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"Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
Mais à quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis"
— Est-ce ainsi que les hommes vivent, [ Louis Aaragon ]

Yoongi tapota les poches de sa veste à la recherche de ses clés. Il grogna de mécontentement et fourra ses doigts dans la poche arrière de son pantalon. Un minuscule sourire étira ses lèvres lorsque le métal froid de l'objet entra en contact avec sa main puis il le brandit devant lui, fier d'avoir réussi à poser les mains dessus. Alors qu'il s'apprêtait à taper le code pour entrer dans la résidence, un faible bruit derrière lui l'en dissuada. C'était un faible reniflement, presque inaudible, mais assez fort pour que Yoongi se rende compte qu'il y avait quelqu'un derrière lui. Il se retourna doucement.

Le soleil flottant dans le ciel faisait briller les cheveux roux du jeune garçon et rendait sa peau encore plus blanche. Ou peut-être était-il vraiment plus blanc. Il avait les yeux rouges, bouffis, et encore rempli de larmes prêtes à se déverser. Il mordillait très fortement sa lèvre pour s'empêcher de pleurer, bientôt, une goutte de sang s'en échappa. Ses joues semblaient encore plus creuses que la veille, ses petits poings serrés sur son t-shirt trop grands, ses bras mis à nus étaient complètement meurtris. Il laissa tomber son sac de cours sur le sol et encra ses yeux dans ceux de Yoongi. Un flot de sentiments traversa ce dernier qui réprima tant bien que mal un frisson. Ce fut la goutte de trop, le rouquin fondit en larmes, à genoux sur le sol, le visage dans ses mains. Le plus vieux se précipita sur lui et s'accroupit à sa hauteur. En le détaillant silencieusement des yeux, sa vue devint subitement flou. Il ne savait pas pourquoi mais le voir comme ça l'affectait énormément, c'était pour lui une scène insupportable. Alors doucement il vint s'asseoir à côté du plus jeune et affectueusement, il posa sa main droite sur sa tête pour l'attirer contre lui. Il laissa ses doigts s'emmêler dans ses cheveux flamboyants alors que la petite main de l'étudiant venait serrer son t-shirt de toute ses forces, gémissant de tristesse dans son cou.

- Chut..., lui murmura Yoongi, tout va bien, je suis là...

Pendant encore quelques minutes il laissa ses doigts caresser les cheveux de son petit protéger tout en le réconfortant au son de sa voix douce et chaude. Les pleurs cessèrent peu à peu, et doucement, comme s'il appréhendait un regard jugeur pointé sur lui, le rouquin releva la tête vers Yoongi. Ses yeux larmoyants lui fendirent le cœur.

- Allez, viens, on monte chez moi...

Il l'aida à se lever, attrapa son sac et tapa enfin le code pour entrer dans la résidence. Sa main attrapa automatiquement celle du rouquin puis il le tira dans l'escalier. Le plus jeune le suivait sans vraiment faire attention aux marches, il gardait son regard brisé rivé sur leurs mains entrelacées en s'empêchant de pleurer.

En un clin d'œil, l'étudiant se retrouva assit sur le canapé, une petite couverture sur lui, un chocolat chaud en main, à raconter difficilement ce qu'il s'était passé à Yoongi.

- Quand je suis rentré hier soir, commença-t-il faiblement, la voix enrouée à cause du nœud présent dans sa gorge, quand je suis rentré hier soir, la première chose que j'ai fais c'était d'allumer mon ordinateur pour vérifier mes réseaux sociaux. Je m'attendais à recevoir des messages d'insultes, comme d'habitude, et c'était le cas. Seulement, ils me paraissaient encore plus poignants. Et puis un nouveau surnom a fait son apparition. Le « pédé invisible ». Je ne sais pas comment ils ont su que... que j'étais homosexuel... je ne l'ai dis à personne et je ne comprends pas pourquoi est-ce qu'un garçon qui aime un autre garçon devrait être traité de la sorte... je ne leur ai rien fais... alors pourquoi est-ce qu'ils s'acharnent sur moi ?

Voyant qu'il était prêt à pleurer une seconde fois, Yoongi le serra contre lui et frotta lentement son épaule d'un geste réconfortant.

- L'humain peut faire preuve d'une grande immaturité, tu sais... être homosexuel n'est pas une bonne raison pour détester quelqu'un. Mais dis-moi... tu n'es pas allé en cours ?
- Oh... si, si. J'y suis allé. Je suis obligé. Toute la journée, encore une fois, j'ai subi des insultes. Encore une fois, on m'a harcelé. Encore une fois, j'ai été rabaissé. Ils... ils m'ont demandé pour combien est-ce que je pouvais "sucer"... je... je ne comprends pas pourquoi est-ce que je dois subir ça..., gémit-il en enfouissant son visage dans l'épaule de Yoongi qui l'écoutait attentivement, horrifié d'entendre ce que le rouquin devait supporter au quotidien.
- Tu sais, quand quelqu'un cherche à te rabaisser, le seul moyen d'arrêter est de montrer que ça ne t'atteint pas, que tu passes outre les insultes et les pensées mauvaises des gens. Mais...

Il s'écarta légèrement de l'autre et attrapa doucement l'un de ses bras, tout en faisant très attention, comme s'il allait se cassé à un simple effleurement. Il laissa ses doigts retracer le nombre incalculable de cicatrices présentes sur sa peau et approcha son poignet de ses lèvres. Il souffla doucement dessus sous le regard intrigué du plus jeune qui ressentit un frisson le prendre de toute part. Les lèvres de Yoongi se posèrent sur son poignet où il y déposa de petits baisers comme s'ils avaient le pouvoir de guérir les blessures irréparables du jeune homme.

- Ne refais plus ça...


13.09.2017

𝑷𝑰𝑨𝑵𝑶 𝑨𝑵𝑫 𝑪𝑰𝑮𝑨𝑹𝑬𝑻𝑻𝑬. (YOONMIN) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant