Chapitre 2

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De nos jours:

Je suis dans le noir, enfermée dans mon placard. Il est là je le sais, je l'entend dans le salon. Il est plus ivre qu'à son habitude. J'ai peur. Il m'a dit des choses que je n'ai pas comprises. Du moins, je ne veux pas les comprendre.

-Charlie! Viens ici! me crie-t-il. Et dépêche toi j'aime pas attendre!

Je reste immobile dans ma cachette en espérant qu'il s'endorme vite et qu'il m'oublie. Je respire à peine, je ne bouge pas. Je veux faire le moins de bruit possible. Je compte pour oublier où je suis. Je compte pour m'évader.
1+1=2
2+2=4
4+4=8
8+8=16
16+16=... Je ne sais plus.
On change de programme. Je chante maintenant. Une chanson drôle.
" Je l'ai vu hier à Chatlet.
Il était beau dernière sa vitrine.
On aurait dit qu'il me regardait,
J'espère qu'il plaira à ma cousine."
Il monte. Il est en colère. J'ai peur.
" Avec lui je serai plus fort.
Il m'aidera dans les moments durs.
Avec lui je frimerai à mort!
Il m'aidera et guérira mes blessures ! "
Il est là. Je tremble.

-Charlie comment ose tu me désobéir sale petite pute! Où es tu?! Montre toi!

Je ne bouge pas. Il va bien finir par s'en aller, ou mes parents par rentrer.

-Je perds patience. Tu veux jouer à cache-cache c'est ça ? Comme avant hein ? Très bien. Mais tu oublie que je suis le roi pour trouver les gens et que je connais le genre d'endroits où tu te cache. Tu n'a jamais été futée pour te cacher.

Il ouvre la porte du placard comme si il voulait l'arraché. Je hurle.

-Tu es là salope. Tu va être puni pour m'avoir désobéi. Je suis ton oncle tout de même. VIENS LÀ !

Il me prend par les cheveux et me tire à l'extérieur de ma cachette. Je tombe et me cogne la tête contre le pied de mon lit. Je sanglote. Je ne sais pas de quoi il est capable dans ses moments là.
Il me fait lever et me regarde dans les yeux. C'est la douche froide pour moi. J'y vois que de la colère, de la haine, de la violence et une nuance de... Excitation ? Non. Ça ne doit pas être ça. Je dois me tromper. Je tremble de tous mon corps. Que va-t-il se passer?
Il relâche la pression sur mes cheveux tout en continuant de me regarder.

-J'ai trouvé la punition parfaite pour toi.

Il se penche vers moi et m'embrasse à pleine bouche avec une violence inouïe. J'essaie de le pousser mais je n'y arrive pas. Il est trop fort pour moi. Il quitte pas bouche pour descendre à mon cou. Il me touche. Touche mes seins, mes fesses. Caresse mes hanches. Je pleure. Je le pousse, le griffe, mais rien n'y fait. Il me pousse soudain sur le lit et commence a se déshabiller.

-Depuis le temps que je veux te faire. T'es qu'une petite pute. T'arrête pas de m'allumer avec des petites robes, tes petites jupes et tes petits t-shirt. Ça allait bien finir par arriver.

Il jette ses vêtements par terre et se jette sur moi. Il arrache ma chemise d'un coup violent, m'enlève mon pantalon. Je suis en sous-vêtements devant lui. Je ne le reconnais pas. Qui est cet homme devant moi ?

-Tonton Nat, dis-je timidement. S'il te plaît... Ne fait pas ça... Tu es ivre.. Tu ne sais pas..
-TA GUEULE! hurle-t-il . JE SAIS TRÈS BIEN CE QUE JE FAIS!..Tu es si belle Charlie... C'est de ta faute si je fais ça. Tu n'aurait pas dû me désobéir. Tu n'aurait pas dû mettre ta mini jupe ce matin pour aller au lycée. Je ne fais que te punir.

Il enlève ma culotte et s'approche de moi.

-NON!

-NON!

J'ouvre les yeux. Je suis collante de sueur. Il me faut un moment pour savoir où je suis.
Dans ma chambre.
Dans mon lit.
Sous la couette.
En sécurité.
Je respire à nouveau. Il est pas là. Je suis seule. Tous va bien.

Je regarde l'heure. On est vendredi, 06h24. Il est temps de se lever. Sortir du lit est une torture. Cette nuit a été horrible. Ce cauchemar... Il me hante. Depuis près de 5ans il revient en boucle dans ma tête, m'empêchant d'avancer. Ma vie n'est plus la même depuis ce fameux jour.
Je soupire en repensant à ma vie d'avant.

Je me lève et marche d'un pas lent jusqu'à mon armoire. Je l'ouvre et regarde ce que je peux bien me mettre. Mes habits sont tous pareils: trop grand pour mon corps, sombre, triste. Je prend un pull noir avec une tête de mort dessus, un Jean troué et des chaussettes noires. Je me dirige ensuite vers ma salle de bain privée, ferme la porte et me colle à celle-ci. Je suis fatiguée. Le chemin de mon armoire jusqu'à ici m'a épuisé. Étrange. Je reprends mon souffle et me déshabille. Je prends le temps de me regarder dans le miroir de la salle de bain. Mon corps est tellement maigre... Je n'ai plus que la peau sur les os. On peut voir à quelques endroits des bleus que se salaud me laisse. Je détourne le regard et me met sous la douche. L'eau froide me brûle la peau. Je profite de se moment pour laisser libre cours à ma tristesse. Qu'est ce que  j'ai fait pour mériter ça putain ?! Je suis horrible, je suis sale...
Après 15min sous la douche, je décide de sortir. Je me sèche, m'habille, sors et la salle de bain et me dirige vers ma coiffeuse.
Je déteste cette coiffeuse. Pourquoi ? Car le miroir qui trône dessus et SON miroir. Et que ma mère ne veut pas le jeter .

-Il est magnifique. dit- elle. Tous le monde n'a pas la chance d'avoir un aussi beau miroir ma chérie.

Je soupire et m'assois sur la chaise. Je me regarde dans ce maudit miroir. J'ai l'air d'être morte. Ma peau est pâle, mes yeux bleus sont énormes, mes joues sont creuses et  sans couleurs, ma bouche est fine et sèche, mes cheveux blond sont mal coupés et gras... Pas étonnant que je n'attire aucuns gars de mon bahut.
Je prends le fond de teint et m'en passe sur le visage et le cou. Il faut cacher le plus possible la vérité. À dieu bleus, peau pâle et tous le tralala! Je passe une couche de mascara et voilà. C'est déjà mieux. Je ressemble plus à une fille vive... Non?
Je me lève, prends mon sac et descends les escaliers. Manque de chance, ma mère est déjà réveillée.

-Bonjour ma chérie. Bien dormi ? me demande-t-elle
-Magnifiquement bien. répondis-je. À ce soir m'man.
-Hop Hop Hop! Où pense tu aller comme ça ? Vient prendre ton petit-déjeuner jeune fille.
-J'ai vraiment pas faim maman et je vais arrivé en retard et..
- Pas d'histoires! Mange au moins cette pomme.

Elle me tend une pomme rouge. Rien qu'à l'idée de manger je veux vomir.

-Mange ma chérie. Tu mange trop peu... Tu a des problèmes ?

Je la regarde. Je peux lire de l'inquiétude sur son visage. Je n'avais pas fais attention, mais elle a vieilli. Ses beaux yeux bleus sont entourés de cernes et rides. Des rides d'expression ornent son  front, les coins de sa bouche et ses joues. Des cheveux blancs viennent prendre place entre ses cheveux blonds. Le temps est cruel. Mais elle reste belle. Je ne comprend pas comment mon père a pu tromper une femme comme elle.

-Non maman ne t'inquiète pas. dis-je en lui embrassant le haut du crâne. C'est que j'ai beaucoup de boulot, et puis je n'ai pas faim.
-Mange tout de même cette pomme d'accord ? Ça peut que te faire du bien.
-D'accord. répondis-je en prenant la pomme. J'y vais. À ce soir, je t'aime.
-Je t'aime aussi chérie, quoi qu'il arrive.

Je la regarde encore un peu. "Quoi qu'il arrive." Si tu savais maman...

Je met mes vieilles converses et sors de la maison. Sur le chemin qui mène au lycée je regarde la pomme? Je la mange ou pas? Le dilemme de toujours...

Animal nocturneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant