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Los Angeles peut être extraordinaire sur plein de domaines, mais il y a un endroit qui ne change pas par rapport à Forks, c'est le milieu médical. La salle d'attente du cabinet de kinésithérapie est basique, même froide.

Ça fait 1 semaine que l'on est arrivés dans cette ville, cela fait donc 1 semaine que je viens ici,et je ne parviens toujours pas à me sentir à l'aise. Je ne sais pas si c'est à cause de la couleur des murs vert kaki ou des kinésithérapeutes qui ne sont pas très accueillants. En particulier celui qui s'occupe de mon cas, John Gardner. C'est un homme aigris, âgé d'une cinquantaine d'années aux cheveux grisonnants. Depuis que je le vois, je ne l'ai jamais vu décrocher un sourire. Ça me change de mon beau trentenaire aux yeux verts qui rigole sans cesse de Forks. Quand je le vois s'avancer vers la salle d'attente, je n'ai qu'une seule envie, m'enfuir. Je regrette tellement Adam.

Après la séance, j'attends mon père sur le parking. Je suis si fatiguée que je ne tiens plus sur mes jambes. Je m'assieds contre le mur du cabinet avant qu'elles ne me lâchent.

Mon téléphone sonne. C'est un message d'Ana. Comme elle est partie en vacances en France, je n'ai pas eu de nouvelles d'elle depuis 2 semaines. Je l'ouvre :

"Salut Luna, j'espère que tu vas bien ! Je suis rentrée aujourd'hui. Les vacances en France étaient trop bien. D'ailleurs, j'ai un petit cadeau pour toi et Léah. Je vous le donnerais Lundi au lycée. Vous me manquer, j'ai hâte de vous revoir et j'espère qu'on sera dans la même classe pour notre dernière année. À Lundi !"

En lisant son message, j'ai un sentiment de tristesse qui m'envahit. Je n'ai dit, ni à Ana ni à Léah que j'avais​ déménagée. Comment dire à ses meilleures amies qu'on ne partagera plus la même classe à la rentrée car je déménage 3 États plus ​loin ?

La rentrée c'est Lundi, et elles vont se rendre compte qu'il y a un problème si elle ne me voit pas. Il faut que je leur dise avant. Mais pour l'instant, je n'en ai pas le courage. J'ai 3 jours pour le trouver.

Mon père est arrivé, je me lève, range mon téléphone dans la poche de mon jean et monte dans la voiture.

- Ça s'est bien passé ? demande mon père.

- Comme d'habitude.

Je n'aime pas parler de ma maladie que ce soit avec mes amies ou mes parents. J'ai l'impression de me plaindre, et je ne veux pas qu'on ait pitié de moi. Le reste de la route jusqu'à la maison se fait dans le silence.

Quand on arrive, je monte directement dans ma chambre me changer. Avec les 32°C qui planent dans l'air, je ne supporte plus mon jean. Je le retire et enfile un short, je me sens beaucoup mieux. Je redescends, et me dirige vers la cuisine pour me servir un verre d'eau. Mes parents discutent, je n'y prête pas vraiment attention.

Je n'ai rien à faire. C'est les vacances d'été et je n'ai pas d'amis avec qui passer mes journées. Je m'ennuie depuis que je suis arrivée. Je passe mes journées devant la télévision ou devant mon ordinateur entre 2 traitements.

Après dîner, je décide d'aller courir. Ça me permettra, non seulement, de tuer mon ennui mais aussi de me libérer les poumons.

Je monte dans ma chambre enfiler​ ma tenue de sport, et attacher mes cheveux en queue de cheval. Je descends et prends Lucky avec moi. Je préviens mes parents et sort.

Je mets mes écouteurs et envoie la musique. Je cours sans savoir où je vais. Je suis sortie très peu depuis mon arrivée​. Je décide de courir toujours tout droit, cela me permettra de retrouver plus facilement mon chemin. Lucky me suit sans difficulté.

Après 45 minutes, je décide de faire une petite pause avant de rentrer. Lucky est très sportif mais il commence à fatiguer. Je m'assieds sur un banc entre 2 petits arbres. Le soleil se couche, et il fait frais. C'est agréable. Pendant quelques secondes, j'oublie la maladie. J'ai l'impression d'avoir des poumons en bonne santé mais la réalité me rattrape. Je tousse, violemment, je ne peux pas m'en empêcher, c'est comme si je m'étouffais. Je tousse, encore et encore, jusqu'à en avoir mal.

Après quelques minutes, je réussis à me calmer. Pas de doute, la maladie est toujours là.

Je prends une grande inspiration, puis reprends la route pour rentrer chez moi le plus vite possible.

Je cours, de plus en plus vite, jusqu'à ce que je ne réussisse plus à accélérer. Je parviens à garder le rythme. Après plusieurs mètres, je ne sens plus mes jambes fournir l'effort, c'est devenu comme un automatisme. Je cours sans vraiment m'en rendre compte.

Alors que plus rien ne semble pouvoir m'arrêter, on me bouscule. En quelques secondes, je me retrouve allongé en plein milieu d'une rue de Los Angeles.

- Excuse-moi, je suis vraiment désolé, je ne t'avais pas vu.

Je lève la tête, je vois un garçon. J'ai l'impression de le connaître. Il me tend la main pour m'aider à me relever. J'accepte son aide.

- Heureusement que tu ne m'as pas vu, il manquerait plus que tu l'ait fait exprès.

- Tu es arrivée tellement vite. Je ne t'ai pas fait mal ? demande-t-il inquiet.

- Non, ça va je vais bien.

Mon corps réagit mal à ce mensonge. Je me remets à tousser. J'essaye de me contrôler.

- Tu es sûre que tu vas bien ?

- Oui, je dois y aller.

Je m'enfuis, je me remets à courir le plus vite possible, comme si je voulais m'échapper d'un danger. Courir m'aide beaucoup quand mes poumons sont encombrés. 

Son visage ne fait que défiler devant mes yeux. Je l'ai déjà vu mais je parviens pas à me souvenir où. Après 10 minutes de réflexions, je trouve enfin la réponse ; le groupe de jeunes imprudents. C'est ce garçon qui me fixé. Comment ai-je pu oublier son regard d'un bleu intense ?

Lorsque j'arrive à la maison, aucune lumière n'est allumée. Mes parents doivent dormir. Heureusement, j'ai pris mes clés avec moi. Je rentre sans faire de bruit. Je retire mes chaussures et me dirige vers la cuisine pour me servir un verre d'eau et remplir la gamelle de Lucky. Il a tellement soif, qu'il en met partout.

Je me monte dans ma chambre. Après avoir pris une bonne douche, je me glisse dans mon lit. Je décide d'envoyer un message commun à Leah et Ana. Il faut qu'elle sache que je ne serais pas là Lundi ni les autres jours. Je prends mon téléphone et essaye de trouver les mots justes pour ne pas être trop brusque :

« Salut, j'espère que tous va bien pour vous. Je dois vous dire quelque chose qui n'est pas facile pour moi. Je suis vraiment désolé mais Lundi, je ne serais pas là. Ni les autres jours. J'ai déménagé il y a 1 semaine. Mon père a été muté à Los Angeles, et on n'a pas pu prendre le temps de faire les choses correctement. Je suis vraiment désolé de ne pas être venue vous dire au revoir, mais je n'ai pas pu, ni vraiment eu le temps. Je vous souhaite de passer une très bonne dernière année au lycée. Je vous aime fort. »

Après quelques secondes d'hésitation, j'appuie sur envoyer. Puis j'éteins mon téléphone. Je ne veux pas recevoir leurs réponses maintenant, j'ai peur de leurs réactions.

Je suis tellement épuisé qu'à peine ai-je posé mon téléphone sur la table de chevet, je m'endors.

F.A.L.L : First And Last LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant