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Écouteurs vissés sur les oreilles, je descends du bus encore remplis de lycéens. La musique semble être en rythme sur chacun de mes pas. J'avance rapidement, l'esprit vide, les paroles d'Oliver Sykes résonnant dans ma tête.

Après quelques minutes de marche, j'arrive enfin à destination. Je pousse le portail vert et grinçant, puis remonte l'allée de l'immense bâtisse. Je monte quelques escaliers avant d'arriver au bureau de mes éducateurs.

- Salut. Marmonnais-je.

- Salut ma belle, t'as passé une bonne journée ? Me lança gaiement Nath.

- Ça peut aller. Tu peux m'ouvrir mon studio s'il te plaît ?

La dame aux cheveux brun s'empara d'un trousseau de clés derrière elle avant de se lever et de me suivre jusqu'à une petite cours donnant sur l'une des façades de la maison. Au rez-de-chaussé, quatre grands volets bleu qui dissimulent chacun une porte donnant accès à un studio de taille moyenne.

Nath déverrouille la porte avant de me céder la place. Elle commence déjà à s'éloigner à un rythme rapide, sans un seul mot.

Bon, d'accord, j'ai l'air d'être fuie comme la peste.

En entrant das mon studio, je m'empresse de jeter mon sac de cours sur le sol, de dégrafer mon soutien-gorge et de m'attacher les cheveux. J'allume mon enceinte et connecte mon portable dessus.

En parlant de portable, j'ai passé une bonne partie de mon après-midi à discuter avec ce fameux James. J'ai appris quelques trucs, c'est un garçon qui semble adorer faire rire son entourage, il aime le skate, le BMX, les voitures japonaises... Il m'a même confesser être un dingue de Fast and Furious. Un garçon comme un autre quoi. Il a l'air sympa jusqu'ici, bien que son profil Facebook me dise quelque chose, je n'arrive toujours pas à savoir d'où je connais ce type. Peut-être devrais-je faire mes recherches un de ces jours.

J'ôte mon short en jean pour le remplacer par un short en coton, histoire d'être plus à l'aise. J'attrape une pomme dans ma cuisine puis me laisse m'échouer sur mon lit, mon ordinateur portable juste à côté. J'allume ce dernier et ouvre avec nonchalance mon compte Facebook. Je check mes notifications, les messages de certains de mes amis qui me semblent important, les dernières nouvelles de mon groupe préféré.

En croquant dans ma pomme, j'ouvre le nouveau message de James.

James Connor' : Tu aimes celui-ci ? 🙉

Je me penche vers mon écran pour mieux observer la photo d'un vélo qu'il vient de m'envoyer. J'ai franchement l'air d'y connaître quelque chose ?

Moi : Heu, ouais il est sympa.

James Connor' : Ou tu préfères celui-ci ?

S'ensuit de nombreuses autres photographies de ce qui représente apparemment des "BMX".

Moi : Tu fais quoi d'autre dans la vie sinon à part traîner dans un Skate Park ?

James Connor' : Je parle à une jolie fille 😏

- 1 point. Phrase du dragueur cliché.

Moi : Qui est cette fille ? Est-ce moi, ou une parmi tant d'autres ?

James Connor' : Hum... Je pensais plus à toi.

Moi : Les autres doivent adorer ce discours ! 😂

James Connor' : Pourquoi les autres ? 😳

Moi : Je ne dois certainement pas être la seule fille avec qui tu discute. Vrai ou faux ?

James Connor' : Perspicace la demoiselle dis-donc ! ^^

James Connor' : Et qu'est-ce qui fait de moi un "beau-parleur" du coup puisque c'est ce que tu semble penser ?

Je souris en voyant ses messages. Oh, tellement de choses mon ami !

Moi : Tes paroles. Tout se comprends juste avec quelques paroles. Surtout à l'écrit, on remarque tellement plus un séducteur !

James Connor' : Séducteur ? 😜

Moi : Oui ! Honnêtement, de quand date ta dernière relation ?

James Connor' : Hum... Février. 🤔

Moi : Très bien, donc le mois dernier tu étais en couple. Ca a duré combien de temps ?

James Connor' : Deux mois, mais j'ai sûrement du la voir que deux fois dans ma vie.

Moi : Sérieux ? 😳

James Connor' : Ouais. Mais si tu veux savoir j'ai peut-être dû sortir avec six voir sept filles ces six derniers mois.

Moi : Tant que ça ? T'arrive pas à te poser ?

James Connor' : Non, je me lasse, je m'attache pas spécialement.

En lisant cette dernière phrase, j'eu l'impression de me voir moi. Cette année, j'avais enchaîné les relations courtes, n'arrivant pas à ressentir quoi que ce soit pour un garçon. Je n'avais même plus de pité pour le mal que je pouvais causer. J'étais la fille au cœur de glace comme l'avait dit Sarah. Chaque personne souhaitant entrer dans ma vie, en ressortait rapidement, et très généralement en morceaux. Je brisais les personnes autour de moi, je les détruisais de part ma froideur, mon regard, mes paroles...

James Connor' : Mais t'inquiète pas, j'te trouve sympa 😘

Il recommence avec ses smileys dégoulinant d'amour. Berk.

Moi : Alors si t'arrives pas à te poser, pourquoi tu enchaînes les filles ?

James Connor' : Parce que j'ai dix-sept ans Kat', parce que je suis un mec, parce que c'est l'âge où on brise le cœur des filles. C'est comme ça.

Je cesse de dévorer mon fruit en lisant ce message. C'est tellement rare qu'un homme avoue de telles choses. Il en est conscient, il sait ce qu'il fait. Un peu comme moi. Il sait que jouer avec les sentiments des autres est mauvais, mais ça ne l'empêche pas de le faire. Au contraire, pour lui c'est un jeu. Dans le fond, on semble avoir quelques similitudes... Je suis consciente de me lancer sans cesse dans une relation en savant d'avance qu'elle sera vouée à l'échec. Mais qu'importe ?

Moi : D'accord, bon je vais te laisser, j'ai un paquet de devoirs. Bonne soirée à toi.

Sur ces derniers mots, je referme mon ordinateur et m'enfonce dans mes oreillers.

Suis-je si mauvaise que ça ?

Un certain mercredi 18...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant