Jeune fille insoumise !

Chapitre 13

Lucas

Partie, elle s'est enfuie ! Je suis dans le bureau de son père, il me regarde durement. Sa fille est partie à cause de moi.

Un soldat rentre dans la pièce.

- Je viens de la voir monsieur, elle m'a remis ceci pour vous.

Il lui tend une lettre avant de m'en donner une autre. Je la lit en silence, son père fait de même avant de soupirer.

Elle veut que j'aille au village ? D'où lui est venue cette idée ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Je regarde son père.

- Il faut aller la chercher, elle doit se cacher dans la forêt !

- Non.

Il est calme et me regarde, impassible.

- Votre fille est seule, en pleine nature et vous voulez rester là ?

- Vous ignorez beaucoup de choses au sujet de ma fille.

- Que voulez-vous dire ?

- Ce n'est pas la première fois qu'elle disparait, et elle est très douée à ce jeu. Vous ne la trouverez pas.

Pas la première fois ? bien sûr que je la trouverais !

- J'irais, si vous n'êtes pas capable de la retrouver !

Il me regarde avant de rigoler.

- Dans la forêt, en pleine nuit ? Vous n'avez aucune chance. La dernière fois, elle a mis deux semaines avant de rentrer. Il me regarde dans les yeux avant de continuer. Elle avait à peine neuf ans. La première fois, elle en avait sept.

Je le regarde sceptique. Comment une gamine peut échapper à des gardes pendant plusieurs semaines ? Je lui demande des explications.

- Je l'avais mise au couvent, pour qu'elle apprenne. Elle s'est enfuie en pleine nuit au bout de quelques semaines. J'ai tout de suite été mis au courant. Malgré les nombreuses patrouilles nous ne la trouvions pas. Et un beau jour, Joseph le maitre d'arme avec qui elle s'entraine l'a aperçu pendant une patrouille au village. Elle a essayé de lui échapper mais il l'a attrapée et ramenée de force au château. Elle avait sept ans et elle échappait déjà à la surveillance de tout le monde.

Il prend une pause, nostalgique.

- La deuxième fois elle a été plus prudente, on ne l'a jamais trouvée, même en fouillant la forêt. Elle est revenue d'elle-même au bout de deux semaines. Ce jour-là, elle m'a fait promettre de ne plus l'envoyer dans un couvent. Alors je lui ai appris ce qu'elle devait savoir avec mon conseillé et le maitre d'arme. Il me regarde dans les yeux avant de reprendre. Rose est une gamine intelligente, elle sait ce qu'elle veut. Elle est peut-être indépendante mais c'est une fille honnête et attentive. Contrairement aux apparences, elle est obéissante et si vous lui faites confiance, Rose ne vous trahira jamais.

Bien, je n'ai pas d'autre choix que d'écouter son père... Il reprend ce qu'il était en train de faire avant que je n'arrive, signe qu'il faut que je m'en aille.

Dans les couloirs, je croise Hugo et lui fait part de la demande de Rose dans sa lettre.

- J'irais.

Quoi ? Mais non, c'est à moi d'y aller.

- Non, je vais y aller demain après-midi Hugo.

- Mais ! Tu ne vas pas y aller seul ! J'irais en reconnaissance demain matin !

- Fais ce que tu veux. Bonne nuit Hugo.

Je le laisse planté seul dans le couloir et je remonte dans ma chambre.

***

La matinée est déjà bien avancée quand Hugo rentre au château. Je vais à sa rencontre, il a l'air déprimé.

- Un problème Hugo ?

- Non ! Il grogne.

Il a l'air vraiment remonté contre quelqu'un, alors je continue de l'interroger.

- Que s'est-il passé ?

- Rien de spécial, la gamine est un dieu vivant pour tous ces pauvres.

Si ce n'est que ça ! Ce n'est pas vraiment étonnant. Hugo s'enfuit avant que je lui pose une autre question.

En milieu d'après-midi, je décide donc de me rendre au village. Je prends le cheval de Rose, bien que ses soldats aient essayé de m'en dissuader.

Je me demande comment aborder ces personnes quand un petit garçon vient vers moi.

- Pourquoi vous montez le cheval de mademoiselle Rose ?

Je le regarde stupéfait, il reconnait son cheval ?

- Pourquoi cette question, tu la connais bien ?

- Oui, elle me donne souvent une pièce pour que je m'achète des bonbons.

Il me fait un grand sourire et je ne peux résister à l'envie de lui donner une petite pièce. Il s'en va en courant, l'air ravi.

Je continue ma route quand une femme attire mon attention. Je m'approche d'elle en souriant. Elle m'observe un instant avant de prendre la parole.

- Vous vous promenez avec les affaires d'une autre mon brave.

Mon brave ? Elle me toise du regard, attendant ma réponse.

- Qui vous dit que je n'ai pas l'autorisation de prendre ces affaires ?

- Mon petit doigt.

Elle me regarde sérieusement, j'en reste sans voix.

- Mademoiselle n'est pas au château, elle n'a pas pu vous donner cette permission.

- Qu'en savez-vous ?

- Elle est passée ce matin, remettre un homme à sa place.

- Remettre un homme à sa place ?

- Demandez aux hommes là-bas, ils vous en diront plus.

Le temps de tourner la tête vers eux, la femme a disparu. Je n'ai plus qu'à rejoindre un groupe d'homme de forte carrure qui discute entre eux. Ils m'interpellent.

- Un problème étranger ? Si vous venez dire du mal de miss Rose vous allez tâter de nos poings.

Quel charmant accueil !

- Pourquoi lui manquerai-je de respect ?

- Parce que l'homme qui est avec vous l'a fait ce matin, et qu'elle nous a empêchés de lui régler son compte.

- C'est pas un homme, il s'est fait battre par notre mademoiselle Rose. Ricane un autre.

- Ouais, elle a battu un homme du roi ! S'exclame un petit chauve.

- Faut croire qu'ils sont pas si bien entrainés les petits soldats du roi.

Attendez, Hugo a été battu par Rose ? C'est une blague ? Enfin, ceci explique cela. Je ne reste pas plus longtemps avec eux, s'ils apprennent que je suis le prince ça peut mal finir. Je repère une jeune femme seule avec une petite fille et je m'approche d'elles.

- Excusez-moi, il semble que tout le monde apprécie Rose ici. Qu'a-t-elle fait pour vous ?

Elle me regarde un moment avant de répondre.

- Elle m'a trouvé un travail après le décès de mon mari. Elle fait ce qu'elle peut pour nous aider et nous la remercions comme nous pouvons.

- Merci.

- De rien, prince.

C'est à mon tour de la regarder. Comment sait-elle ? Elle retourne s'occuper de sa fille avant que j'ai pu lui poser la question.

Je reste encore un moment dans le village avant de rentrer à la tombée de la nuit.