Le réveil la sortie brutalement de ses songes pour la ramener à une réalité pas trop différente. Quand le soleil hivernal commença sa courbe descendante, elle quitta la maison et la sensation de déjà vu la suivit jusqu'à la porte du café. Elle se rendit au comptoir pour commander et se dirigea vers l'estrade, dans un coin du café, qui lui donnait une bonne vue sur l'ensemble de la vitrine. Ainsi, elle ne pourrait pas la louper.
Elle la vit hésiter devant la porte quelques secondes. Finalement, son poignet infligea à la poignée la pression nécéssaire à son ouverture. Accompagnant ce geste, une grand expiration, pour le courage.
Elle ne chercha pas Billie avant d'avoir de la contenance entre les doigts. Son esprit probablement toujours accroché à l'idée qu'elle avait toujours le choix de s'évader.
Leurs regards finirent par se croiser. La décision n'appartenait plus qu'au passé. Les coins de leurs lèvres s'étirèrent vaguement. Les premiers mots s'échappent en même temps de leurs bouches, détendant un peu l'atmosphère.
« Je t'en prie. »
« Je... Qu'est-ce que tu voulais savoir ? »
« Oh, je vois, on rentre directement dans le vif du sujet. Et bien, j'aurais aimé en savoir un peu plus sur toi... En fait, j'essaye de comprendre un peu la vie de mon frère et t'es la seule pièce manquante du puzzle. »
Ces mots lui arrachèrent un léger sourire, alors que ses yeux se voilèrent d'une certaine nostalgie.
« Je vois. »
Elle inspira profondément, avala une gorgée de ce qui semblait être un thé et se lança.
« Je crois que tu sais déjà comment je m'appelle ? »
« Julia. »
« Samsons. »
Elle se mordit la lèvre. La tâche s'avérait plus difficile que prévu. Tout son être semblait si tendu. Il semblait à la blonde qu'elle allait craquer à tout moment. Elle observa un instant ses traits délicats. Elle était si belle, magnifique. Quelque chose se dégageait d'elle, une sorte de chaleur douce d'une pureté incroyable. Finalement, Billie décida de l'aider un peu.
« Si ça peut t'aider je peux te guider, j'ai un million de questions. »
« C'est ta façon de faire ton deuil ? »
« Surement... »
Billie se rendit alors compte qu'elle ne lui avait même pas demandé comme elle allait. Elle ne l'avait jamais fait. Pourtant, son frère et elle semblait si proches. Elle l'avait fait avec tout le monde, sauf celle qui semblait le connaitre le mieux d'entre eux tous.
« Comment tu vas Julia ? »
Elle sembla surprise par la question.
« Je euh... ça va. »
« Je suis désolée. Toi et mon frère sembliez vraiment proches et j'ai été tellement égoïste avec toi. Pardon. »
« Non, ça va. T'en fais pas... Ça va un peu mieux. »
« Je comprendrais si tu ne veux pas parler de lui. Pardon. »
« Arrête de t'excuser, Billie. Je suis là de toute façon... »
Elle laissa la fin de sa phrase en suspens. Il était clair que ces instants étaient un moment de torture pourtant nécéssaire. Elle planta son regard triste dans les yeux bleus de Billie.
« Je crois que... j'étais quelque chose comme sa petite amie. Même s'il a jamais voulu que je rencontre quiconque de sa bande ou de sa famille. Il disait... il disait qu'il aimait bien qu'on ait notre monde, notre univers. Ça lui permettait de s'évader du sien. Il avait besoin de ça. D'une porte de sortie de cet univers qu'il s'était créé. »
Elle dut lire la confusion sur le visage de la soeur d'H. puisqu'elle ajouta :
« Il se sentait comme la lune et il avait besoin que je sois celle qui en voit toutes les parties, même les sombres, alors qu'il donnait aux autres juste la lumière. »
L'azur de Billie était rivé à la mousse de son cappuccino à présent froid. Elle n'y avait même pas touché.
« Je vois... »
« Je... désolée, Billie. »
« Non, ça va. J'ai besoin de savoir, de comprendre qui il était. »
« Je crois que tu sais déjà. Je crois que vous vouliez juste voir la partie lumineuse de la lune mais maintenant qu'il est parti, c'est plus assez. Pour toi en tout cas. Eux se complaisent dans les souvenirs de la pureté de son être. »
« Tu leur en veux ? »
« Non ! Oh ! Bien sur que non... c'est pas a eux que j'en veux. »
La détermination dans les yeux de la métisse était embuée de l'eau salée qui commençait à les emplir, menaçante. Billie posa sa main sur celle de la métisse dans une tentative vaine de réconfort.
« Ça aurait pu arriver à n'importe qui, c'était qu'un stupide accident. Y a personne à blâmer. »
« Tu comprends pas... »
Elle retira sa main pour tenter de retenir le sanglot qui traversa tout son être. Elle ne laissa pas le temps à la blonde de faire quoi que ce soit pour la retenir et quitta les lieux. Ne laissant derrière elle que la frustration causée par une multitude de questions supplémentaires et un sentiment d'inutilité de ne pouvoir l'aider à faire son deuil.
(( mots ))
Encore des excuses : désolée de vous avoir laissé en plan pendant une ? deux ? semaines. J'avais pas la foi d'écrire. Me revoilà cela dit, et ce coup-ci, j'ai pris de l'avance ! Il me reste que les deux derniers chapitres à écrire (19, 20).
J'espère que celui-là vous a plut. Enfin, elle rencontre Julia ! Vous en pensez quoi ? De la rencontre ? de la fille ? de ce qu'elle dit ?