Prologue 1

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Miles Harrogton était un jeune homme plein de rêves dans la tête. De rêves inaccessibles. Depuis son plus jeune âge il aspirait à être un héros. Un aventurier, dont toutes les femmes seraient folles et reconnu dans le monde entier pour ses hauts faits. Son père, le baron Harrogton ne manquait jamais de le rabaisser constamment à cause de son physique malingre. Il lui répétait sans cesse qu'il n'a jamais voulu de fils comme lui. Miles finit donc par partir du logis familial à l'âge de 17 ans, et se mit à flâner aux environs du port de Londres, vivant de menus travaux et d'activités parfois peu recommandables.

Mais Miles ne voulait pas de cette vie, enclavée, morne et dépendante des autres. Lui, rêvait de liberté. Sans limites. Il se laissa donc embarquer dans l'équipage d'un jeune capitaine, qui avait déjà taillé sa réputation, à coups de crochet, dit-on, sur les cadavres des plus grands écumeurs des sept mers.

C'est ainsi que, durant cette grande année de 1716 et à l'âge de 18 ans, Miles Harrogton s'engagea dans la piraterie. Sous les ordres de son capitaine, il écuma les mers et les océans, vivait d'aventures, de rapines, de meurtres, certes, mais la liberté valait bien ce prix.

Puis, un jour, le capitaine n'eut plus qu'une idée en tête. Pour lui qui avait tout accompli, il ne restait qu'un seul défi, celui représenté par Edward Teach, plus connu sous le nom de Barbe-Noire. Une fois qu'il aurait trouvé et tué ce flibustier dans un combat épique, il deviendrait le plus grand pirate de tous les océans. Ce combat eu finalement lieu, près de l'archipel des Outer Banks, en Caroline du Nord. Au moment où le navire du capitaine allait rattraper celui de Teach, Miles se souvient que celui-ci s'envola dans une lumière blanche éclatante. Leur trois-mâts n'eut pas le temps de changer sa trajectoire et s'envola lui aussi dans ce halo que certains auraient même qualifié de divin.

Du voyage, Miles ne se souvient que de bribes, d'étoiles et de poussières. Après ce qui lui sembla être un voyage d'une éternité, lui et l'équipage arrivèrent sur ce qu'il semblait être une île paradisiaque, remplie de forêts, de lagons, et de merveilles. Barbe Noire y avait surement enterré ses trésors et cachait peut être encore d'autres secrets fabuleux.

Ce fut ici, sur un roc noir situé au large de ce paradis, qu'il convient désormais d'appeler Rocher du Crâne, que le capitaine James Hook terrassa celui qui avait été jusqu'à présent son plus grand adversaire. Ce qu'il restait de son équipage se rallia au sien, et James put enfin revendiquer son titre de plus grand pirate de tous les temps.

Mais il n'y avait personne à qui le revendiquer. Les pirates de Hook n'avaient aucune idée de la manière dont ils pourraient quitter cette île. L'océan semblait sans fin, et, quel que soit le cap, le navire de James revenait inlassablement sur les côtes de ce damné roc.

Les milles explorations de l'ile que James Hook ordonna par la suite eurent toutes des résultats pour le moins, inattendus : une tribu de peaux-rouges, des bêtes fantastiques, des fées, des cascades sans fins, des sirènes, un crocodile et un groupe d'enfants, et surtout pas de moyens apparents de rentrer en Caroline du Nord.

Un des enfants attirait particulièrement l'attention : habillé de vert, roux, il semblait être le chef des enfants qu'il appelait « perdus ». Miles trouva cela ironique : tout le monde était donc perdu ici ? Cet enfant se fit rapidement connaître comme étant « Peter Pan » et ne tarda pas à utiliser son étrange capacité à voler pour mettre des bâtons dans les roues de l'équipage.

Au début, James prit cela pour des jeux d'enfants et ne s'en préoccupa pas davantage, mais le temps passant, il se mit à devenir jaloux de ce petit être prétentieux, qui semblait pouvoir aller à sa guise, voyager entre ce monde et le nôtre. Lui qui se jouait de lui, le grand capitaine Hook et le tournait en ridicule, sans la moindre vergogne et manière.

Ce fut ainsi que James Hook ressentit une nouvelle fois le besoin d'accomplir un objectif d'envergure : il empêcherait ce petit chenapan et sa bande de faire comme bon leur semblait ici, par tous les moyens nécessaires, et ajouterait le nom de « Pan » à la longue liste de ceux dont il a triomphé. Cette obsession l'envahit peu à peu, tellement qu'il oublia ne serait-ce que l'idée de rentrer. Qu'il oublia le fait qu'ici l'on ne vieillissait apparemment pas. Le fait que l'on ne tombait jamais malade. Le fait que tout ce qui pouvait faire le plaisir d'un pirate n'existait pas.

Les Rêves se cachent pour mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant