Chapitre 9

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Les premiers rayons du soleil commencent à illuminer la pièce. Je suis à mon bureau, je fais mes pages d'écriture. Trois jours que ça dure. Autant s'en débarrasser tant que j'ai le temps. J'ai même le temps de m'avancer pour demain. Je vais ensuite rejoindre le maitre d'arme pour une séance intensive qui s'éternise jusqu'au midi. Je me hâte d'enfiler une robe verte qui fait ressortir la couleur de mes yeux pour rejoindre la salle à manger. Le prince s'y trouve... Seul...

- Bonjour Rose

- Bonjour prince

- Appelle-moi juste Lucas ! Tu es superbe.

Je rougis, j'apprécie le compliment et mon corps me trahi.

- Où sont mon père et Hugo ?

- Absents, nous mangeons en tête à tête.

Il sourit, il a réussi à me coincer, c'est vrai que je l'ai un peu évité ces derniers jours. Très bien, je ne pouvais pas le faire éternellement. La discussion pendant le repas est légère mais on s'en tient aux banalités.

Je me réfugie sur le toit pour être tranquille. Je suis plongée dans mes pensées quand j'entends des pas. Je sursaute. Qu'est-ce qu'il fait là ?!

- Ton père m'a dit où tu te cachais, puisque tu ne peux pas sortir.

- Lucas...

- On dirait que tu m'évite.

Il a l'air vexé. Je le regarde dans les yeux, bleu comme le ciel.

- Non, j'aime être seule.

En soit, c'est pas vraiment un mensonge. Mais je crois qu'il n'a pas saisit l'illusion. Il se pose à côté de moi.

- C'était quoi la punition que le conseillé Rodrigue t'a donné ?

- Des pages d'écritures, il fait ça à chaque fois.

- Et ça dure combien de temps ?

- Jusqu'à ce que j'en ai assez.

- Et il te laisse arrêter comme ça ? C'est supposé être une punition, non ?

- Il me laisse pas arrêter, mais il me le demande quand je commence à écrire des obscénités.

Je rigole. Il me regarde stupéfait !

- Des obscénités ?!

- Oui, j'aime bien écrire mais il faut que cela s'arrête à un moment. Il ne supporte pas que j'écrive ce genre de choses. Alors il finit par mettre fin à la punition.

- J'ai appris beaucoup de choses avec ton père, mais je suis sûr que tu pourrais m'apprendre des choses aussi.

Wow, brusque changement de sujet.

- Moi ? Je le regarde étonnée. Tout ce que je sais, mon père me l'a appris.

- Pas tout, je t'ai beaucoup observé... Tu es respectée. Personne ne met ta parole en doute. Tu es honnête et tu prends soins de ceux qui t'entourent.

- J'ai le caractère de ma mère. Dis-je émue. Ses paroles me touche, plus que ce que je voudrais.

Il me regarde, il est beau... Il semble attendre quelque chose. Je fronce les sourcils, il veut que je lui parle de ma mère.

- Elle était très aimée elle aussi. Mes parents se sont mariés par amour, contrairement à ce que voulais mes grands-parents. C'était une paysanne, mon père un futur grand seigneur. Il l'a toujours respectée, malgré leurs différences. Elle était douce, toujours à l'écoute. Mais elle avait aussi un sacré tempérament, personne ne voulait s'attirer ses foudres. Mais quand elle s'énervait, c'était toujours pour une bonne raison. Une larme coule sur ma joue. Repenser à ma mère fait remonter des souvenirs douloureux.

Il essuie mes larmes, mais ne dit rien. Il laisse passer un silence apaisant le temps de me laisser reprendre mes esprits.

- Comment... comment est-elle morte ? Il parle d'une petite voix.

Je réfléchis, je n'ai pas vraiment envie d'en parler. Mais je me lance.

- Un autre seigneur, jaloux de mon père. Il voulait le faire souffrir. C'est de ma faut si elle est morte. C'est moi qui aurais dû mourir ce jour-là. J'avais cinq ans... je venais d'échapper à la surveillance des gardes. Je voulais découvrir le monde.

Flash-back 12 ans plus tôt

Je cours hors des murs du château, je veux aller dans la forêt. Papa et maman ne veulent pas que je sorte. Je suis passée par la fenêtre de la cuisine. Les gardes ne m'ont pas vue. Je suis très forte à cache-cache ! Je souris, je suis presque dans la forêt. J'entends maman qui m'appelle, je me retourne. Elle est juste derrière moi. Je rigole quand un bruit venant de la forêt attire mon attention. Un homme sort des bois, maman crie, il a un couteau. Je ne bouge plus.

Je sens maman qui me pousse, le couteau plonge dans sa poitrine. Je n'entends plus rien, je me précipite sur maman, elle ferme les yeux. Je l'appelle, je pleure.

On me soulève, j'ai du sang sur les mains. Je hurle. Maman est partie. Maman est morte.

Fin du Flash-back

Je pleure en me souvenant. Si je n'étais pas sortie du château...

- Chut, ce n'était pas ta faute Rose, regarde-moi.

Je le regarde, il me prend dans ses bras. Je m'y sens en sécurité. Il murmure près de mon oreille.

- Ce n'était pas ta faute.

Je me défais de son étreinte et lui souris. Je ne peux pas en dire plus.

- Viens avec moi !

Je le regarde surprise.

- Viens avec moi au château !

- Lucas, non, je...

- Je te protégerais... Il me regarde durement.

Il me ferait presque peur. Hors de question que je le suive ! Je descends rapidement du toit. Prend quelques affaires et des provisions en cuisine et je pars dans la forêt. C'est trop tôt. Il ne peut pas me forcer à partir. Il a dit que je pouvais lui apprendre des choses. Et bien je vais le faire. Je vais lui apprend la patience ! Et aussi à tenir compte de l'avis des autres.

Je connais une cabane, c'est vétuste mais personne ne m'a jamais trouvé là-bas. J'ai pris de quoi écrire, je vais lui écrire une lettre, prévenir mon père et faire ma punition pour Rodrigue.


Jeune fille insoumise !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant