Morte ou vive
Elsa
Ce nez droit. Cette mâchoire carrée. Ces lèvres roses où se dessinaient si souvent ce sourire étiré, empli de malice et d'une certaine timidité impossible à percevoir lorsqu'on ne le fréquentait pas depuis des années. Et puis, il y avait ce regard. Ce regard noisette parsemés de rayons dorés comme s'il captait ceux du soleil lorsque ce dernier s'y jetait dedans, comme à cet instant. Ce regard plein de vie, pétillant de joie et de malice. Ce regard qui voulait dire tant de choses et si peu à la fois. Ce regard bien plus instructif que quelques mots prononcés. Et c'était moi que ce regard fixait. C'était mon visage qu'il dévorait des yeux. C'était moi qu'il observait avec tendresse, douceur, avidité, réserve. Non pas mon corps, non pas celui d'une autre. Simplement mon visage, aussi imparfait soit-il. C'était dans mes yeux bleu turquoise qu'il s'était perdu, sur ma bouche qu'il s'attardait, mes pommettes qu'il caressait, pour moi que son cœur battait.
Où était-il passé, ce beau jeune homme ? Où avait-il disparu ? Pourquoi m'avait-il abandonné ?
Il essuya les larmes qui roulaient sur mes joues. Son sourire était à présent amer, et un voile de tristesse avait recouvert ses yeux tendres. Il n'était plus le même. Il avait beau me regarder avec toujours autant d'affection, il n'y avait plus cette joie dans son regard. Les filaments d'or y avaient disparu, tandis qu'il se faisait de plus en plus sombre. D'une main tremblante il effleura ma joue encore mouillée, avant de la caresser avec douceur.
Pourquoi son cœur était-il empli de mélancolie ? Que devais-je faire pour l'aider ?
Lentement, il se rapprocha de moi pour déposer ses lèvres sur les miennes. Son baiser fut bref mais pourtant si intense et empli d'amour et ... de désespoir. Il s'éloigna de mon visage et malgré la pénombre je pouvais encore voir le sien. Son beau sourire s'était métamorphosé en une grimace et ses yeux emplis de colère était à présent noir. Sa main à présent confiante et conquérante, arpentait les courbes de mon corps avec aplomb. Elle descendait de plus en plus en rapidement vers le foyer de mes plaisirs. Et lorsqu'elle l'eut atteint, je lâchai un grognement de surprise. Puis, un cri à la fois de plaisir et de souffrance. Je me tournai de nouveau vers lui. Son visage autrefois angélique, s'était grimé en celui d'un homme aux pensées sombres. Ce n'était plus la colère qui dominait dans ses yeux, mais bien la folie. Quant à son sourire, il l'avait certes retrouvé, mais il n'en restait pas moins altéré par le mal. Il me montrait à présent toutes ses dents tâchées d'un effrayant liquide pourpre. Sa main m'avait attrapé par le cou, l'enserrant jusqu'à ce que mon souffle ne soit plus. C'était mon âme qu'il dévorait. Et c'était moi qu'il observait avec avidité et brutalité. Non plus mes yeux, mais bien mon cou d'où s'écoulait à présent mon sang. C'était dans sa saveur qu'il s'était perdu, sur mes veines saillantes qu'il s'attardait, mes parties sensibles qu'il caressait, pour mon pouvoir que son cœur battait.
Qu'avais-je fait ?
J'ouvris brusquement les yeux. Le souffle court je me redressai pour constater que j'étais dans ma chambre. Un coup d'œil à mon réveil me permit de me repérer temporairement. Il était 20h passé. Je passais une main tremblante sur ma nuque trempée de sueur. De brèves images de mon cauchemar assaillait mes pensées. Je me frappai le front, espérant naïvement que cela interromprait le flux d'image.
Les vibrations de mon portable attirèrent mon attention. J'y jetai un œil et m'aperçus que Tina m'avait envoyé plusieurs messages durant ma longue sieste. Elle me demandait où j'étais et si je viendrai à la soirée d'intégration. A vrai dire, je n'en avais pas vraiment envie. Après ma soirée d'hier je préférai rester sobre dans ma chambre et arrêter de faire des conneries. Car ce qu'il s'était passé avec Bob avait été une grave erreur. Je n'aurai jamais dû m'offrir à lui de la sorte, si facilement. Surtout qu'il n'était pas vraiment un bon coup.
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Sorcières : Tome 2 [PAUSE]
ParanormalLorsque tout se brise, ne laissant que des débris de bonheur entre les doigts, Lorsque les masques ne sont plus, Lorsque les sourires deviennent factices, Lorsque le souvenir erre dans les cœurs, Lorsque dans les veines coule le sang doré, Lorsque...