Je dois m'y reprendre à plusieurs fois pour arriver à ouvrir totalement les yeux. J'ai l'impression que quelqu'un s'amuse à jouer du tambour dans ma tête, et que le côté droit de mon visage a triplé de volume. Je regarde autour de moi, mais je ne connais pas cet endroit. Je n'ai pas le souvenir d'être venue ici, je me trouve dans une sorte de garage, si j'en crois les odeurs d'huile de moteur qui me montent à la tête. Je suis allongée sur un matelas, à même le sol, et quelqu'un a dû me couvrir d'un plaid.
Je me lève avec difficulté, attendant quelques secondes que tout s'arrête de tourner. Je m'aperçois avec horreur que je suis à moitié nue, à l'exception d'une large bande qui m'entoure la taille, et qui me cache la totalité du ventre. J'enroule en vitesse le plaid autour de moi, priant pour que personne n'ait rien vu.
- Ah, tu es debout !
Léo se tient devant moi, l'air triomphant.
- Je peux savoir ce que je fais dans cette tenue ? demandé-je un peu plus sèchement que j'en avais l'intention.
- Tes vêtements étaient en lambeaux, et couverts de sang. On t'a fait un petit brin de toilette avant de te mettre au lit.
- C'est toi qui m'a déshabillée ?
- Non, c'est Rose.
Je dois avouer que je suis plutôt rassurée que ce ne soit pas Léo qui m'ait enlevé mes vêtements. Mais j'espère tout de même qu'il n'en a pas profité pour se rincer l'œil. Je remercie intérieurement Agathe qui m'a obligée à jeter tous mes vieux sous-vêtements en coton pour en racheter des plus raffinés, en satin et dentelles colorées.
Il s'approche de moi, ce qui me fait reculer jusqu'à trébucher sur un vieux pneu crevé.
- Je ne vais pas te faire de mal, murmure-t-il.
J'ai envie de le croire, mais un sentiment étrange de danger imminent m'envahit. Les images de la veille me reviennent, des mains étrangères sur moi, le bruit du tissu qui se déchire, le goût du sang sur ma langue. Je me mets à trembler, et avant que Léo ne s'approche encore de moi, je sombre à nouveau.
Tout se mélange dans mon esprit, Monsieur Tourin qui me fixe intensément lorsque je porte la mini robe noire d'Agathe, sa voix grave, ses yeux d'un bleu profond, puis la couleur change, et de bleus ils deviennent noirs ; puis Léo apparaît avec son sourire enjôleur, il danse avec moi dans la boîte de nuit, je sens ses mains sur ma taille, et d'autres mains s'ajoutent aux siennes, elles sont sur tout mon corps, tâtant et caressant chaque centimètre de ma peau, jusqu'à ce que ces sensations soient insupportables, qu'elles me brûlent comme des centaines de flammes.
- Non ! hurlé-je.
Je suis de nouveau sur le vieux matelas, pantelante et en sueur, je ne parviens pas à dissocier le cauchemar de la réalité.
- Hey ma belle, tout va bien, ce n'est que moi, dit Léo.
J'ai l'impression que sa voix résonne dans ma tête, et qu'elle vient de loin. Je bats rapidement les paupières, tentant de faire le point sur ce qui m'entoure. Tout est beaucoup trop flou autour de moi.
- Comment tu te sens ? demande-t-il.
- Pas génial.
Il me fixe d'un air soucieux, et un pli se forme entre ses sourcils. Son regard passe de mon visage à mon ventre qui n'est pas caché par la couverture. Je pose la main sur le bandage et sursaute lorsqu'une vive douleur me transperce. Léo serre les mâchoires.
- Je les retrouverai, ils ne s'en sortiront pas comme ça, grogne-t-il.
Je lève les yeux vers lui, il a le regard encore plus sombre, et plus ténébreux qu'à l'accoutumée. Il ne plaisante pas. Son poing tatoué d'une tête de mort se serre, et je n'ose pas le contredire.
VOUS LISEZ
Coeur de glace
RomanceElena entre dans sa dernière année d'université, dans le Master qu'elle rêvait d'intégrer avec sa meilleure amie, Agathe. Elle s'est donnée pour mission de réussir à tout prix, et de ne pas se laisser distraire de ses études par les hommes. C'était...