IV.

698 41 2
                                    


La jeune fille avançait lentement, à travers la pièce en feu. Les flammes léchaient son corps, l'entourant d'une
lueur rougeoyante, sans que cela ne semble provoquer la moindre once de douleur en elle.
Elle marchait comme un automate, sans vie. Sans âme. Sa longue chevelure de jais ondoyait doucement au rythme de ses pas tandis qu'elle se dirigeait vers un canapé, sur lequel elle s'assit, le dos raide, les mains posées sur ses genoux.
Elle lança un regard vide à l'environnement dans lequel elle se trouvait. L'incendie faisait rage, ravagant chaque centimètre carré de la pièce. Tout était en feu, des rideaux autrefois beiges, à l'imposant meuble en bois qui abritait de la porcelaine précieuse. Elle fixa un instant les flammes, fascinée par leur incandescence.
Soudain, elle pencha la tête sur le côté, et la coquille vide qu'elle était sembla être enfin animée par un sentiment humain. La curiosité. Comme si un marionnettiste avait tiré sur une ficelle pour la mettre en mouvement, elle se leva, et se dirigea vers la masse sombre qu'elle avait repéré dans un coin de la pièce.
En quelques pas, Elle arriva à son niveau, la surplombant de toute sa hauteur. Elle s'accroupit. C'était un corps. Un corps humain. La jeune fille se mit à genoux, soudain agitée d'un tremblement incontrôlable.
Elle avait... chaud. Chaud ? Pourtant il y à a peine une poignée de seconde elle se sentait merveilleusement bien. Merveilleusement vide.
Elle avanca une main incertaine vers le corps brûlant qui était dos à elle et le secoua une fois.
La chaleur se fit plus intense, la jeune fille commençait à transpirer. Elle secoua une nouvelle fois le corps inerte. Aucune réaction.
Elle suffoquait. Il fallait qu'elle sorte de cette pièce. Non.. il fallait qu'elle voit le visage de ce corps. Doucement, elle le retourna.
Son visage était recouvert par une masse de cheveux sombres.
La jeune fille hésita un instant. Une sensation de brûlure l'envahissait, devenant de plus en plus intense.
Elle amorca un geste pour dégager le visage du corps inconscient.... Et hurla.

Maïwenn ouvrit les yeux, et étouffa un cri dans son oreiller. La respiration haletante, elle était trempée de sueur. Doucement, elle reprit un souffle normal, et se retourna sur le dos, les yeux fixés sur les rideaux rouges de son lit. Un cauchemar. C'était un simple cauchemar. Elle n'y était plus. Elle n'y serait plus jamais. Maïwenn soupira longuement, et ferma les yeux un instant. Elle qui s'evertuait à faire une croix sur son passé, avait un subconscient très enclin à l'ironie.

Elle ouvrit les yeux, et serra les dents. Elle n'allait pas rechuter pour si peu. C'était un simple cauchemar, comme elle en avait l'habitude de faire depuis des mois. Elle grimaça en constatant que ses cheveux étaient collés à son cou moite, et ouvrit les rideaux de son lit à baldaquin d'un geste sec.

Elle se leva, et se dirigea vers la fenêtre, où pointait la lueur du jour. Le soleil semblait s'être levé depuis peu.

- Tu te sens bien ?

Maïwenn sursauta, et se retourna vivement. Une jeune fille à la chevelure écarlate lui faisait face. Elle cligna plusieurs fois des yeux, encore déstabilisée par son mauvais rêve. Mais sa vision ne lui jouait pas des tours, elle avait bel et bien les cheveux rouges, et elle n'était pas en feu. À vrai dire elle était même plutôt belle. Elle avait de jolis yeux gris et des jambes qui semblaient interminables dans sa jupe plissée. Elle s'avança d'un pas.

- Maïwenn c'est ça ? insista-t-elle avec un petit sourire rassurant.

- Oui oui, je.. C'est Maïwenn ! répondit-elle, en sortant de sa rêverie. Pourquoi ça n'irait pas ? ajouta-t-elle sur le ton de la plaisanterie.

SAVAGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant