L'Enfance Chapitre 2: De Aurore à l'aurore

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Le souffle lui manquait. Cela faisait trop longtemps qu'elle courait. La forêt défilée à toute vitesse sous ses yeux. La créature était rapide, intelligente, elle prévoyait chaque changement de direction de la petite fille. Elle lançait quelques grognements qui faisaient battre plus vite son petit cœur ! La petite, les yeux embués de larmes, se retourna pour voir ou en était son poursuivant. Sa masse sombre, noire comme la nuit n'était pas loin. Elle pouvait presque voir l'ombre de ses deux cornes sur sa tête osseuse, la dépasser. Et son regard vert, lumineux, comme deux lanternes ne la quittaient pas. Paniquant, la jeune fille trébucha sur une branche et s'étala de tout son long. Elle se retourna pour se relever mais trop tard la créature était sur elle, immense !

« Je te retrouverais toujours ! » feula-t-elle à la nuit avant de se jeter sur sa victime.

Aurore se réveilla à ce moment-là en hurlant dans son lit, brûlante et transpirante. Le souffle saccadé. Elle avait l'habitude de faire des cauchemars depuis qu'elle avait une chambre pour elle toute seule. Mais cela faisait la seconde fois que celui-ci la tourmentait ! Et elle avait bien peur qu'il s'invite chaque nuit. En repensant à la créature elle se mit à trembler. Dans le rêve, elle pouvait sentir sa férocité et son envie dévorante de l'attraper. Elle était bien plus impressionnante et dangereuse que tous les monstres que l'on inventait pour que les enfants se tiennent tranquilles. Elle était maléfique. Oui c'est ça se dit Aurore, c'était le bon mot. Elle la surnommerait Maléfique !


...



L'obscurité fut chassée par une lumière tremblotante et douce. Les contours de sa coiffeuse, de sa grande armoire et de son lit lui apparurent et elle fut rassurée. La bougie posée sur la commode éclairée suffisamment pour lui permettre de voir et d'être apaisée, mais elle ne suffisait pas pour alerter sa mère qu'elle ne dormait pas à cette heure aussi tardive. Aurore qui avait son rituel bien à elle, quitta la chaleur de ces draps comme chaque nuit pour aller se contempler dans le miroir. Elle fit une grimace en voyant son reflex. Ses cernes s'étaient encore accentuée. Sa mère allait une fois de plus lui faire tant de reproches, qu'elle gâchait sa beauté avec ses bêtises de petite fille. « Mais je suis une petite fille... » se répétait alors Aurore. C'est vrai qu'elle avait perdu ce teint frais et reposé de ces 5 ans lorsqu'elle dormait encore avec ses sœurs. Mais que pouvait elle y faire si dormir seule la terrorisait à tel point qu'elle ne dormait quasiment pas de la nuit, et ce, depuis bientôt 3 ans déjà. Elle avait tellement eu l'habitude d 'entendre ses sœurs rire ou se chamailler avant de tomber au pays des rêves, que le silence de sa chambre la faisait frissonner. Elle était seule et si le croquemitaine ou le loup des histoires que lui racontait sa sœur Kia apparaissait, personne ne serait là pour l'aider. Ou pire, si Maléfique était réelle. Elle ne réveillerait pas, jamais ! Aurore avait peur de cela, de ne jamais revoir la lumière du jour. Après tout c'est vrai qu'on ne sait pas ce qu'il se passe autour de nous lorsque nos paupières sont closes et notre esprit nourris de rêves. Elle brossa donc ses cheveux châtains assez ternes, pour combattre l'ennuie. Ce geste répétitif la consolait, car cela faisait bien longtemps que sa mère ne lui brossait plus les cheveux. Après un certain temps, elle jeta quelques regardes dans les coins encore un peu sombres de la chambre et lorsqu'elle fut sure qu'il n'y ait aucun monstre caché, elle se dirigeant vers la fenêtre. Un sourire apparut sur son visage marqué par la fatigue, lorsqu'elle constata que le soleil allait bientôt se lever. Elle se mit à fredonner tout doucement, un de ces airs qu'elle apprenait en cours de musique que sa mère l'obligée à suivre. D'après elle une bonne épouse devait exceller dans tous les domaines créatifs. Mais Aurore n'en avait que faire, elle n'avait que 8 ans et ne penser qu'à jouer dans les herbes folles avec ses quatre autres sœurs. Les étoiles dans le ciel commencèrent à disparaître, et la nuit avec. On pouvait entendre les oiseaux se mettre à chanter discrètement et sentir la fraîcheur être moins mordante. Des couleurs de rose et d'orangé firent leur apparition à l'horizon. Comme un tableau, le ciel était un mélange de clair-obscur. Le moment arrivait ! Son moment où elle oubliait sa fatigue et ses angoisses. C'était son moment ! Son moment préféré ! Le moment ! L'aurore !

Il n'a jamais étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant