Chapitre 4

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(Passage triste)

Au bout d'un moment elle a murmuré un mot, un petit mot qui m'a fait tout comprendre.

- Ils...

Je savais ce qu'elle s'apprêtait à dire et je priais pour qu'il ne s'agisse pas de ça, je priais pour qu'elle m'annonce que ce n'était qu'une comédie pour me faire chier qu'elle voulait juste me faire peur...

Elle n'arrivait pas à dire la suite des mots restant coincés dans sa gorge, la souffrance se lisait sur son visage quand elle a continué sa phrase les lèvres tremblantes :

- Ils... ils... ont eu un... accident... et... (elle s'étrangla avec ses pleurs avant de reprendre les mains tremblantes) ils sont... morts..

Choque.
Mon souffle s'était coupé net, mes poumons se bloquèrent m'arrachant un cri, j'étais tellement sous le choc, c'était tellement brutal.

Je sentais mon coeur éclater en mille morceaux, ma gorge étranglée avec cette boule qui m'étouffait, mes poumons qui ne voulaient plus respirer, mon ventre encerclé par un étau qui se resserrait, mes lèvres qui tremblaient, mon cerveau qui ne pouvait pas analyser la situation, et puis j'ai ressenti ce craquement, ce bruit qui m'avait confirmé que je ne serai plus jamais la même.

Mes larmes ne cessaient de couler mais je n'étais plus là. J'étais partie très loin, pour me protéger. Je ne voulais pas y croire, je ne pouvais pas, je savais que c'était trop dur que ça allait être trop dur et je n'avais que quinze ans, une fille de quinze ans ne peut pas perdre ses parents, non ?

Les parents sont immortels, j'en avais toujours été sûre.

Mais je venais de perdre mes parents, ceux que j'aimais plus que tout, ceux qui m'avaient tout donné, tout apprit, ma famille. J'avais presque envie de rire de la situation tellement je ne pouvais pas y croire.

Mes deux piliers venaient de se détruire, ceux qui devaient me conseiller toute ma vie, mais comment je ferai le jour de mon mariage ? Le jour où papa devait m'emmener à l'hôtel en me disant qu'il était fier de moi ? Comment ferai-je pour choisir ma robe de mariée sans maman à mes côtés ? Et le jour de mon diplôme ? Le jour où je recevrai mon bac, qui sera là pour me féliciter ? Qui sera là pour m'aider tout au long de ma vie ? Qui sera la pour me conseiller ?

Il n'y aura personne.

Papa et maman devaient m'aider à faire tout ça jusqu'à ce que je soi prête, jusqu'à ce que je me débrouille seule dans la vie.
Mais je n'étais pas prête.
Pas maintenant.

Je répétais les mêmes mots dans ma tête sans jamais m'arrêter "ce n'est pas possible" et bientôt j'entendais Victoria les répéter elle aussi, dévastée.

Nous étions dévastées, dévastées de nous dire que nos parent ne seraient plus jamais là et que rien ne pourrait jamais les ramener.

En repensant à cette nuit, à chaque détail, une boule se forme dans ma gorge, me coupant ma respiration, mes mains deviennent moites et une envie de vomir me submerge. Non, je ne peux pas faire ça maintenant.

J'ouvre la vitre rapidement et passe la tête par la vitre, j'essaye de reprendre mon souffle calmement en me répétant les seuls mots qui peuvent m'apaiser « tout va bien se passer » même si tout va mal il faut penser que tant qu'on est en vie rien ne peut être pire.

Mes deux amies qui ont remarqué mon changement brutal arrêtent leur conversation et se tourne vers moi.

- Ça va Meg ?

Ally me pose cette question sachant pertinemment que depuis deux ans rien ne peut bien aller, des larmes se forment sur le coin de mes yeux comme à chaque fois que je fais une crise d'angoisse.

- Pourquoi il a fallu que ce soit moi ?

C'est la question que je me pose depuis deux ans, je n'ai jamais mérité ça.

- Ça s'est passé comme ça, me dit Ally, c'est du passé tu ne peux rien y faire.

Je vois ses mains trembler sur le volant, elle était proche de mes parents, avant elle passait beaucoup de temps avec Victoria à la maison mais nous n'étions pas encore amies. Je me souviens de sa réaction quand Victoria lui a annoncé par téléphone ce soir là, la voix étranglé alors que nous étions assise par terre en pleurs , (je ne sais pas combien de temps nous sommes restées dans cette position) elle n'a pas prononcé un mot pendant plusieurs minutes puis elle nous a annoncé d'une voix blanche qu'elle venait nous chercher pour aller à l'hôpital. Quand elle est venue nous chercher j'étais toujours sous le choc. Elle attrapait mon bras et elle m'avait fait me lever, j'étais restée debout les jambes tremblantes.

J'ai marché jusqu'à la voiture, Victoria aussi, nous n'étions que des zombies sans vie et Ally en devenait malade de nous voir comme ça. Ally nous avait dit qu'elle avait appelé Kerya pour la prévenir et qu'elle nous rejoindrait à l'hôpital.

Lorsque je suis sortie de la voiture je n'ai prononcé aucun mot, en réalité j'en étais incapable, j'ai juste avancé un pas devant l'autre en me le répétant pour ne pas tomber. On s'est assises sur une chaise chacune, Ally au milieu, elle nous serrait la main tellement fort qu'elle aurait pu nous la briser, mais honnêtement je n'aurai rien senti. Kerya a alors débarqué essoufflée avec des yeux bouffis.

Quand elle nous a vu elle a couru vers nous et elle m'a prise dans ses bras, elle m'a serré très fort parce qu'elle savait que ça n'allait vraiment pas. Elle a prit mon visage entre ses mains et elle m'a dit un sourire triste aux lèvres :

- Tu vas y arriver, d'accord ? On va y arriver parce que je serai là pour toi, Ally sera là pour toi, Victoria aussi, tu ne seras jamais seule OK ?

Mais j'avais déjà la sensation d'être complètement seule, perdue au fond d'un trou, je voulais mourir.

C'est alors que le médecin s'est avancé un visage grave, il s'est arrêté devant nous et il nous a annoncé un sourire compatissant tandis que je me dérobais :

- On a fait tout ce qu'on pouvait, dit-il et l'étau se resserrait encore prêt à exploser tous mes organes, mais vos parents sont décédés sous le choc nous ne pouvons rien y faire...

À partir de cette phrase, celle qui concrétisait tout, je n'ai plus écouté, je suis restée le visage baissé pendant que mes larmes inondaient le sol.
Je sentais la main de Kerya me frotter le dos alors qu'elle pleurait elle aussi.

Après ce moment, tout a été pire, j'ai ressenti des tas d'émotions : le choc, le déni, la souffrance, la peur, la culpabilité, la colère pour finir par le manque.
Mais par-dessus tout j'étais vidée.

Et c'est exactement ce que je ressens maintenant, j'en ai marre de souffrir. Je suis fatiguée de tout ça.

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Avis honnête ?
Gros bisouuu💓

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