Chapitre 2

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Chapitre 2

Depuis qu'elle avait passé la porte, Alexis courrait. Elle courrait comme elle n'avait jamais courut. Elle courait comme si un monstre était à ses trousses. Mais ce qu'elle voulait fuir à tout prix continuait de la poursuivre, de lui coller à la peau. Elle le sentait en travers ses poumons qui lui brûlait et entraver son cœur qui semblait battre à en exploser, en travers ses gestes maladroits alors qu'elle évitait les arbres de la forêt. Tant pis, si le docteur lui avait interdit de faire de l'exercice. Son cœur pouvait lâcher là, tout de suite, elle n'en avait plus rien à faire. Les paroles d'Alys lui revenaient inlassablement en tête la faisant accélérer. Elle aurait voulu dire que ces paroles lui avaient passé à six pieds par dessus la tête mais c'était loin d'être le cas. La vérité était qu'Alys savait trouver les mots pour la blesser et souvent sans même faire exprès. Oui, elle était malade, mais ce n'était tout de même pas sa faute, et puis tout ce qu'elle voulait c'était qu'on la traite comme quelqu'un de normal et non comme une petite chose fragile.

Au fil de ses pensées, Alexis s'était enfoncée de plus en plus dans la forêt. La nuit, qui était déjà tombée quand elle était sortie de la maison, rendait la forêt encore plus inquiétante. Les branches, qui étaient pourtant encore dépourvues de leur magnifique feuillage d'été, ne laissaient passer que quelques rayons de lune tordus et pâles. Alexis arrivait tout juste à éviter les arbres avant de leur foncer dedans, s'accrochant plus d'une fois sur leur écorce rugueuse. Ses bras et ses jambes lui brûlaient. Elle ne sentait presque plus ses pieds tellement ils étaient gelés. Pourtant, à chaque fois qu'elle tombait, elle se relevait et repartait. Son corps était à bouts, elle le savait, mais elle voulait mettre le plus de distance possible entre cette maison de traîtres et elle.

Soudainement, une douleur lacérante lui déchira la poitrine et elle tomba au sol en hurlant. Quand la douleur disparue enfin, elle était recroquevillée sur le sol humide. Les jambes remontés sur sa poitrine et les bras autour de cette dernière. Lentement, elle desserra ses bras puis déplia ses jambes. Elle se retourna vers le ciel laissant ses larmes aller se perdre dans sa chevelure d'ébène. En regardant autour d'elle, elle comprit avec un certain détachement qu'elle était perdue au cœur d'une forêt que pourtant elle connaissait par cœur. Ça pouvait signifier qu'une chose: elle était sortit des limites que ses parents leur avaient imposées. Elle laissa ses yeux se fermer alors que la fatigue l'envahissait.

- Salut, petite enfant!, chuchota une voix à son oreille. Alors, on est perdu?! Tu devrais peut-être te bouger avant que les loups ne viennent te manger les orteils.

- Il n'a pas de loups dans la région cette année, contredit-elle la voix sans ouvrir les yeux. Et c'est ridicules, ils ne commenceraient sûrement pas par me manger les orteils.

Il y eut un long silence, mais Alexis sentait toujours la présence de la personne à qui appartenait la voix.

- Je ne parlais pas de ces loups!

- Quels loups alors?, demanda Alexis sans grande curiosité.

- Mais des loups-garous, mon ange!

- Les loups-garous n'existent pas, répliqua mécaniquement Alexis avant de se rendre brusquement compte de la situation.

Premièrement, les loups-garous existaient si elle en croyait les dires de sa sœur. Deuxièmement, elle parlait avec une voix qui appartenait à un parfait inconnu sur le terrain privée de ses parents, que peu de personne approchait. Troisièmement, rien ne lui prouvait que son interlocuteur était humain; après tout, ne venait-il pas de lui parler de loups-garous comme si ils existaient?

- Si tu veux, petite fille, je peux te montrer le chemin!, chuchota doucement la voix à son oreille, d'un ton qui semblait soudainement moins sur.

Black BaccaraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant