11.

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¤ Dead ; Madison Beer.

Incapacité à dormir, de toute la nuit. Tu m'avais brouillé le cerveau en quelques secondes et je t'insultais bien sévèrement dans ma tête lorsque le réveil afficha six heures. Un week-end était fait pour se reposer, mais avec un type comme toi à mes côtés, le repos n'est certainement pas d'actualité. J'entendais les filles qui venaient à peine de rentrer, saoules. Alors, résignée au fait que Morphée m'ait abandonné, je me levais pour les voir complètement hilares sur le carreau de la cuisine. Inutile de préciser que tu dormais bien profondément, comme si rien ne te touchais, tu étais le Roi du Monde, le Roi de mon Monde... Léna peinait à boire son verre d'eau et Janelle à retirer ses escarpins. La scène me fit quant à moi peu rire, elles m'avaient laissé avec un vioque qui n'était autre que toi et qui de plus m'a embrassé pour ensuite s'endormir du « bon côté. »

-    Merci de m'avoir laissé seule, je leur reproches directement en me servant un café, au point où j'en suis, autant commencer la journée maintenant.

-    Roh, comme si c'était une corvée de rester avec Deenou, fait Janelle en parvenant enfin à retirer sa chaussure gauche, plus qu'un petit essai pour la droite.

-    J'avoue, j'espère que vous vous êtes bien amusés, hm, ajoute Léna qui a vidé son verre d'un trait, belle descente.

-    Il m'a embrassé, enfin, on s'est embrassé, j'avoue finalement, froidement et avec amertume, fidèle ami.

Toutes deux me regardèrent déconcertées puis Janelle feignait d'avoir soudainement mal à la tête, elle ajoute « qu'on en reparlera demain », bien que l'on était déjà demain, pour ensuite s'engouffrer dans son lit. Léna la suivit après m'avoir embrassé sur la joue, confirmant ses dires, me laissant ainsi seule avec mon café, attristée. J'appréhendais la journée, mais d'autant plus ta réaction quant à ce baiser inattendu. Allais-tu m'ignorer ? Ou au contraire, passer à la vitesse supérieure ? Mes tergiversations importaient au final peu puisque mon téléphone me coupa de celles-ci, n'annonçant manifestement que des mauvaises nouvelles à cette heure si matinale.



***

-    Comment ça il faut que tu rentres ? m'interroge Janelle tandis que Léna m'observe minutieusement en train de faire mes valises, attendant que je craches le morceau.

-    Problèmes familiaux Janelle, il faut vraiment que j'ailles aider ma mère avec ça, j'explique vaguement en pliant bagages rapidement.

-    Nono, je penses que tu peux leur dire quand même, tente de me persuader Léna.

Je pensais avoir été claire mais apparemment non. Je ne voulais pas que quiconque soit au courant pour mes problèmes, qu'on me prenne en pitié ou quoique ce soit. En apprenant la nouvelle que j'allais sans doutes partir et qu'il fallait me « raisonner », Idriss avait bondit de son lit pour effectuer son rôle, tel un bon soldat. Tous, y compris toi, me regardèrent avec une expression rassurante et je ne pouvais que m'effondrer après cela.

-    Ma sœur est malade, elle est bipolaire et par-dessus le marché, une perverse narcissique, elle a fait une TS hier soir... j'explique avant de baisser la tête par honte.

Je n'en avais jamais parlé, pas parce que je n'en étais pas fière, il était question de ma sœur quand même. Mais les gens avaient souvent l'habitude de me regarder bizarrement après la fameuse révélation et c'était exactement ce qu'ils étaient tous en train de faire. Ma sœur et moi n'étions pas les meilleures amies au monde, pas du tout même. Elle avait été la raison première de ma fuite vers la Capitale, ses coups bas ayant été beaucoup trop pour moi à supporter. Même si elle était malade. Malgré tout, même lorsque ma mère et moi nous téléphonions, je me doutais que ses silences avaient un rapport avec cette peste qui lui causaient encore des soucis. « Ce n'est pas de sa faute », « Tu es trop dure avec elle Nora », « C'est ta sœur », voilà ce que je me prenais en pleine tête dès lorsque j'allais répéter le dernier coup bas qu'elle m'avait fait. Me voler mon petit copain, une autre amie qui m'était très chère puis en passant, presque tout mon groupe d'amis, exceptée Léna. Je me retrouvais seule la plupart du temps et elle, se retrouvait avec les personnes qui m'étaient les plus chères, ne pouvant leur monter au grand jour son vrai visage. Je ne l'avais pas fait parce que je savais ce qu'on allait dire de moi par la suite, « mais quelle connasse celle-là, de balancer sa sœur comme ça. » Alors je me taisais et je subissais.

En principeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant