Elianor se réveilla dans une pièce noire. Elle ne voyait ni les murs, ni le plafond, ni le sol. Pourtant elle avait la sensation de pouvoir voir à des kilomètres. Elle marcha mais elle avait l'impression d'être dans du vide, d'être dans... rien. C'était une impression étrange mais en même temps elle se sentait libérée, en paix avec elle-même...

- Mais où suis-je ?

- Dans le monde des morts... plus précisément dans mes quartiers... répondit une voix à la fois féminine et masculine.

- Quoi ?!

D'un coup tous ses souvenirs lui revinrent : sa famille, Lupin, Flore, le seigneur De Gervissande, la flèche qui l'avait tuée...

- Je suis morte...

Elle disait ça plus pour s'en convaincre...

- En effet, bienvenue !

- Qui êtes-vous ? Où êtes-vous ? Je vous entends mais ne vous vois pas...

- Je suis La Mort. Tu ne peux pas me voir, je suis incorporelle.

- La Mort ?

- Elle-même. Impressionnant, n'est-ce pas ?

- euh... ouais

- Voix-tu normalement les morts deviennent des esprits pour surveiller leurs proches restés sur terre. Puis quand ceux-ci sont morts à leur tour ou qu'ils n'ont tout simplement pas de personnes à surveiller particulièrement, ils vont à la balance du jugement qui les transformera soit en anges, soit en démons. Ainsi, ils peuvent recommencer une vie dans une autre dimension.

- Une autre dimension ?

- Pour l'instant tu n'as vécu que dans la dimension de test où tu étais mortelle. Tes choix dans cette dimension vont mettre les poids dans la balance qui normalement choisira que tu deviennes un ange et que tu ailles dans la dimension Blanche ou un démon dans la dimension Noire. Dans les deux cas tu seras immortelle. Ces dimensions s'agrandissent au fur et à mesure que les morts arrivent contrairement à celle d'où tu viens.

- Vous avez dit normalement, qu'est-ce que ça veut dire ?

- Que je vais te proposer un marché, tu auras un autre choix...

- Que me vaut cet honneur ?

- Je dirige les trois dimensions. La Blanche et la Noire m'obéissent parfaitement mais celle de test ignore mon existence. Les humains commencent même à semer la mort. Seul moi peux semer la mort ! Alors, j'ai décidé de créer un groupe de tueurs : les serviteurs de La Mort. Ce seront des humains morts avant l'heure qui retourneront dans leur dimension pour me représenter. Chaque vie qu'ils prendront, sera une vie en plus pour eux, une mort en moins...

- Quel rapport avec moi ?

- Je veux que tu sois mon premier serviteur.

- Je ne suis pas une tueuse !

- Ah oui ? N'as-tu pas tué trois chevaliers avant de venir ici ? Trois chevaliers qui étaient entraînés à combattre contre une jeune fille qui n'avait jamais tenu d'arme avant ?

- Si, mais...

- Ne me dis pas que tu n'as pas aimé ! Tu as même adoré ! Tuer pour te venger...

- Peut-être bien, dit-elle honteuse. Mais je ne veux pas recommencer !

- Tu les as tués avec une facilité étonnante ! Et c'était ta première fois ! Avec un peu d'entraînement tu deviendrais la meilleure ! Tu as ça dans le sang... Et puis tu pourrais te venger de ce seigneur, comment s'appelle-t-il déjà ? De Gervante ? ah oui... De Gervissande... Il t'a fait tuer, ainsi que tous les enfants de moins de 8 ans, alors que son propre fils a 7 ans...

- Vous êtes La Mort ! Pourquoi ne pouvez-vous pas tuer ceux qui vous gênent comme ça en claquant des doigts ?

- Je n'enlève à la dimension de test que les êtres étant prêts, prêts à être jugés... Certains naissent prêts d'autres ne le sont qu'au bout d'un siècle. Les caractères se définissent à différentes vitesses. J'aimerais que les serviteurs de La Mort tuent ceux qui se prennent pour moi et tuent des personnes qui ne sont pas encore prêtes : on se retrouve avec un désordre indescriptible quand leur esprit arrive ici !

- Qu'est-ce que j'y gagne ?

- Tu seras presque immortelle. Tu n'auras plus besoin de dormir, de manger ou de boire. Tu pourras revoir ta famille. Tu pourras te venger...

- Tout ça je le pourrai dans quelque temps, quand ils me rejoindront ici...

- Tu ne te plairas pas ici. Aucune dimension ne peut te convenir, ange aux pulsions démoniaques... La dimension Blanche sera trop douce pour toi et la Noire trop méchante. Il te faut ta propre dimension... celle des serviteurs de La Mort !

- Qu'est-ce que ça peut faire ? Si je tue le seigneur De Gervissande, son esprit arrivera ici et il pourra continuer sa « belle vie ».

- Pas vraiment. Quand tu le tueras son esprit intégrera ton corps et si quelqu'un essaie de te tuer, il tuera l'esprit de la personne dont tu as volé la vie qui disparaîtra pour de bon et ne renaîtra pas.

- Vous ne voulez pas de ces esprits pour peupler vos royaumes ?

- J'ai bien assez d'esprits comme ça. Ces esprits ne seraient même pas prêts pour le jugement. Vois-tu quand un pion est gênant mieux vaux l'éjecter du plateau... Qu'en dis-tu ? Tu es partante ?

- C'est vrai que c'est tentant...

- Tu seras ma personnification... Tu seras puissante et respectée...

- J'accepte.

- À la bonne heure !

D'un coup, Elianor ressentit une affreuse douleur sur la paume de sa main droite. Une douleur comme elle n'en avait jamais ressentie de telle. Un tatouage en forme de cœur noir se forma avec au centre un 0 couleur chair.

- Tu es maintenant un serviteur de La Mort, félicitations.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ta marque. Dès que tu auras tué quelqu'un tu seras de nouveau un être vivant et le 0 deviendra un 1, en attendant tu restes un esprit. Quand tu tueras une deuxième personne, le 1 deviendra 2, puis un 3 et ainsi de suite. Par contre, si tu te fais tuer le nombre descendra. C'est ton compteur. S'il retombe à zéro, tu mourras pour de bon cette fois et tu iras directement à la balance du Jugement. Tous les cinquante ans je te prendrai une vie pour que tu ne vieillisses pas...

- Je garderai mon apparence de fille de 15 ans toute l'éternité ?!

- Bon... Je te laisserai vieillir jusqu'à tes 20 ans. Ça te va ?

- Oui, c'est parfait.

- Ah aussi, si tu ne veux plus être un serviteur de la mort, coupe le tatouage c'est là que tes vies se stockent : ça te tuera. Il suffit de couper le contour avec un poignard pour que la peau s'en aille. Mais si tu veux le rester, sache que plus tu auras de vies plus tu seras forte.

- Je peux tuer qui je veux ?

- Oui, qui tu veux et autant que tu veux. Mais de temps en temps je te demanderai de tuer une personne précise.

- Comment saurais-je qui vous voulez que je tue ?

- Je pourrai te parler d'une voix que seul les serviteurs de La Mort entendront mais il faudra que tu sois discrète car tes paroles seront, elles, audibles de tous.

- Quand est-ce que j'y vais ?

-Maintenant !

Serviteurs de La MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant