal entendu, car il n'aurait jamais cru avoir l'étoffe d'un registré. De deux, quitte à être inscrit, il aurait préféré avoir un meilleur rang. Les choses, il aimait les faire bien, ou pas du tout. Être le meilleur des médiocres ou le médiocre des meilleurs?  Ni l'un ni l'autre. Lui, voulait être le meilleur des meilleurs. Si possible pas chez les registrés... mais le destin semblait en avoir décidé autrement.

Bon sang dans quoi s'était-il embarqué ?

C'était un criminel tout juste sorti de prison. Pourtant, là, tout de suite, il ne se sentait pas du tout comme le loup dans une bergerie mais plutôt comme une brebis égarée dans la forêt.

Il finit par se saisir de son sac, fébrile et ordonna à ses muscles de le porter jusqu'au dernier étage. De là, il ouvrit la porte grinçante et observa dans le chambranle décrépit le salon miteux dont émanait l'odeur âcre de poussière. Sa cellule sur l'île n'était pas beaucoup plus misérable.
Trêve de se plaindre, c'était chez lui et c'était déjà ça. Sur la table basse s'étendait une grande tache brune vestige de son dernier café, renversé dans la précipitation et la panique. Sa tasse gisait quelques mètres plus loin, éclatée en mille morceaux, juste sous la fenêtre là où la milice l'avait menotté quelques secondes avant qu'il ne puisse s'échapper.  

- Enfin de retour ?

Sa tête se tourna pour observer d'où venait la voix mais nulle besoin de la voir, il l'avait reconnue. Tout ce bordel, c'était elle qui l'avait causé.

REPENTI [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant