Sur une autre Terre.

Entre vie et mort

Son reflet l'observe dans le miroir avec dégoût.

Il le regarde comme on regarderait un sans-abris avec pitié.

Il le regarde comme un cheveu dans la soupe.

Il le regarde comme une météorite au milieu des étoiles.

Il le regarde comme s'il avait causé la guerre, la famine, la maladie.

Il le regarde.

Il se regarde.

Sa main s'approche de son visage, comme si ce n'était pas la sienne.

Et elle s'écrase sur sa joue.

" C'est tout ce que tu mérites, dit le reflet. "

Un jour, il est né, et depuis, il meurt.

Il a peur.

Peur de la mort, de lui-même.

Il a peur de savoir comment il va finir.

Probablement dans un cimetière, assassiné par ses propres actes.

Probablement dans un cimetière, seul, comme sur la Terre.

" N'étais-ce pas ce que tu voulais ?, demande son reflet d'une voix haineuse. Tu ne disais pas vouloir terminer sans personne, sans rien ? "

Il a raison. Et il le sait.

Des larmes brûlantes coulent des yeux de Louis. 

Sa respiration s'incendie, ses battements de coeur semblent vouloir créer un orage dans son corps.

Il n'est pas fou. Ou pas complètement.

Il s'en veut. Il s'en veut terriblement.

" Et de toute façon, même si tu voudrais vivre de nouveau par tous les moyens, ce serait impossible. "

- C'est faux ! J'en suis capable, quelqu'un peut encore m'aider !, hurle Louis, les entrailles au bord des lèvres.

Il n'y croyait lui même pas. Un seul mot résonnait dans son esprit.

Seul. Seul. Seul.

" Ah oui ? Et qui ? Cette Amélia ? Ce n'est qu'une inconnue. Elle est comme toi Louis. Elle repartira de toute façon, et tu ne pourras pas la retenir ! Tu seras seul. Seul pour toujours ! "

La tête de Louis est sur le point d'exploser.

Il se sent énervé, impuissant, brisé.

Il se sent comme un équilibriste sans fil au dessus du vide.

Et qui tombe, tombe. Ne s'arrête pas de tomber.

" Seul ! Seul ! Seul ! Seul ! Seul ! "

Le point de l'homme s'écrase sur le miroir, le faisant voler en éclat.

Lui aussi, il vole en éclat.

Il n'a personne. 

N'étais-ce pas ce qu'il voulait, après tout ?

Même sans reflet, les voix ne s'arrête pas.

"C'est tout ce que tu mérites. "

C'est sa voix qu'il entend.