- C'est la plage où ma mère m'emmenait tout le temps quand j'étais toute petite. À l'époque, je ne savais même pas qu'une plage pouvait ne pas être nudiste, raconte Margot en marchant dans le sable.
Avec ma lampe torche intégrée au portable, je lui éclaire le chemin. Toutes les puces de sable sautillent partout et je me prends à regretter d'être venu. Seulement, le souvenir du baiser remonte et chaque parcelle de ma peau s'électrise.
- J'aime bien comment tu embrasses, c'est plutôt rigolo, avoue-t-elle en s'arrêtant pour chercher mes yeux alors que j'éteins ma lampe.
- Et je dois bien le prendre ? demandé-je, un sourcil levé.
La lune éclaire peu l'endroit. J'arrive à la voir sourire dans le noir, doucement avant de se repencher vers moi pour me rembrasser une nouvelle fois.
- Donc on va s'embrasser par moment, comme ça, comme s'il n'y avait aucune gêne entre nous ? remarqué-je étonné.
La brune hausse un sourcil.
- Ah parce qu'il y a une gêne entre nous ?
Sans comprendre ce qui se passait réellement, Margot s'est mise à bouger dans tous les sens, prête à bondir sur le sable pour faire je ne sais quelle figure.
- Tu fais quoi ? demandé-je curieux.
- Une roue !
Sa roue est mal faite. Trop bancale. Les jambes ne sont pas assez tendues. Et il faut que je la rattrape à tout moment pour qu'elle ne s'écroule pas telle un sac à patates.
- Mais t'es complètement timbrée !
Elle a soudainement ri tellement fort que ça m'a donné envie de rire à ses côtés. Je me suis demandé si ce n'était pas trop osé de passer un bras autour de sa taille mais l'ai tout de même fait. Ramenée contre moi, un peu de sable sur sa tenue, je lui ai souri.
- J'ai jamais rencontré une fille comme toi. Du genre, folle à ce point.
Margot Jésus a encerclé mes joues avec ses pouces. Petit à petit, son souffle s'est ralenti. Ses yeux ne croisent même plus les miens.
- Désolée, Aubin... murmure-t-elle soudainement, en perdant son sourire.
Je n'ai pas tout de suite compris le sens de ces mots sur le coup. L'atmosphère légère est tombée d'un seul coup.
- Tu ne trouves pas ça dingue qu'une fille aussi tarée que moi puisse exister ? Tu as raison de te poser des questions... parce que, je n'existe pas vraiment au fond.
Mes sourcils se froncent sur-le-champ.
- Je ne suis pas la vraie Margot. La vraie, c'est celle qui se terre dans sa chambre à bouffer des pâtes devant des séries. La vraie, elle ne parle pas aux inconnus et elle n'aime pas les rendez-vous. La vraie Margot est timide. Elle a peur des services clients et du nouveau boulanger. Mais ce soir, je me suis dit que ce serait top si je laissais une chance à l'autre Margot de prendre possession de moi. Celle qui n'a peur de rien et qui est totalement loufoque. J'ai toujours voulu ressembler aux personnages de bouquin, tu sais, ces individus qui arrivent à marquer ton quotidien pour toujours et panser les failles tout en donnant goût à la vraie vie. C'est plus facile à dire qu'à faire. Pour l'instant, je n'y arrive qu'en ta présence. Je suis une arnaque de roman cliché.
Son joli visage s'est fermé petit à petit et ses yeux se sont baissés tristement.
- Hé ! m'écrié-je en culpabilisant de ne pas savoir quoi répondre à ses aveux.
Alors, sous ses yeux, j'ai fait une roulade avant, étant donné que je ne sais absolument pas faire la roue depuis tout petit.
- Qu'est-ce que tu fais ? demande-t-elle en retrouvant un sourire malicieux.
- J'imite la vraie et l'autre Margot en même temps.
Nos yeux se sont mis à pétiller dans la nuit.
- Au bain Aubin ! réplique-t-elle en retrouvant sa voix détonante.
- Tu l'as déjà dit ça, remarqué-je durant une autre roulade.
Elle s'est agenouillée dans le sable, prête à rouler, tout en priant pour ne pas trop bousiller ses cheveux. Je l'ai rejoint dans sa prière. Elle m'a ordonné de prier le dieu des chaussettes Desigual de ma maîtresse de CP. Je crois que je n'ai jamais autant ri de ma vie.
- Aubin de minuit p'tit con, le premier à arriver à la mer en faisant des galipettes gagne ! défie-t-elle en me désignant d'un doigt l'étendue d'eau qui nous fait face.
- On dit « roulade avant » ! hurlé-je tout en entamant une, jambes écartées.
Peut-être que c'est réellement l'autre Margot qui se révèle en cette tiède soirée d'été. Mais au plus profond de moi, je me suis convaincu qu'elle et la vraie ne font qu'un et constituent la merveilleuse preuve de l'existence d'une jolie petite brune encore plus géniale qu'un personnage formidable de grands romans.
nda: désolée pour l'attente :ccc
j'espère que ça vous a tout de même plu! et ne vous inquiétez pas, margot et aubin seront développés dans le prochain chap du rendez-vous, qui est aussi l'avant-dernier;
voilà voilà
elo
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Aubin ça alors!
ContoConstance veut désespérément caser Aubin, son meilleur ami de toujours. Alors Aubin lui laisse une petite chance lors d'un unique rendez-vous un soir de juillet. L'intention est bonne mais le « date » plus douteux. Aubin cherche une Audrey. Il tom...