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Magnus

Cela doit bien faire dix ans maintenant que je le connais. Sûrement dix ans que j'en suis tombé amoureux. Ce garçon dénommé Alexander, aux cheveux noirs parfaitement coiffés, dressés sur sa tête et qui possède de magnifiques yeux d'un vert profond. Je crois ne jamais avoir vu de garçon aussi beau de toute ma vie.

À chaque fois qu'il en a l'occasion, il s'amuse à m'anéantir. Au début ça marchait plutôt bien, et puis je me suis habitué à son petit jeu. Il m'arrive parfois de regretter le jour où je lui ai avoué ce que je ressentais à son égard et que je voulais plus. Il m'arrive même de regretter de l'avoir connue. Il m'arrive également de me dire que j'aurai dû suivre mes parents en Europe. J'aurai peut-être eu une meilleure vie qui sait? Je serai tombé amoureux d'un autre, beaucoup plus respectable, dont l'amour que je porterai pour lui serait réciproque. Un garçon qui m'aimerait pour la personne que je suis et non pour ce qu'il voudrait que je sois. J'ai envie de dire, un garçon bien, qui rendrai mes jours plus beaux.

- Magnus, qu'est-ce que tu branles à le regarder comme t'es en train de le faire?
- La ferme Morgane, je ne regardai personne.
- Tu regardais droit devant toi et il est passé sous tes yeux pour s'y arrêter.
- C'est ça.
- Arrête de me prendre pour une imbécile Bane, dit-elle en s'énervant si bien qu'elle me prend par le col de mon sweat pour me coller contre les casiers, il va falloir que tu l'oublie!
- La ferme je t'ai dis putain!

Je la repousse gentiment et elle recule de trois pas. Voilà à quoi se résume ma vie aujourd'hui: lui. À un certain moment de ma vie, j'ai cru qu'il était sincère. J'y ai cru, surtout lorsqu'il est venu me voir pour m'avouer ses sentiments. Il m'avait fait tout un baratin là dessus, et quelques jours après j'ai retrouvé mot pour mot le texte qu'il m'avait récité sur internet. C'est à ce moment que j'ai compris que ce n'était qu'une nouvelle fois un de ces coups pour me faire du mal. Je n'ai jamais eu l'occasion à partir de ce jour pour lui demander entre quatre yeux qu'elle était la raison de tout ça, la raison de pourquoi me faisait-il autant de mal? Je voudrai pouvoir y voir plus clair, j'aimerai tant. Mais tant qu'il est avec ses amis, enfin si je puis dire, je ne peux pas vraiment savoir toute la vérité.

- Tu devrai te vider la tête, et puis tes couilles aussi, ça ne te fera pas de mal. Je te jure, t'es trop à fleur de peau en ce moment, et c'est grave saoulant.
- Si je suis tant saoulant comme tu dis, pourquoi tu t'obstine sur mon cas?
- Ta gueule Bane. Y'a une soirée chez les Cheerleaders ce soir, je vais te traîner par la peau du cul s'il faut, mais tu ira.
- Tu me fais chier sérieux, j'ai plus le temps de faire ce genre de bail.
Il y sera, donc saoule pas.

Merci Morgane, merci. Ça change la donne. Encore une fois, il va être trop ivre ou trop défoncé, voir peut-être les deux. J'en profiterai pour l'approcher sans qu'il ne me reconnaisse, comme je le fais à chaque soirée où nous participons tous les deux. Sur la piste, il me saute littéralement dessus, et je ne le repousse jamais, j'ai besoin de satisfaire les attentes de mon cœur même si le lendemain en me réveillant, je suis au plus mal. Parmi tous les gens qui y participent, je dois être le seul mec sobre et qui n'absorbe aucune substance illicite. Heureusement pour lui, tout le monde ne se rappelle de rien le lendemain, tout le monde excepté moi, et heureusement pour lui.

- Ok, je viens.
- C'est dingue ce qu'il faut pour que tu te bouges le cul dans ta vie Bane.
- La ferme.

Je lui donne un léger coup d'épaule pour qu'elle s'arrête là, et elle se met à rire, quelle idiote.

Morgane, c'est ma meilleure pote depuis le secondaire. Elle est mon contraire. Elle a fait toutes les pires conneries qu'un adolescent dont les hormones travaillent sans arrêt peut faire. J'ai toujours essayer de la raisonner, mais elle fonce tête baissée droit dans le mur. C'est dommage pour elle, c'est quelqu'un d'intelligent, elle aurait pu faire de grandes choses. C'est pas sa faute à lui si elle est devenue comme ça, elle n'a pas vécu des choses faciles elle aussi.

- Dis, t'aurai pas un truc assez fort pour ce soir, genre de l'extasy ou une connerie comme ça?
- Pour toi? me demande-t-elle surprise.
- Ouais pour une fois, j'ai envie de me lâcher un peu.
- Je peux te trouver un peu d'exta pour ce soir.

Quel beau menteur suis-je. J'ai une petite idée derrière la tête, mais je ne sais pas si je vais réunir tout le courage nécessaire pour arriver jusqu'au bout. Je suis un mec sans histoires, plutôt discret et réservé, qui cherche juste à réussir ses études. Même si Morgane n'est pas tellement fréquentable par rapport à ses actions, je suis comme ça. Et puis, c'est elle qui m'a trouvé.

- Tu gères Mo.
- Comme toujours.
- On y va?
- Où ça?
- On a court d'arts appliqués.
- Je n'y vais pas Magnus, je vais trouver ton exta pour ce soir.
- Oh très bien, à plus alors.

Je récupère mon sac de cours qui était étalé par terre et je m'en vais direction la salle de classe. En chemin, je pense à la soirée qui s'annonce. Je réfléchis a toute la mise en place de ma connerie car c'est complètement flou dans ma tête.

Soudainement, les couloirs me paraissent interminables, ma tête me tourne sérieusement et les couloirs rétrécissent. Je flanche et je me rattrape difficilement au mur. Derrière moi, j'entends qu'on rit ouvertement. Je me retourne et je croise le regard d'Alexander et sa bande de pétasses.

- Alors Bane, on ne tient plus debout? dit-il sarcastiquement.
- On verra bien qui va rire en dernier, Alec.

À ces mots, je décide de me relever malgré mon mal de tête, afin de m'enfuir. Je veux juste l'éviter. Il faut à tout prix que j'aille à l'infirmerie, je ne me sens pas assez bien pour assister à mon cours. Je fais un grand détour pour y arriver sans pouvoir le croiser une nouvelle fois.

- Vous savez pourquoi je viens, dis-je lorsqu'elle me reçoit.
- Oui Magnus, mais ça devient de plus en plus fréquent, ce n'est plus de mon ressort. Néanmoins, tu peux rester t'allonger si tu veux ou alors tu retourne à ta chambre.
- Non ça va aller merci.

Je claque la porte en sortant et je me hâte vers l'extérieur du bâtiment. L'air frais vient me fouetter le visage lorsque je franchis le seuil du bâtiment et cela me fait légèrement du bien. Je traverse à grande vitesse le campus les écouteurs dans les oreilles afin de regagner ma chambre pour me reposer et réfléchir encore à mon plan d'attaque de ce soir.

Ce n'est que le début d'une terrible vengeance.

Lies (malec)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant