La tour partie 2 :

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Hélas notre histoire est loin d'être finie. Il me faut d'abord préciser que son envol jusqu'au sommet fut tout sauf gracieux. Le poids de toute cette graisse acquise à force de manger entravait ses mouvements. C'est donc essoufflé et d'une démarche titubante qu'il arriva à son but.

Mais que voulait donc faire notre pigeon là-haut ?Il voulait sauter évidemment. Dans sa courte vie ( il n'était sorti de son œuf il n'y a que deux ans ) il avait vu plusieurs humains sauter du haut de tours semblables à celles-ci. Après qu'ils aient sauté on les retrouvaient étendus sur le béton avec de nombreuses personnes agglutinées autour. Il y avait tellement d'agitations. Pourtant l'humain au sol, lui, ne bougeait plus, il était si calme. Voilà ce que voulait Georges, il voulait cette sérénité mais il voulait aussi toute cette attention qu'accordaient les humains à ceux qui sautaient. En plus il avait choisi le plus haut bâtiment, il pensait ainsi démontrer qu'il était plus fort que ces sans-ailes.

Georges marcha péniblement jusqu'au bord du dôme, où il trouva une petite corniche. Le voilà suspendu au-dessus du vide, au dessus de l'immensité.

Lui qui avait tant de détermination en arrivant ici, était soudainement nerveux. Peut-être que ce n'était pas la solution ? Peut-être un signe allait apparaître pour lui indiquer que rien n'était perdu, qu'il avait encore des raisons de vivre ? Mais rien de tout ceci n'arriva, alors c'est résigné qu'il se percha au plus proche de la frontière qui le séparait du néant.

Il sauta.

Il se laissa tomber.

Il sentait le vent percuter chaque partie de son corps et tenter de s'immiscer entre ses plumes.

Il voyait le sol se rapprochait très vite.

Enfin !

Soudain sans qu'il ne sache pourquoi, ses ailes se déployèrent et tel un parachutiste il fut ralenti et sentit une résistance dans l'air. Il toucha le sol sans encombre.

Maudit réflexe.

Comme vous vous en doutiez , notre ami n'avait pas réussi. Son instinct de survie s'était déclenché au dernier moment en lui faisant ouvrir ses ailes avant qu'il ne percuta le sol. Notre pigeon lui n'avait pas compris ce qu'il venait de se passer.

On dit que la nature est bien faite et je considère que c'est vrai car après tout cela lui a sauvé la vie. Je suis contente qu'il n'est pas réussi. Mais Georges n'était absolument pas du même avis que moi. Il se sentait déçu, blessé, mais je crois qu'au fond de lui il se sentait légèrement soulagé aussi, peut-être ne se sentait-il pas encore prêt à mourir ?

Sottises ! Il allait recommencer ! Pas en sautant mais en s'y prenant autrement, il ne savait pas encore comment, mais il allait trouver !

Pourquoi tenait-il tant à mourir ?


Le suicide du pigeonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant