Ce que la Vie m'a pris

Prologue: Ce jour-là

Les cours interminables du collège sont mis en pause avec l'arrivée des vacances d'hiver. L'école n'a jamais été vraiment mon passe-temps favori, c'est pourquoi je suis ravie d'avoir deux semaines devant moi. Mais les vacances ne commencent pas vraiment sur un bon point. Lisa, ma meilleure amie, organise une fête chez elle ce samedi. Or, je suis occupée ce jour-là donc je ne pourrais pas y aller. Qu'importe, j'irais une autre fois.

Le lundi suivant le début des vacances, je me réveille de bonne humeur. Il a continué de neiger tout le week-end, ainsi,  un fin manteau blanc recouvre la cour. Je sors de mon lit et ouvre précipitamment mes volets pour admirer le paysage hivernal. Une légère brise en profite pour faire virevolter mes longs cheveux blonds. Après un petit bol d'air frais, je descends dans le salon prendre le petit-déjeuner en compagnie de mes parents. Je trouve mon père attablé avec son journal et ma mère devant le plan de travail.

- Bonjour Papa, bonjour Maman, dis-je avec la voix encore un peu pâteuse.

- Bonjour Eeva, me réponds mon père, prête pour un tour sur les pistes? 

- Et comment! J'ai tellement hâte! 

- Mais avant ça jeune fille, tu dois prendre ton petit déjeuner, me coupe ma mère en déposant un bol devant moi.

Je ne peux m'empêcher d'avaler mon petit déjeuner à la vitesse de l'éclair. C'est tellement excitant de savoir que je vais bientôt pouvoir descendre les pistes à toute allure! Je remonte dans ma chambre et occupe le reste de ma matinée à réviser mes cours. Même si je n'ai que peu d'attirances pour l'école, je ne dois tout de même pas négliger mes études.

Midi sonne et j'entends toquer à ma porte. Mon père entre dans ma chambre.

- Eeva, le repas est prêt et nous t'attendons dans le salon pour prendre le déjeuner, m'annonce mon père.

- Oui, merci, j'arrive dans quelques minutes.

Je range rapidement mes affaires et descends prendre le repas avec mes parents. Nous en sommes à la moitié lorsque j'aperçois une tête familière dans la cour.

- Papa, Maman, il y a Clarisse en bas, je reviens dans un petit instant.

- Très bien, me dit mon père, mais ne traînes pas.

Je quitte donc le salon pour rejoindre la jeune fille. Clarisse est ma meilleure amie et également mon amie d'enfance. Nous avons grandi ensemble et nous nous entendons toujours bien malgré nos comportements opposés. Mon amie est d'un calme extraordinaire et toujours à la mode alors que je suis plutôt agressive et garçon manqué.

- Salut Clarisse, m'exclamais-je tout sourire, qu'est-ce qui t'amène ici?

- Eeva, je dois te parler de quelque chose... commence la jeune fille.

Je la regarde, quelque peu étonnée. Elle qui semble d'habitude de marbre face à n'importe quel évènement, me paraît aujourd'hui mal en point.

- Il y a eu un incendie chez Lisa cette nuit. Les pompiers sont intervenus mais.... C'était trop tard, finit Clarisse.

Un grand vide se forme dans ma poitrine. J'ai l'impression de me sentir seule, abandonnée. Très vite, les larmes me montent aux yeux et la boule qui s'était formée dans ma gorge explose. Je n'en crois pas un mot, je refuse d'admettre la perte de ma deuxième meilleure amie. Je tourne les talons et retourne dans la maison. Je passe devant mes parents sans dire un mot et me rue sur l'ordinateur principal de la maison. Mais je suis trop perturbée pour arriver à quoi que ce soit.

- Eeva, cela suffit, prononce ma mère d'une voix douce après avoir été avertie de la situation, je vais utiliser mon ordinateur.

C'est ce qu'elle fait. Mais les journaux ne font qu'empirer mon sentiment de mal-être. Il n'y a pas besoin d'ouvrir l'article pour que j'en ai la confirmation.

"Une fillette de 13 ans et son père sont décédés cette nuit dans un incendie"

Le choc est encore est encore plus grand. Il est accompagné du désespoir et tout les deux viennent remplir le vide dans ma poitrine. Je ne voulais pas y croire. Depuis le début je voulais penser que c'était un mensonge. Mais j'ai désormais la confirmation que ce n'en est pas un. Lisa, une jeune fille pleine de vie, à qui on reprochait tant de chose derrière son caractère explosif, est aujourd'hui partie de ce monde.

Désorientée par cette nouvelle subite, je m'échappe de la maison, de cet endroit qui m'étouffe pour me retrouver dans la rue. J'ai besoin d'un grand, voire énorme, bol d'air. Cependant, à l'autre bout du trottoir, un passant tient un journal dans ses mains. Et un seul titre me saute au visage comme une bête affamée.

"Une fillette de 13 ans et son père sont décédés cette nuit dans un incendie"

C'est le coup de trop pour moi et en ce lundi 13 février, j'entamais une longue chute vers les enfers.