Chasseur se promenait dans les rues de Nice, entre la mer et les étalages des commerçants. Ses longs cheveux blonds-dorés volaient au vent, ses yeux bleus brillaient sous le soleil et son sourire éclatant montrait des dents blanches et lumineuses. Chasseur était grand, très grand, il était rare de trouver quelqu'un plus grand que lui. Ses grandes ailes brunes d'aigle battaient de temps en temps. La particularité des aigles et des autres oiseaux était que, contrairement aux autres animaux, leur corps n'était pas recouvert de plumes. Seules leurs ailes différenciaient les races d'oiseaux les unes des autres. Ainsi, cette grande espèce contenait les mammifères et leurs fourrure, les reptiles ( bien que rares ) avec leurs écailles et les oiseaux avec leur corps nus et leurs ailes.
Chasseur entendit un rire, ou plutôt un gloussement, il se retourna et vit un groupe de filles le regarder avec un regard émerveillé. Il passa sa main dans ses cheveux légèrement ondulés aux reflets dorés. C'est vrai qu'il ne les avait pas coupés depuis un bon bout de temps. Mais il aimait bien ses cheveux. Il n'avait pas envie de les couper. Ils lui arrivaient désormais en dessous des épaules, presque à la taille.
-C'est ridicule ! On dirait une fille ! Disait son meilleur ami.
-Mais non ! Ne l'écoutes pas ! Tu es le plus beau ! Lui disait sa mère.
Chasseur habitait seul depuis peu, il allait voir ses parents tous les dimanches. Car ses parents s'inquiétaient beaucoup pour lui. Cela les rassuraient de le voir en bonne santé et de lui offrir un repas. Car ses parents lui payaient ses études et sa nourriture, et son loyer, mais savoir leur fils loin d'eux alors qu'ils ont toujours pu veiller sur lui, les souciaient beaucoup.
Chasseur s'arrêta devant un étalage de légumes.
-Alors, Chasseur ! Comment ça va ? Les cheveux toujours aussi long ? plaisanta le marchand.
-Oh ! C'est bon ! Toi, c'est pas tes cheveux qui sont longs, c'est ta barbe ! répondit l'intéressé.
Car, en effet, le marchant avait une longe barbe noir toute frisée, couvrant son menton et sa bouche.
-Alors, qu'est-ce que tu veux ? reprit le vendeur. Sers-toi !
Chasseur prit des carottes, de la salade, des tomates, pas d'endives, il détestait l'endive, et plein d'autres légumes dont il avait besoin. Après les avoir payés, il continua sa marche et s'arrêta devant l'étalage de poissons. La vendeuse, c'était la Jeune Fille du Port. Personne ne savait son nom, mais tout le monde l'aimait bien. Elle était un chat, elle avait une fourrure noire, des yeux verts, un sourire toujours aux lèvres, un grand foulard cachant intégralement ses cheveux et toujours de longs habits colorés cachant entièrement son corps. On voyait un tas de tissus d'où dépassait une petite tête noire qui suffisait à charmer les visiteurs. Il faut dire que le poisson se vendait bien ! Mais l'argent ne lui revenait qu'en petite partie. On racontait qu'elle était très pauvre. Chasseur acheta un poisson et regarda la jeune femme qui releva la tête, et leurs deux regards se croisèrent. Je crois que si Chasseur devait revoir ce regard un jour, il le reconnaîtrait tout de suite.
Chasseur était troublé par ce regard innocent. La jeune femme sourit, et ajouta :
-Vous voulez autre-chose ?
-Heu, non, merci ! répondit le jeune homme, désorienté.
Il partit du stand et s'assit sur le banc le plus proche. Toute l'après-midi, il regarda les gens acheter le poisson et la Jeune Fille du Port leur sourire inlassablement.
Le soir venu, la jeune vendeuse commençait à ranger ses affaires, en fait, elle n'en avait pas beaucoup, et partit. Chasseur se leva et la rattrapa. Les rues d'habitude si bondées étaient vides et sombres.
-Salut ! commença Chasseur.
La jeune femme, surprise, sursauta et se retourna d'un coup.
-Ah, salut ! répondit-elle d'une voix peu assurée.
-Je t'ai fait peur ? demanda Chasseur.
-Heu, je ne t'avais pas vu !
-Comment tu t'appelles ?
-Pourquoi cette question ?
-Parce-que personne ne sait ton nom. Tout le monde t'appelle la Jeune Fille du Port.
-Ah, c'est vrai ? Pourquoi ?
-Parce-que tu es jeune, tu es une fille et on ne te vois qu'au port.
-Comment savez-vous que je suis jeune ?
-Ça se voit sur ton joli visage.
Chasseur fit un pas ver elle, mais la jeune fille recula d'un pas. Elle reprit :
-Féline.
-Quoi ?
-Je m'appelle Féline.
-Enchanté, Féline, moi, c'est Chasseur.
-D'accords. Chasseur.
-Tu n'as pas de famille ?
-Pas ici.
-Tu n'as pas d'amis ?
-Ben si, toi !
-Tu as le sens de l'humour !
-Non ! Tu es le premier de cette ville à me poser ces questions, tu sais mon nom, n'est-ce pas une preuve ?
-Il y a plein de gens qui connaissent mon nom et qui ne sont pas mes amis !
-Peut-être, mais moi, c'est pas pareil !
-Pourquoi ?
-Je t'expliquerais quand j'aurais ta confiance.
-Tu n'as pas ma confiance ?
-Non pas encore.
Et Féline partit au loin et disparut au coin d'une ruelle. Chasseur la regarda s'éloigner jusqu'à ce qu'elle disparaisse, puis se dit qu'il était fou, qu'il ne la connaissait pas, mais qu'il la connaissait, tout s'embrouillait dans sa tête. Il rentra ensuite chez lui, le cœur en fête.
Il s'allongea sur son lit et s'endormit, avec, dans la tête, l'image d'une jeune femme mystérieuse qui lui livrerait bientôt tous ses secrets. Elle ne les livrerait qu'à lui, ce serait secret, il faudrait éviter les questions des autres, et puis, un jour, elle l'embrasserait, ce serait génial, ce serait comme une aventure, Chasseur rêvait d'aventure.
Il était loin de se douter que tous ses rêves se réaliseraient, il était loin de se douter jusqu'où tout cela l'emmènerait.
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Le Chat Noir (réécriture)
FantasyDans un monde parallèle au notre ou les humains ont des traits d'animaux, un bandit, un voleur, le Chat Noir, court toujours. Chasseur, un jeune aigle d'une ville côtière, est loin de se douter que son destin est sur le point de changer. Cette versi...