Chapitre 7

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Au point mort

Elsa

La sonnerie de midi trente venait à peine de sonner à l'intérieur du grand bâtiment principal, qu'une foule d'élèves pressés s'en échappait déjà pour profiter du soleil. Un soleil de plomb qui sans mon chapeau et mes lunettes de soleil m'aurait déjà affligé de coups de soleil et gratifié d'une belle insolation. Attrapant l'appareil photo qui pendait autour de mon cou et retirant à contre-cœur mes lunettes afin de placer mon œil vers l'objectif, je pris quelques clichés des élèves sortant du bâtiment tels des bagnards goûtant à une liberté qui leur avait été pendant trop longtemps confisquée. Jetant un coup d'œil ensuite aux photos que je venais de prendre, je ne pus retenir un long soupir. J'étais définitivement très mauvaise pour les portraits ou photos d'individus. Les paysages m'allaient bien mieux. Je me détournai donc de la foule glapissante pour m'intéresser à la forêt non loin de là. Mais très vite, je me lassai de la prendre en photo ayant l'impression de tourner en rond depuis le début de la matinée. Je connaissais ce boisée par cœur et en avais photographié tous les recoins. Je ne trouvai plus d'intérêt à en prendre des clichés.

Alors que le cliquetis de mon appareil photo ne cessait pas pour autant, mes pensées se mirent à divaguer sur les derniers jours. Je n'étais pas aller en cours du tout le jour de la rentrée. J'en avais assez de me farcir sans cesse les mêmes discours démoralisants des profs et leur cours que je connaissais par cœur. Brown ne m'avait rien dit pour le premier jour, mais lorsque j'eus réitéré mes absences le deuxième et troisième jour de cours, elle m'avait convoqué dans son bureau. Je n'avais pu m'empêcher de rire lorsqu'un des pions était venu me l'annoncer. En me convoquant de manière si « officielle », Brown souhaitait me montrer bien distinctement toute son autorité en tant que chef d'établissement. Mais je la connaissais et je savais très bien qu'elle me contrôlait autant que je la craignais, c'est-à-dire pas du tout. Alors lorsque j'avais débarqué dans son bureau, même pas vêtue de l'uniforme de l'établissement et qu'elle avait commencé sa liste de reproches absurdes, je lui avais dit, mot pour mot, d'aller se faire foutre.

J'avais observé pendant un long moment, le sourire aux lèvres, son air abasourdis, ses yeux ronds et ses joues rouges de colère. Je n'attendais alors que ça, l'explosion du volcan si longtemps éteint, l'éruption violente, dévastatrice et chaotique qui déferlerait sur moi. En réalité, j'espérais du plus profond de mon âme qu'elle péterait un câble, qu'elle me hurlerait dessus, qu'elle me remettrait à ma place, qu'elle m'effraierait ou même qu'elle me virerait de son école et de sa vie. J'avais besoin de retrouver une figure d'autorité, d'avoir quelqu'un dont je craindrai et me soucierai des réactions. J'avais besoin que Brown suscite mon intérêt, qu'elle m'attendrisse. J'avais tant besoin de l'aimer comme une mère, de regretter de l'avoir blessée, d'avoir envie de la prendre dans mes bras, de l'embrasser pour la réconforter, de lui murmurer que je ne recommencerai plus.

Mais Brown resta coite, et aucune once de regret n'effleura mon cœur.

Elle avait simplement secoué la tête avec regret et m'avait dit de sortir.

J'aurai aimé retenir mes larmes, je ne voulais plus pleurer et surtout pas pour Brown. Mais ce fut rapidement trop dur et les larmes coulèrent toutes seules. Mais je ne pleurai pas pour Brown, je pleurai pour moi. Je pleurai pour mes amours perdus.

« Hey Elsa ! Qu'est-ce que tu fais de beau ? »

J'essuyai rapidement les larmes qui perlaient à mes yeux et remis mes lunettes de soleil délaissant mon appareil photo. Clémence s'était approchée de moi, plateau à la main où était disposé une assiette remplie de frites et de quelques légumes verts.

Sorcières : Tome 2 [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant