Aucun autre monde

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C'est à soi que l'on doit tout.

Pas à des personnes ni à des choses, mais à soi-même.

Amélia lévite entre les évènements. 

Assise sur la balançoire d'un parc, elle s'enivre d'un livre, toujours musique dans l'âme.

Son éternel Chopin détonne ses notes de musique, l'enfermant dans un autre monde.

Elle sent une nouvelle fois son écouteur la quitter, mais la jeune femme ne se retire en rien de sa lecture, sachant déjà l'auteur de ce geste.

La tête dans les nuages, Amélia se sent l'héroïne du livre.

Mais alors que ses derniers rêves semblent vouloir se consacrer aux éminentes pages du bouquin, une sonnerie de téléphone interrompt le paisible de la jeune femme.

C'est celui du voisin qui chante.

Louis décroche.

- Rose ? Pourquoi m'appelles-tu, je croyais qu'on avait passé un accord. - ... - Tu te fous de moi? - ... - Écoutes, j'en ai marre, allez vous faire voir toi et père. - ... - Quoi...? - ... - Je...

La sonnerie signifiant le départ de la dénommée Rose résonne du cellulaire et Louis perd son regard devant lui quelques minutes.

Puis il remarque enfin les yeux d'Amélia sur lui.

Ils ne dénoncent rien. Pas de choc, pas de surprise, pas d'accusation, pas de peine à son tour.

Rien du tout.

Elle se lève, récupère l'écouteur qu'il lui avait emprunter, et s'en va.

Comme si aucun autre monde ne pouvait leur exister, elle a été arrachée à son nouveau bonheur, comme lui.

Ce n'est pas de la faute de Louis.

Mais de la sienne.

C'est à soi que l'on doit tout.

Sur une autre Terre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant