Café Léon

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Lou s'arrangea pour déplacer les rendez-vous prévus à la fin de semaine et emporta le travail urgent à l'appartement. Elle s'installèrent sur son canapé, une bière à la main pour Louise, une limonade pour Lou.

- T'es enceinte ou quoi ? ironisa Louise tandis que Lou soupirait

- Mais pas du tout, et puis vu l'actualité du moment, ça ne risque pas d'arriver. Elle regretta aussitôt cette phrase, connaissant la manie de son amie concernant ses histoires d'amours, et son irrésistible manie de toujours vouloir la mettre en couple.

- Et bien ton rendez-vous de demain apparait comme une situation idéale, affirma Louise. Non seulement cela apparait comme l'occasion idéale de faire parler de ta réputation d'avocate irréprochable et d'affirmer ta capacité de défense. Et tu peux tout à fait faire d'une pierre deux coups, car en sus d'avoir défendu ta profession, tu peux mettre fin à ta sècheresse intime en séduisant le charmant journaliste Martin Weill.

- Ce n'est pas du tout ainsi que j'appréhende les choses, enchaina Lou, lasse d'entendre de tels propos. Mon but premier est de réussir à sauver ma carrière et à éviter de me mettre en porta-faux vis à vis de mes collègues au cabinet. Et bien sûr de ne pas dévoiler ni les éléments de la défense de l'entreprise, ni les éléments judiciaires confidentiels. Dans un second temps, je tacherais de ne pas paraitre ridicule face à la caméra. Et si tout se passe bien, peut-être cela pourrait-il attirer le regard d'autres avocats intéressés, ce qui me permettrait de m'extirper de ce cabinet qui m'exploite, dit-elle dans un long souffle.

Louise, se tut, face à l'air interdit de son ami.

- Très bien, murmura Louise, qui immédiatement repris un air enjoué, mais tu n'échapperas pas à une séance de shopping afin que tu resplendisses face à la caméra !

- Ok, enchaina Lou, ça me va parfaitement. On y va maintenant ?

Leurs chaussures enfilées, elles dévalèrent l'escalier en rigolant, et manquant de tomber successivement. Elles flânèrent dans les rues marchandes, et pénètrent dans un magasin dont la devanture faisait de l'œil à Lou. Les tarifs étaient assez élevées, mais elle décida de faire abstraction. Elle se faufila jusqu'à une cabine d'essayage, et faisant confiance à Louise, lui demanda de lui faire passer les pièces qui lui plaisaient. Les jeunes femmes avaient des gouts radicalement différents, mais aujourd'hui, elles s'accordèrent parfaitement. Elle opta pour une jupe assez longue, associée avec un t-shirt des plus simples, mais en lin ce qui le rendait très confortable et mettait en valeur la poitrine menue de la jeune avocate. Elle paya. L'argent disparaissait si vite, et dans la société actuelle, il était tellement important. Sans ce besoin primordial, elle aurait surement abandonnée son job, qu'elle avait tant souhaité lors de ses études, et qui l'avait tant déçue depuis qu'elle avait été recrutée par ce cabinet.

Elle traversèrent le jardin du Luxembourg pour se rendre dans un magasin de chaussures qu'on avait vivement recommandée à Lou. Elle se sentait au paradis. Lou, longtemps complexée, n'avait jamais été vraiment féminine et à l'aise avec son corps, mais elle avait toujours adorée les chaussures. Elle choisit des plateformes beiges, de hauteur moyenne, sept ou huit centimètres, qui permettrait de la hisser (presque) au mètre soixante-quinze. Elles passèrent une agréable soirée dans un restaurant libanais, l'une des cuisine favorites des deux jeunes femmes. Elles rentrèrent assez tôt, Lou voulait être en forme pour le lendemain. Elle regroupa les notes et les papiers nécessaires dans un cartable en cuir. Elle se démaquilla, disposa ses vêtements sur deux cintres qu'elle accrocha au rebord de sa fenêtre ouverte. La chaleur était étouffante. Lou s'assoupit sur la mezzanine, tandis que Louise s'affala sur le canapé.

Elles se levèrent tard, le lendemain et décidèrent de commander des sushis. C'était l'un des plats préférés de Max , et, ensemble ils en consommaient beaucoup. Après ce repas rapide, Lou prit une longue douche et se lava les cheveux. Elle appréhendait beaucoup le rendez-vous de l'après-midi, et sentit son estomac se contracter. Elle s'acharna à se lisser les cheveux qu'elle rassembla à une haute queue de cheval. Elle se maquilla légèrement, juste de quoi cacher les cernes, et de mettre en valeur ses beaux yeux. Elle enfila ses chaussures, et vérifia une dernière fois que son cartable était complet. Elle partit assez tôt, vers 15h30, mais elle souhaitait arriver un peu avant le journaliste, histoire de ne pas être prise au dépourvu.

Elle arriva au petit Café, dont l'enseigne en fer noire contrastait avec l'aspect festif de la terrasse. De lampions étaient disposées ça et là afin d'éclairer les nuits parisiennes rendues brulantes par le bitume. Elle s'engouffra dans l'établissement, dont l'intérieur était récemment rénové dans un style bobo et étudiant. Georges était en train de laver des verres au bar tandis que Carolina, sa toute jeune collègue, qui était serveuse afin de financer ses études pressait des fruits pour réaliser des jus. Elle adressa un geste de main à Georges dont elle se rapprocha.

- Salut Georges, ça te dirait de m'ouvrir la terrasse là haut, j'ai rendez-vous avec un monsieur pour le travail. Tu pourras le laisser passer, s'il te plait, ils seront deux avec une caméra surement.

- Très bien, Lou. Ça va sinon ?

La jeune femme se dirigea vers l'escalier mena au balcon après avoir acquiescé. Le malaise s'était entrainé entre elle et le jeune homme depuis une nuit de débauche qu'elle regrettait.

Elle s'assit et attendit patiemment, profitant de l'ombre que lui proférait la terrasse. Les minutes passèrent, rythmées par les pulsations de son coeur. Elle était d eplus en plus inquiète et apeurée.


J'avouerais toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant