Creep - Partie I

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Noëlia

Pour l'amour du ciel, tiens-toi droite, s'il te plait Noëlia.

— Oui, pardon Maman...

Je n'arrive pas à y croire. D'ici une semaine à peine, je serais diplômée. Enfin ! Non pas que le temps m'ait paru intensément long, seulement la fin du lycée signifie énormément pour moi. Outre l'université que je redoute autant que je l'espère, je sais que ma vie va changer. Pour de bon. Est-ce que j'ai des doutes ? Oui, un nombre incalculable. Debout sur le tabouret de la cuisine, ma mère s'affairant à mes côtés pour reprendre l'ourlet de ma robe de cérémonie, je ne cesse de textoter. Non pas que je sois accro aux réseaux sociaux, juste que j'ai besoin d'avoir de ses nouvelles.

A quoi est-ce que vous vous attendiez ? Bien sûr qu'il y a une histoire de garçon là-dessous.

— Chérie, pose ce téléphone, Dylan ne va pas te faire faux-bond, tu peux lui faire confiance, alors arrête de t'inquiéter et cesse de bouger que je puisse finir cet ourlet !


Moi ? Faire confiance à Dylan Winchester ? Si seulement elle savait ! Mais aux yeux de tous, Dylan est le meilleur ami par excellence, celui qui se casserai une jambe pour moi. D'ailleurs, il l'a déjà fait mais là n'est pas la question. Ma mère adore Dylan, si elle pouvait, elle lui vouerait un culte. Elle agit avec lui comme elle agit avec moi, comme une mère avec son fils. Et pour cause, elle a été sa nourrice pendant près de quinze ans. C'est elle qu'il allait voir lorsqu'il avait un soucis, elle encore qui le réprimandait pour toutes ses bêtises. Elle encore qui l'a inscrite au foot parce que, et je cite, "ce petit ange a besoin de se défouler". Il est le fils qu'elle n'a jamais eu. Margareth Daniel ignore juste que ce "fils" et sa véritable fille ont une relation totalement... Bizarre ? Oui, bizarre. Ou malsaine. Je ne suis pas assez bête pour lui dire que notre couple d'amoureux que nous formions à l'âge de quatre ans a pris un tournant beaucoup plus sérieux et moins traditionnel des années plus tard.

Je sais, vous n'y comprenez rien. Moi non plus.

Juste qu'aux yeux de ma mère, notre relation n'a jamais dépassé la limite amicale, voire fraternelle. Comment suis-je au courant de cela ? Ma mère peut passer dix heures au téléphone avec sa meilleure amie. Il m'arrive donc d'entendre parfois, de ci de là, des bribes de conversations. "Dylan et Noë ? Mais non, enfin, il la considère comme sa petite sœur ! Je ne compte plus le nombre de fois où il l'a présenté comme ça à des camarades de classe." Bien sûr maman, Dylan ne voit en moi que ça. Sa petite soeur. Et accessoirement sa sexe friend. Oui.

Moi ? Et bien je ne l'ai jamais présenté comme mon frère. Juste comme mon ami, le meilleur, celui qui est prêt à se prendre une balle pour moi mais qui me brise le cœur en miette. Celui qui me dit que sans moi il serait perdu mais qui passe des week-ends en compagnie de la plus belle et riche jeunesse de notre beau Royaume de Darmelv voir de l'Europe. Celui qui m'a offert une bague et à qui j'ai offert ma virginité. Celui-là même qui a accepté de m'accompagner au bal de mon lycée où il risque de draguer tout ce qui bouge. Dans le jargon habituel, on appelle ça un connard. Moi je l'appelle juste Dylan. Ou abruti, ça dépend des jours.

C'est le grand drame de ma courte vie.

J'exagère à peine. Aux yeux de tous, c'est ce que je suis. La meilleure et très discrète amie de Dylan Winchester, amie secrètement amoureuse de ce mec de dix-sept ans, gaulé comme s'il en avait 5 de plus, dont les boucles brunes lui donnent un air sauvage et les yeux bleus le visage du plus tentateur des anges. Il est intelligent et sportif. Drôle et sympa. Gentil et sûr de lui. Parfois trop. Il m'a surprise un jour, un sourire stupide sur le visage, en train de regarder une vidéo de Julian de Montazac, vous savez, l'un des meilleurs partie du pays. Il m'a demandé pourquoi je perdais mon temps à fantasmer sur ce mec alors que je l'avais lui, en chair et en os.

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