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“les gens blessés font mal aux gens
Les gens blessés, si fatals
En cercle encore et encore nous allons
Je suppose que nous sommes habitués à la douleur
Tout le monde a le cœur brisé”
— Hurt people, [ Jack & Jack ]





Il aurait espéré que ce miroir en face de lui déforme l'image qu'il renvoyait de lui-même mais malheureusement ce qu'il avait devant lui était la triste vérité. Des paquets de sucreries vides, un paquet de chips à moitié entamé dans ses mains si fines mais qu'il estimait si boudinées, des cheveux bruns complètement décoiffés, un visage marqué par la fatigue et la dureté de la vie, ruiné par les larmes et la terreur, un corps squelettique qu'il disait grassouillet, lui tout simplement. Sa petite main piocha dans le paquet de cochonnerie qu'il tenait dans la main puis avala la première bouchée, puis une deuxième, puis une troisième, prenant des poignée un peu plus grosse à chaque fois malgré ses larmes et les hauts le cœur qu'il réprimait tant bien que mal. Il se dégoûtait, il avait envie de vomir rien qu'en se voyant, lui et son air pitoyable. Il enchaîna poignée sur poignée jusqu'à ce que le paquet ne soit vide, alors il le laissa s'échouer sur le sol de la chambre pour rejoindre les quatre autres paquets de gâteaux puis attrapa un second paquet de chips pour l'ouvrir. L'odeur l'écœura au plus au point et pourtant il continua ainsi pendant plusieurs minutes à regarder son reflet dégoûtant.

Park...

Il cessa tout mouvements, soudainement pétrifié par cette voix fluette aux allures aguicheuses et enjôleuses. Sa respiration se fit plus rapide malgré lui et il dû se faire violence pour ne pas laisser entendre de sanglots. Faisant comme si cette voix n'existait pas, il continua de s'empiffrer en prenant quelques pauses tout de même afin de ne pas tout dégobiller, même s'il savait pertinemment qu'il allait le faire juste après.

Park... c'est comme ça que tout le monde t'appelle non ? Tu es pathétique, regarde toi.

Un souffle tremblotant s'échappa d'entre ses lèvres tandis qu'il essuyait d'un revers de manche les larmes qui coulaient à torrent sur ses joues creuses mais qui, pour lui, étaient bien plus que rondes. Il passa une main grasse dans ses cheveux et continua d'ouvrir paquet sur paquet.

Tu crois qu'il t'aime, ce Min Yoongi, mais c'est faux ! Il va t'abandonner.

Elle criait, désormais, et c'était d'autant plus insupportable pour le brun qui essayait tant bien que mal de passer outre cette horrible voix qu'il avait pourtant habitude d'entendre. Sa terreur ne fit que grandir lorsqu'il comprit que ce n'était pas juste une voix, mais bien plus. Elle était là. Dans la même pièce que lui.

Tous les autres t'ont abandonné, il le fera aussi, je le sais et toi aussi.

Un souffle froid chatouilla sa nuque, passa sous son t-shirt, ébouriffa ses cheveux, lui glaça le sang. Une caresse se fit sur son bras droit, puis dans son dos. Pétrifié sur place, il continua de finir les paquets de chips tout en sanglotant comme un enfant.

Je suis là, moi, Ana est et sera toujours là pour toi.

Un sursaut le prit lorsque, les yeux ouverts, il remarqua une ombre féminine dans le miroir, juste derrière lui. Elle était réelle. Les longs et fins doigts squelettiques de sa main glissèrent de son épaule jusqu'à son poignet qu'il retira avec une vitesse fulgurante.

𝑷𝑰𝑨𝑵𝑶 𝑨𝑵𝑫 𝑪𝑰𝑮𝑨𝑹𝑬𝑻𝑻𝑬. (YOONMIN) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant