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Cher parents.

Le temps semble si long sans vous. Une journée passe puis une deuxième et une troisième. Trente et un jours se sont passés depuis votre mort. Ce drame qui a bouleversé ma vie. Un drame plus qu'horrible qui me tue. Je me décompose petit à petit et je veux que personne ne m'en empêche. Je veux être seule, un petit peu. De toute façon ce n'est pas très compliqué de trouver un coin pour être tranquille car il n'y a jamais personne avec moi. M et Mme Gonifar ne se soucient aucunement de moi. Ils sont plus attirés par leur argent et les vêtements qu'ils vont porter le soir. On m'avait promis qu'ils s'occuperaient bien de moi. Je crois que l'on m'a menti. Je n'éprouve aucune compassion envers ces gens. Ce sont des bourgeois trop occupés et obsédés par l'argent et leur image.

J'ai changé. Je ne suis plus comme avant.
La petite fille souriante et heureuse qui courait dans le jardin a été remplacée par une espèce de monstre qui ne sourit plus. Une fille sans âme. Je ne suis plus qu'un objet. Figée, une sculpture de glace qui fond petit à petit. Je suis ce dessin sur une nature morte.Cette petite fille que je me remémore était comblée.
Je revois ses cheveux roux, fins et bouclés voler au vent. Sa petite bouche toujours souriante dévoilait de mignonnes petites dents de lait blanches. Son petit nez en trompette était si mignon sur son doux visage. Comme quoi un sourire change la personne.

Je ne veux plus parler. Je ne veux plus manger. Je ne veux plus bouger. Je m'enferme dans mon monde. Un monde parallèle. Quand je rêve ( ce qui devient de plus en plus rare car je ne dors plus), je vous vois me souriant, je m'approche de vous mais un mûr invisible me retient et pourtant vous n'êtes qu'à quelques mètres. C'est ces mètres là qui me souffrir. Cette barrière invisible qui est la mort entre vous et moi. Un univers qui nous semble opposé. Ça fait mal comme un couteau que l'on vous enfonce dans le dos.

Je suis en colère, mais je ne le montre pas. Les médecins s'inquiètent pour moi mais je m'en fiche. Maintenant, ma seule obsession est de vous rejoindre ou de me venger de cet homme, mais dans tous les cas je finirais par vous rejoindre.
Je veux me laisser pourrir. Je ne suis plus qu'une feuille d'automne tombée de l'arbre. Elle se fait piétiner, personne ni prête attention. Elle est banale. Elle ressemble à toutes les autres et pourtant...

Je vous aime beaucoup.

Je vous rejoindrais.

Loane.

HéliumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant