L'Enfant aux yeux blancs - L'éveil

Chapitre 38

Le froid gelait ses os, ses pas étaient lourds et fatigués. Elle marchait dans les rues tristement vides de Covennar, désertées à cette heure matinale. Une fine pluie tombait sur les pavés gris, tandis que le vent poussait légèrement les pancartes des magasins qui vivaient de parte et d'autre du long chemin qu'elle parcourait. Le soleil peinait à traverser l'épaisse couche de nuage, qui obscurcissait le ciel. Un éclair déchira les cieux dans toute sa splendeur, brisant l'étrange silence d'une ville encore endormie.

Lyra s'abrita dans une longue galerie emplit de boutique. Elle s'assit, et soupira. Elle n'avait pas trouvé le sommeil, et le réconfort que lui prodiguait le chemin de songes avait été remplacé par une triste marche solitaire. L'aube se faisait discrète, et la nuit semblait perdurer, l'obscurité avalant la jeune fille. Elle était trempée les gouttes glissant le long de ses cheveux désormais d'un blond éclatant. Peut-être que les soldats la cherchaient, et elle ne voulait pas prendre de risque.

Elle attrapa dans sa besace un peu de viande, et entreprit de la mâcher. La ville s'éveillait peu à peu, et les hommes sortaient enfin, probablement pour aller travailler. Certains couraient pour se mettre à l'abri, d'autres se contentaient de grommeler, les mains dans les poches. Elle les regarda passer sans grande conviction, écoutant les bruits de la ville qui se perdaient dans un brouillard naissant. Au bout de plusieurs minutes, elle finit par se lever, ramassant son sac, sous le regard interrogateur d'une corneille qui mangeait non loin de là, avant de prendre son envol.

La jeune fille avait décider de visiter la ville, et se diriger déjà vers son centre. Les rues, bien moins peuplées que la veille, avaient disparus dans la brume. Seuls des silhouettes se découpant dans le gris de l'horizon permettait à Lyra de savoir qu'elle n'était pas seule. Elle avançait avec méfiance, prête à agir au moindre bruit suspect. Elle marcha ainsi pendant une bonne heure, perdue dans la dense couverture, avant de discerner un grand bâtiment. Elle s'en approcha, et comprit que c'était une petite chapelle. Elle était assez basique, avec ses murs en pierre, son toit d'ardoise arrondi, et sa lourde porte. Elle hésita quelques instants, avant d'en passer le seuil.

L'intérieur était modeste : quelques bancs étaient alignés devant un autel en bois dont elle ne put saisir le sens. Des petites fenêtres laissaient filtrer la lumière terne de l'extérieur. L'endroit dégageait un aura particulière, et Lyra éprouva un certain respect pour ce lieu qui lui était inconnu. Elle n'avait jamais vu de ses propres yeux un tel endroit, elle n'en avait observé que dans des livres lorsqu'elle était petite. Son village ne vénérait aucun dieux, et elle ne savait à qui était consacré ce bâtiment.

-Je peux vous aidez, jeune fille ? Demanda une voix fatiguée ?

Lyra se retourna et aperçut un petit homme portant une sorte de longue robe noire. Il avait un visage souriant, des cheveux grisonnant, et il semblait subir le poids des années, son visage étant marqué par de profondes rides. Lyra lui expliqua qu'elle s'était perdue, et qu'elle cherchait la grande place. Le petit homme sourit :

-Prenez simplement à droite en sortant, la foule devrez vous guider.

Lyra le remercia, et s'apprêtait à partir lorsqu'une question se forma dans son esprit :

-Quel dieu vénère t-on ici ?

Le petit homme se retourna, et s'approcha de l'autel :

-Cette chapelle était dédiée à d'anciens dieux, dont les noms ont été oubliés. Plus personne ne prit en ces lieux.

Lyra écouta en silence, avant de reprendre :

-Alors pourquoi rester ?

Le prêtre sourit à nouveau, plus tristement cette fois :