Mèche au vent

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La porte s'ouvrit donc, dévoilant tout d'abord le JRi, qui portait à la main une mallette et au dos, un sac à dos imposant, contenant surement la caméra. Il tint la porte, qui se rabattait rapidement, au jeune journaliste qui se dévoila souriant , une mèche au vent. Il la chercha un instant du regard, puis ils l'aperçurent, et se rapprochèrent d'elle.

- Bonjour, les salua t'elle.

- Bonjour, lui répondit le caméraman, d'un air enjoué. Il portait une légère chemise brune, et son visage était ornée d'une barbe en collier. Ses dents étaient nettes et blanches, et mettaient en valeur sa mâchoire carrée. Elle le trouva physiquement agréable, et le ton de sa voix laissait présager un homme posée et intéressant.

- Enchanté, rajouta le journaliste. Je suis Martin, et voici mon collègue à Quotidien, Clément. Ravie de vous rencontrer, enchaina t'il avec un sourire charmeur et des yeux brillants. Il était vraiment splendide. Sa basse stature était éclipsée par des yeux brillants et une chevelure qui accentuait son charme naturel. Son sourire était impeccable, et déstabilisa Lou.

- Moi de même, répondit du tac au tac la jeune femme. Excusez mon stress, mais c'est la première fois que je me prête à l'exercice.

- Rassurez vous, continua le journaliste, je suis sûr que vous maitrisez très bien votre dossier, et mon but n'est pas de vous mettre en difficulté, mais de faire entendre, pour une fois, le point de vue de la défense, souvent négligée. De plus, je suis sûr que vous ressortirez parfaitement à la caméra, vous êtes très jolie.

Lou rougit, puis se baissa afin d'attraper son cartable, qu'elle avait laissé trainer négligemment sous la table. Mais Martin la devança, et empoigna la bride du cartable. Leurs mains se croisèrent tandis qu'il lui transmettait le cartable, ce qui enchaina un frisson de plaisir qui parcourut le dos de la jeune femme. Elle tenta de masquer le rouge qui lui montait au joue et de contrôler le tremblement de ses mains. Carolina, la jeune serveuse se présenta devant eux.

- Que désirez vous ? leur demanda t'elle, peu rassurée par la présence des journalistes.

Elle les devança et commanda un punch. Elle  regretta instantanément son choix, quelle image allait-elle donner à boire de l'alcool à cette heure ? Elle regarda les deux journalistes assis en face d'elle. Clément commanda un perrier menthe tandis que Martin qui soutenait son regard, demanda un Américano, une boisson à base de Martini.

- C'est une boisson qui vous va bien, renchérit Lou, faisant référence à son expérience lors de la campagne électorale chez les Yankees.

Clément commença à réaliser des réglages sur sa caméra et à la disposer minutieusement sur son pied tandis que Carolina leur servait les boissons. Elle tripota nerveusement son touilleur, tandis que le journaliste payait. Elle n'avait pas véritablement cherchée à le convaincre de la laisser leur offrir leurs verres. Son esprit féministe s'en voudrait surement, mais au diable les idéaux, pensa t'elle, quant on a un tel homme assis en face de soi.

- C'est ok de mon côté !, lança le caméraman, en chaussant des lunettes de soleil.

Martin se leva et s'assit à côté d'elle, car il avait prévu, pour le reportage, d'être également dans le champ. Elle étala les documents sur la table tandis que le journaliste commençait à la questionner.

L'exercice ne fut pas désagréable, elle s'en sortit plutôt bien, réussit à défendre les raisons qui l'avaient poussée à accepter l'affaire, puis accentuant les zones d'ombres qui ne permettaient pas assurément de désigner Lafarge comme coupable assuré. Elle mit également en avant son point de vue, en avançant qu'en cas de réelles transactions visant à favoriser les entreprises terroristes régnant dans la région, Lafarge méritait évidemment de lourdes sanctions. La dernière question de Martin lui permit de mettre en avant son parcours, son année d'échange scolaire en Chine et les quelques mois en stage en Nouvelle-Zélande. Clément coupa la caméra et Lou respira. Clément s'excusa et partit filmer les pérégrinations du jeune prodige de la bande, Panayotis. Elle se retrouva seule avec Martin, assis tous deux sur un banc sur une petite terrasse offrant une vue panoramique splendide. C'aurait pu être vraiment très romantique, pensa t'elle, rieuse, tandis qu'elle finissait de siroter son cocktail.

Le silence commençait à devenir pesant, quand Martin soutient son regard, puis la félicita pour sa prestation. 

- Merci beaucoup, balbutia Lou, dont les joues s'empourprèrent, j'étais assez anxieuse, car même si je suis plutôt à l'aise à l'oral, je ne m'étais jamais prêtée au jeu de l'interview. Et au vu du sujet, j'avais peur de me discréditer auprès de la profession.

- Et pourquoi donc ? répondit-il avec un sourire enjôleur.  Avec ton charme, ton aisance, et tes connaissances juridiques, tu crouleras sous les propositions après la diffusion.

- Ça ne serait pas une mauvaise chose, ajoute t'elle, espérant piquer sa curiosité.

- Tu ne t'épanouis pas dans ton travail, s'enquiert Martin, tandis que Lou réprime un sourire, enchantée de voir son stratagème aboutir.

- Étant donné que je ne suis diplômée que depuis 1 an, j'ai accepté la première place dans un cabinet qu'on m'a proposée. Je le regrette malheureusement un peu plus chaque jour. Même si la défense de mecs comme Lafarge, de violeurs ou d'un tueur en série son très intéressantes, elles ne correspondent guère à ma vision de la profession d'avocat. C'était surement bien trop utopiste de ma part, mais je me voyais plutôt défendre la veuve et l'orphelin, rajoute elle, souriante.

Le journaliste acquiesce, interdit, puis tente de jeter discrètement un coup d'œil à sa montre. Lou le surprend, et un sourire attendri se forme sur son visage.

- On va y aller, si tu veux, je suppose que tu as encore du travail ?

- Pas vraiment du travail en soi, mais il y a une soirée chez un journaliste assez haut placé, le rédacteur en chef de Libé. Je me dois d'y être, soupire t-il.

- Quelle plaie, lâche Lou, ironique, tandis qu'elle commence à rassembler ses affaires.

- La soirée promet d'être agréable, mais ... Sa voix se casse. Non, rien d'intéressant ajoute t-il.

Lou, pourtant piquée au vif, n'insiste pas. Elle se lève brusquement du banc, et malgré son regard vers le ciel parisien, elle perçoit le regard du journaliste sur elle. Sensation agréable. Satisfaction.









J'avouerais toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant