Jazz et champagne

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 Dès qu'ils eurent pénétrés dans le restaurant, l'angoisse de Lou s'évapora. La musique l'enveloppa doucement, sublimée par le chant d'une splendide jeune femme asiatique , qui était assise dans un grand fauteuil Voltaire au beau milieu de la scène. Un serveur s'approcha d'eux, et les plaça à une petite table d'angle, non loin de la scène. La salle était bondée, et elle sourit à l'idée d'avoir obtenu une des dernières tables libres de la soirée. Le look du restaurant était plutôt baroque, grandes tentures rouge aux fenêtres, dorures, et tables et chaises vernies. L'atmosphère se dégageant était cependant très agréable, et flottait un parfum enivrant de musc. Une jeune femme vint leur apporter une carte chacun.

- Vous buvez ? lui demanda Martin, qui semblait ravi du lieu.

- Ca fait tout de même bien longtemps qu'on ne me demande plus ma carte d'identité quand je veux boire un verre, répondit elle ironique. Je vais prendre un verre de vin je pense, mais cela dépendra de ce que nous mangeons.

- La carte est plutôt appétissante d'ailleurs, je crois que je vais prendre les gambas avec le risotto... le journaliste semblait saliver à la vue des ces plats qui avaient l'air goûteux, et qu'il observait d'un air curieux dès qu'un serveur passait chargé d'un mets.

- Pour ma part, ce sera le cabillaud avec les tagliatelles de légumes. Je vous laisse choisir pour le vin, je ne suis pas vraiment experte en ce domaine.

- Aurais-je découvert votre talon d'Achille ? Vous avez tellement l'air de maitriser la plupart des autres domaines ...

Lou piqua un fard, lui glissa un sourire gêné, mais flattée. Le reporter regardait attentif la carte des alcools, et leva soudain les yeux vers elle.

- Et si nous buvions un cocktail, plutôt que du vin ? La jeune femme acquiesa, et il poursuivit, si vous aimez le champagne, nous n'avons qu'à prendre un kir.

- Ça me convient très bien, ajouta t'elle, avant de fermer sa carte et de la déposer en bout de table. Martin l'imita et porta un instant le regard vers la scène. Lou était pensive, stupéfaite de la tournure qu'avait prise les choses. Elle se sentit soudainement mal à l'aise, et décida d'aller se passer un coup d'eau sur le visage; Elle s'excusa, confuse et partit vers les toilettes. Elle partit vers les toilettes, et, après s'être aspergée le visage d'eau et avoir rectifié son maquillage en vitesse, en recourbant un peu plus ses cils à 'aide de mascara et en redessinant la courbe de ses lèvres au lip stick, elle sortit son téléphone de la pochette, où elle l'avait oublié depuis le début de l'après-midi. Elle ne fut gère surprise de découvrir une flopée de messages venant de sa meilleure amie, qui devait l'attendre à l'appartement.

Louise

17H55 < Alors ce rdv ? Ca se passe bien ? Il est aussi beau gosse qu'en plateau ??

19H< Ca dure dis moi...

20H02< Je suis censé m'inquiéter ou tu couches juste avec lui ?? réponds bon sang

Elle répondit rapidement un message basique, lui expliquant qu'elle mangeait au restaurant avec lui, et repartit dans la salle, négligeant les deux appels de sa mère. Elle n'aurait jamais du la tenir au courant de cette interview, soupira t'elle. En s'asseyant, elle n'espérait qu'une chose, que son remaquillage soit assez discret, car elle ne voulait pas passer pour ce qu'elle n'était pas, elle qui se maquillait très peu.

- J'ai commandé, l'informa Martin.

- Merci beaucoup, tu te souvenais de ce que je voulais prendre

Le téléphone du jeune homme vibra, et tandis qu'il le cherchait dans sa poche de son manteau tout en balbutiant des excuses et indiquant qu'il allait le mettre en silencieux, ce dernier s'éclaira en réalité sur la table, où Lou, curieuse pu apercevoir ce qui s'affichait

Paul

20H24 Tu manges avec elle ?

Souriante, elle indiqua l'emplacement du téléphone à Martin d'un sourire, et fit mine de n'avoir rien vu. La conversation dériva sur la musique qu'ils écoutaient. Malgré des gouts communs pour les intemporels du jazz ou du rock, les courants électro qu'encensaient Martin n'étaient pas partagés par la jeune avocate. Elle préférait certains rappeurs, plus actuels cependant. Ils avaient été à Garorock tous les deux l'an dernier au même moment, et rirent de ne pas s'y être croisés plus tôt, comme si il le regrettait l'un et l'autre. Un serveur leur apporta le kir, et en profitèrent pour boire leurs boissons en écoutant plus attentivement les musiciens émérites. Ils émergèrent de leurs bulles respectives quand on leur apporta les plats. Le poisson était délicieux, et elle décida de tenter un petit rapprochement en lui demandant si il voulait gouter. Il accepta, et ne sachant que faire, décida de lui tendre sa fourchette. L'instant fut assez comique, car riante, elle manqua de piquer le jeune homme aux commissures des lèvres. Son rire ut vite communicatif, et ils rirent aux éclats ensemble, s'attirant des regards dédaigneux de certains voisins de table. Ils parlèrent ensuite un peu de la politique du pays, Lou viscéralement de gauche, voire d'extrême-gauche, tandis qu'il semblait plus modéré, sûrement macroniste. Le débat devient donc animé à l'abord du sujet sur la quasi disparition de l'ISF, et les ordonnances à propos de la loi travail. Mais ses propos tolérants et humanistes la rassurèrent.

Leurs plats terminés, ils hésitèrent à prendre un dessert, puis Lou affirma connaître le meilleur gaufrier de Paris à quelques rues, ils déclinèrent donc poliment. Feignant de se lever pour se rendre aux toilettes, Martin passa régler discrètement au bar. Une fois revenu à table, il n'échappa pas à une tentative de remboursement de la part de Lou, qui évidemment n'aboutit pas...

Ils se levèrent et quittèrent le club de jazz, pour Lou, la tête pleine de musique dansante et de la voix enivrante du jeune homme, et se glissèrent dans les petites rues parisiennes, luttant contre le froid en se blottissant l'un près de l'autre.

Merci beaucoup pour les 3000 vues et vos commentaires sympathiques !!! J'ai republié car une fausse manip avait mis ce chapitre en privé !


J'avouerais toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant