Chapitre 3

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Le reste de la semaine se déroule sans encombre, nous n'avons plus cours de droit pénal jusqu'à la semaine prochaine, mais je croise de temps en temps Monsieur Tourin dans les couloirs de la fac. En général, il fait comme s'il ne m'avait pas vu, ou alors son bonjour est juste glacial. Je n'ose même plus lever la tête lorsque je le vois, j'essaye de l'éviter au maximum.

— Prête pour ce soir ? demande Agathe en tapant dans ses mains.

— Si on veut.

— Ah non, tu ne fais pas ta rabat joie !

— Je vais essayer, mais tu me connais.

— Malheureusement, un peu trop.

Je hausse les épaules, je sais que je dois y mettre un peu du mien, mais j'ai du mal à me forcer à aimer les fêtes, et les gens qui vont avec.

— Tu sais quelle tenue tu vas porter ? reprend-elle, les yeux pétillants d'espoir.

Je lève les yeux au ciel, je n'ai même pas réfléchi à la question.

— Tu m'avais promis d'y penser au début de la semaine !

— Je sais, soupiré-je.

— Après le cours, je viens chez toi et je t'aide.

— Tu ne rentres pas te préparer ?

— On va chez toi, on te choisi une tenue et on passe chez moi pour nous pomponner.

— Mais j'ai un devoir à...

— Stop ! Je ne veux rien entendre, d'ailleurs je n'ai rien entendu. Et toi tu as entendu quelque chose ? demande-t-elle à Arnold, assis juste à côté d'elle.

Il hausse les sourcils et nous regarde à tour de rôle, le pauvre, il ne sait vraiment pas sur qui il est tombé avec elle. Agathe traine avec une petite bande d'amis de temps en temps, lorsque je préfère m'enfermer à la bibliothèque plutôt que de profiter des derniers jours de beau temps avant l'automne. Ali et Arnold en font également partie, et ils sont tous les deux raides dingues de ma meilleure amie. Je suis certaine qu'ils sont entrés en compétition afin de savoir qui va avoir la chance de la faire succomber à son charme. Les deux bruns ténébreux correspondent au style d'homme qu'aime Agathe, mais Ali ne semble pas rechercher quelque chose de sérieux, il a donc plus de chance d'intéresser mon amie. Elle me répète sans cesse qu'elle aura bien le temps de se caser plus tard, et qu'elle préfère profiter de sa jeunesse avec autant de mecs qu'elle a la possibilité d'avoir.


Comme promis, nous nous retrouvons encore une fois devant mon armoire. Agathe est littéralement dépitée, malgré notre shopping de l'autre jour, elle ne trouve rien qui puisse être digne de cette soirée.

— Pourquoi pas la robe rose que j'ai portée mardi ? proposé-je.

— Jamais de la vie ! tout le monde t'a déjà vue avec !

— Et ?

Elle me regarde de travers, et je lève les mains devant moi pour lui signifier que j'ai compris le message. Ne jamais se confronter à une Agathe en pleine recherche d'une tenue, c'est la règle d'or !

Après dix minutes à faire voler mes vêtements aux quatre coins de la pièce, elle prend un grand sac dans lequel elle en fourre quelques uns et me tire par le bras.

— Ok, c'est bon on peut y aller, déclare-t-elle.

— Tu ne me montres pas ce que tu as trouvé ?

— On verra ça chez moi.

— Je ne valide même pas ton choix quoi.

— Non, pas aujourd'hui.

Coeur de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant