Run For Life 2

Nouvelle vie

Point de vue de Keïto :

***

On était ensemble. On se sentait si bien tous les deux. L'un sans l'autre, ce n'était pas envisageable. Je mêlais mes doigts à ses beaux cheveux rouge vifs quand elle me demanda : « Keïto, tu seras toujours là pour moi ?

-Bien sûr Neru ! lui répondis-je.

-Mais je ne suis plus là. Enfin pas vraiment Keïto.

-Qu'est-ce que tu racontes Neru ? Tu es dans mes bras, ferme tes yeux... »

Elle se redressa et se retourna vers moi. Elle avait l'air perdue. Je ne comprenais pas pourquoi elle m'avait dit qu'elle n'était pas vraiment là. Peut-être était-elle « ailleurs », dans ses pensées et qu'elle voulait réfléchir à des choses, seule.

« Keïto, réveille-toi, je ne pense pas qu'on puisse rester ensemble, nous sommes dans deux mondes différents...

-Mais Neru, non, je peux emménager au Japon si tu tiens à être auprès de ta sœur Kotoko !

-Ce n'est pas vraiment ça, Keïto, réveille-toi... »

***

J'avais rêvé. Elle avait pourtant l'air si réelle. Je me souviens de ses doux cheveux...

J'avais aménagé sur Tokorozawa, une petite ville à 30 minutes de Tokyo en train. Kotoko me servait de traductrice pour tout ce qui était papiers pour mon logement.

Quant à Millie, elle avait décidé de finir son année de danse à Tokyo, et de rester ne internat, pour ne pas qu'elle soit sous ma charge (si je devais finir en prison, ça aurait été compliqué pour la gérer... Elle aurait sûrement fini en famille d'accueil et ce n'est pas ce qu'elle voulait.) Même Kotoko avait proposé de l'accueillir chez elle mais je pense que le fait que Kotoko soit la sœur de Neru dérangeait Millie.

Nous étions encore tous sous le choc. Kotoko faisait mine de rien mais en vérité, elle souffrait tout autant que nous.

On frappa à ma porte puis celle-ci s'ouvrit : « Allez, debout Keïto ! Bouge-toi un peu ! »

Elle me jeta un sac assez lourd que je reçu sur le ventre. Je poussais un soupir et y jetait un œil pendant qu'elle s'installait sur un fauteuil.

« Qu'est-ce que c'est que tout ça ? demandais-je.

-Des cahiers pour que tu apprennes le Japonais, lança-t-elle.

-Mais je ne resterais pas ici indéfiniment, non ? A quoi bon ?

-Keïto, j'ai une vie à côté d'accord ? Je veux bien tout te traduire et tout mais à un moment, il faudrait que tu commences à apprendre les bases, ok ?

-Tu vas m'aider ?

-Ouais, et quand tu auras les bases, j'aimerais que tu me laisse tranquille avec tous tes papiers, j'ai déjà pas mal de choses à gérer...

-Désolé pour tout ça Kotoko... J'ai envie de rien. Reprends tes livres, je vais aller dire aux flics que... »

Je n'arrivais pas à dire la suite de ma phrase, les mots s'entrechoquaient dans ma tête, je n'arrivais pas à ma dire que j'allais dire cette chose horrible.

Je repris : « Je vais aller dire aux flics que j'ai tué Neru. »

Kotoko me regardait sans dire un mot, les yeux grands ouverts. Je baissais les yeux.

Je me levais de mon lit en poussant le sac de livres par terre. Je pris ma veste, mes papiers et m'apprêtais à sortir quand, Kotoko me retint.

Je me retournais vers elle, honteux de ce que je venais de dire car nous savions tous les deux que je n'y étais pour rien.

Elle posa sa main sur ma joue et se rapprocha de mon visage. Je me sentais mal à l'aise, je ne savais pas comment réagir ni quoi penser de ce geste. Elle me regardait droit dans les yeux. Je n'osais rien dire.

Elle lança : « Keïto, tu es quelqu'un de bien, ne gâche pas cette vie qui s'offre à toi. Reste ici, et ouvre ces livres d'apprentissages. Mets-toi dans autre chose. Ne reste pas bloqué dans le passé, même si tu ne peux pas oublier, sinon, tu ne pourras plus avancer... »

Je la regardais droit dans les yeux. Je revoyais le visage de Neru. Je ne savais pas trop quoi penser. Mais c'était vrai, Kotoko avait raison. Il fallait que je me bouge.

J'osais alors lui répondre : « Merci Kotoko ».

Je la pris dans mes bras. Elle fut surprise mais ne me repoussa guère. Je voulais ressentir la sensation que j'avais eu la première fois que Neru m'avait pris dans ses bras. Quand nous avions chacun nos chambres... Elle était tellement belle...

Kotoko mit fin à notre étreinte et déclara : « Je dois y aller, j'ai des rendez-vous et tout... Commence à apprendre l'alphabet le plus basique, l'Hiragana, quand tu sauras le lire et l'écrire, je pourrais t'apprendre les bases, ok ?

-Oui, merci Kotoko. Fais attention à toi.

-Ne n'inquiète pas pour moi. »

Je m'inquiétais plutôt sur ce que j'allais devenir. Je n'avais aucune envie d'apprendre le japonais, non pas que je n'aimais pas cette langue. J'aimais beaucoup sa sonorité qui sonnait comme une douce mélodie mais, je n'avais aucune motivation.

Je me jetais alors sur mon lit et fermais les yeux. Je voulais revoir le doux visage de ma princesse. Je revoyais le seul sourire que j'avais pu admirer.

Je voulais dormir. Dormir et ne plus me réveiller. Je me sentais vide. Je n'avais envie de rien. Soudain, mon téléphone sonna. Je répondis : « Allo ?

-KEITO TU ES ENCORE EN VIE !!!!!! cria la voix au téléphone.

-Millie ?

-OUI !!! Je croyais que tu déprimais du coup je me suis dit que j'allais t'appeler pour qu'on fasse un truc ! Alors, on sort ?

-Millie. Kotoko t'as contactée ?

-Euh, non, j'avais juste envie qu'on se voie, j'ai fini mes répétitions plus tôt !

-Ok, on peut se voir. On se rejoint où ?

-Au Mc Do ? Ils parlent anglais là-bas, on devrait s'en sortir !

-Okay, mais je n'ai pas très faim, Millie.

-Ok, je prévoie un entonnoir pour t'enfourner tout ça dans le gosier !!! ria-t-elle.

-Oui, fais donc ça... A toute à l'heure. »

Je raccrochais et me levais de mon lit tout en saisissant ma veste. Je pris les clés de mon logement et franchis la porte tout en prenant soin de la refermer à clé. J'espérais que passer du temps avec Millie me ferait du bien...