Là où ça s'est pris la main ou le dîner douteux

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MARGOT A L'AIR D'AIMER SOURIRE vu que sa bouche passe plus de temps à en décocher qu'à afficher une moue semblable à la mienne : blasée. La petite brune se faufile entre les passants tout en marchant tranquillement.

- Donc on est censé partager un dîner ensemble vu que tu veux vraiment un « rendez-vous » ? demande-t-elle avec ce léger sourire scotché au visage.

La brune est pas mal. J'ai toujours préféré les blondes mais Constance a sûrement utilisé cette excuse d'« Audrey la jolie blonde » pour me leurrer. Visage ovale, yeux verts chatoyants, chignon mal fait et jolies fossettes. J'aime bien ses épaules, remarque bizarre mais sincère. Après être resté, quelques secondes, scotché à admirer son physique, je me rends compte qu'il serait temps que je lui réponde :

- Oui mais j'ai pas assez pour payer pour deux dans un restaurant huppé, avoué-je en lui montrant mon billet de vingt.

Margot Audrey sourit puis hausse les épaules comme si de rien était.

- Aubin mince alors ! Grec ou Mcdo ? Que tu me paies un truc au minimum quand même... interroge-t-elle en s'arrêtant devant la rue commerciale de la petite ville.

Je laisse son petit jeu de mots de côté et lui souris bêtement tout en déviant mon regard vers un bâtiment sur ma droite. Marrante mais perchée.

- Hm... Je suis végétarien... déclaré-je en la voyant papillonner des cils.

- Y a de la salade au Mcdo, fin je crois, s'ils ont pas encore fait faillite depuis, avec cette recette du blasphème... tente-t-elle d'un air convaincant.

Je hausse les épaules, prêt à céder.

- Tu sais quoi ? On n'a qu'à... aller au mexicain ! Le guacamole tout ça, tu vas voir 0 viande assurée si tu prends des chips avec la merveilleuse sauce au fromage et à l'avocat. Les nachos damn. Miam, entends mon ventre rugir de faim ! finit-elle par proposer.

Ma grimace n'a pas l'air de lui plaire. La brune me jette alors un regard qui ne sous-entend qu'une volonté à entendre des explications.

- Je n'aime pas trop l'avocat et la dernière fois que je suis allé au bon mexicain de la ville, j'ai fait une indigestion.

Margot s'est arrêtée de marcher subitement, m'arrêtant également en barrant le passage avec son bras.

- Attends ? Deux secondes ? Est-ce que je viens d'entendre ce que je viens d'entendre ? TU N'AIMES PAS LE GUACAMOLE ? Crie-t-elle presque, avec des soucoupes volantes à la place des yeux.

Son soupir d'exaspération m'a gêné et je me suis maudit de détester tout sauf les coquillettes au beurre et les miel pops de Casino.

- Bah tant pis, je t'embrasserai pas ce soir. Je n'embrasserai jamais un gars qui n'aime pas le guacamole nan mais oh ! Pffff, honte à toi fils du diable, un vrai Aubimbécile! rouspète-t-elle avec un air de menace.

La brune a repris la marche et je me suis senti vachement con derrière elle. Elle dégage un charisme insoutenable. Haute comme trois pommes, elle me paraît beaucoup plus imposante que mon mètre 87. Nous avons deux bonnes têtes de différence et Margot arrive parfaitement à me clouer le bec.

Le rendez-vous commence vraiment mal.

J'aurais parié sur le fait que ce serait mon manque de confiance en moi ou mon petit stock de discussions qui me feraient défaut lors du rendez-vous. Hors, le comble, ce soir, reste le fait que ce sont mes goûts alimentaires qui déçoivent la fille en face de moi. C'est une inconnue fermée, très ancrée et attachée à son idéologie du « KEEP CALM AND EAT CRIPS WITH GUACAMOLE » et qui adore sûrement chanter la chanson du guacamole.

Aubin ça alors!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant