Chapitre 25

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Lyra était assise à même le sol dur du chemin. Les genoux repliés, elle regardait avec mélancolie le crépuscule s'étendant devant elle. Un froid sentiment de tristesse se dégageait des rayons gelés de l'astre endormi. Le silence devenait de plus en plus pesant, oppressant, et ne semblait pas vouloir partir, attaché à la terre privée de vie. Le vent était absent, refusant de balayer le cimetière, refusant ce voir ce qui s'était déroulé, refusant d'emporter au loin les débris macabres des souvenirs brisés.

Les joues d'habitude rosées de Lyra était blanche, livide, encore mouillées à cause des larmes qui avaient coulées sans interruption sur le visage emplit de tristesse de la jeune fille. Son regard était perdu dans le lointain, dans un horizon qu'elle ne saurait d'écrire, empli de vieux souvenirs, de peur, de tristesse, parsemé de bonheur. Quelques misérable mois... elle avait cru que tout disparaîtrait en quelques mois. Pourtant, la petite flamme qui l'habitait n'avait cessé de la dévorer, jours après jours, sans jamais s'éteindre. Elle, la jeune fille plein de promesse, se plaignait encore une fois...

Elles se retenait de pleurer :

A quoi bon ? Cela ne ramènera personne... ne changera pas la haine... n' apaisera pas la tristesse... ça ne la rendra que plus ridicule, dénué de sens...

Elle se leva, regarda une dernière fois le rond orange découpant le ciel sombre, avant de lui tourner le dos, et de se mettre en direction de ce qui avait été sa demeure.

Elle entra dans la pièce froide, dénué de vie, d'espoir, désespérément plongée dans le noir de la mort. Lyra était plus calme, elle avait retrouvé sa vigueur d'esprit habituelle. Elle se mit à réfléchir, à parler à voix haute, pour se sentir moins seule, pour essayer de briser le triste silence :

-Tout ce que je vois n'est qu'une illusion... une simple illusion... je dois trouver ce que cette scène cherche à me faire comprendre... avant quelle ne me dévore.

Elle alla dans sa "chambre", et regarda le petit bout de miroir posé sur la commode. Elle sourit tristement, pensant qu'il n'y avait pas si longtemps, elle avait fait la même chose sans penser au lendemain. Elle le reposa délicatement, avant de répartir.

Elle huma l'air : il sentait la paille, et le pin. Elle remplit ses poumons de cet air qu'elle aimait tant. Elle avança avec lenteur entre les maisons, se rappelant avec un sourire triste les merveilleux moment quelle avait passé ici... les gens qu'elle y avait rencontré... elle s'arrêta d'avant la maison de son meilleur ami. Une petite bâtisse au toit de chaume, aux pierres blanches, et à la porte en bois marron, qu'elle poussa. Elle arriva dans le salon. Des étagères remplies de livres, rapportés des quatre coins du royaume, une table et trois chaises en bois. C'est ici qu'elle avait appris à lire... elle poussa une autre petite porte située au fond de la pièce. C'était la chambre de Kirian...

Un petit lit se trouvait sur sa gauche, les couvertures bien ajustées, comme son ami avait l'habitude de le faire. A sa droite, contre le mur, il y avait une sorte de bureau. Une plume arrachée à l'un des coqs du village reposait sur la table. A côté, il y avait un livre. Elle s'en approcha, et l'ouvrit. Elle parcouru les pages, pleines de légendes et d'histoire, relatant le quêtes épiques de chevaliers, les douces attentes d'une princesse, et la gentillesse d'un roi. Elle le reposa avec respect, avant de quitter la pièce, d'un pas lent.

C'était douloureux, mais elle sentait que c'était nécessaire. Qu'elle n'avait pas été envoyée ici pour rien... alors elle continuait. Elle renouait avec son village. Elle se souvenait de tout. De leurs jeux incessants, des autres enfants qui ne les aimaient pas, des adultes qui riaient à leur approche, de la douce routine qu'ils avaient créé, elle et Kirian.

Elle entreprit de se rendre là où ils avaient passé le plus clair de leur temps. Sur la colline surplombant le village, dans la forêt. Elle se mit en route. Happée par les ombres, elle avançait d'un pas rapide dans la forêt dénué d'habitants, laissé comme à l'aube des temps, sans les parasites qui la dévoraient, jours après jours... elle vit rapidement le décor changé, remplaçant le pins verts de la forêt par le sol grisâtre de la montagne. Elle marchait à présent d'un pas effrayé, lent. Un mélange d'angoisse et d'excitation l'empêchait d'avancer. Avait elle vraiment envie de voir cet endroit ? Elle n'en était pas sûr, et c'est pour cela quelle continuait.

L'Enfant aux yeux blancs - L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant