Décision ...

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Jour 26 : Lundi 17 Décembre.

Ce matin j'ai énormément paniqué, je ne comprenais pas ce qui se passait mais quelque chose ne tournait pas rond. Durant le petit-déjeuner, j'avais des moments de "bug" et je me retrouvais sans cesse à fixer le vide sans réussir à m'extirper de mes pensées. Il fallait que quelqu'un me fasse sursauter pour que je réussisse à sortir de ma transe.

Durant les deux heures de potions (sous ma forme féline) durant lesquelles Severus m'ignora complètement, j'ai eu comme des .... interférences. C'est difficile à expliquer, j'étais là tranquillement couchée puis un bruit sourd a résonné dans mes oreilles, comme une lourde vibration désagréable à entendre. Le décor autour de moi a "cligné" et bougé rapidement avant de redevenir stable ... Ce phénomène se produisit plusieurs fois avant que je parte, agitée, courir dehors.
A peine avais-je franchies les grandes portes, que le timide soleil qui jusque-là réchauffait quelque peu l'atmosphère a disparu pour laisser place à d'horribles nuages noirs et à un orage on ne peut plus cauchemardesque. La pluie tombait durement sur mes poils et le vent puissant me faisait trébucher et perdre l'équilibre. C'est avec grande peine que je suis rentrée à l'abri pour aller me sécher auprès d'un feu de cheminée dans la classe de Minerva (qui m'accueillit avec un étonnement assez risible).
Je m'étais mise à ronronner de bien-être quand un éclair retentit dehors et vint résonner dans la classe, j'applatissais mes oreilles pointues sous la surprise et puis ... Plus rien.

Je me suis réveillée deux heures plus tard, couchée sur une table poussiéreuse sans réussir à me rappeler comment j'étais arrivée là. J'inspectais les lieux avec intérêt, il ne me fallut pas longtemps pour reconnaitre l'endroit. Un amoncellement d'objets tous plus différents les uns des autres s'entremêlaient sans logique, des armoires, des bijoux, des vélos, des vêtements ... J'étais dans la salle sur demande. Moi qui l'avais tant cherchée je me retrouvais dedans sans l'avoir pour une fois souhaité. Je passais entre les allées en me demandant qui était la personne qui avait réussi l'exploit d'entreposer ici une barque. Je battis de la queue en fixant une boite qui ne m'était pas inconnue, le hasard fait bien les choses. Je faisais un petit bond et allais toucher du bout de la patte, le coffret qui contenait le diadème perdu de Serdaigle. Je n'osais tout de même pas l'ouvrir. J'avais tellement envie d'y laisser un mot à l'attention d'Harry pour le prévenir de ... de quoi ? Il allait très bien s'en sortir tout seul... Pourtant, j'avais de plus en plus de mal à me faire à l'idée de repartir d'ici sans changer quelques petites choses, empêcher la mort stupide de Fred, prévenir Dumbledore qu'il y avait dans cette pièce une armoire à disparaître et que sa jumelle allait causer bien des soucis, obliger Severus à ne pas se montrer le jour de la bataille finale ...
Je repartais gambader ensuite dans l'immense salle, me perdant totalement dans les allées quand un immense miroir attira mon attention.

Il était posé au sol et était brisé à sa base. Le contour en bois doré s'écaillait, prouvant qu'il était ici depuis fort longtemps. La surface réfléchissante bougeait légèrement et semblait faite d'eau. Elle me renvoyait pourtant parfaitement mon image. Je fixais quelques instants mes moustaches qui frémissaient en imaginant à quoi pouvait bien servir cet objet. Il ne ressemblait pas au miroir de Riséd et de toute évidences il n'avait pas les mêmes fonctions vu qu'aucune image de ce que je souhaitais au plus profond de moi n'apparaissait depuis cinq minutes. Je battais de la queue d'agacement. Du bout de la patte je tentais ensuite de toucher le miroir, je me doutais que ce n'était pas une bonne idée, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Comme muée d'une volonté propre, ma patte alla rencontrer la surface froide qui me faisait face. Telle une vague, celle-ci bougea et rendit flou mon reflet. Je regardais avec fascination mon petit corps se déformer et revenir à sa normalité ensuite. Quand le mouvement s'arrêta enfin, une lumière vive sortit du miroir pour m'éblouir totalement. La tête baissée et les poils hérissés j'attendais que le phénomène s'arrête en espérant que rien de mauvais ne se produise. Quand la lumière redevint supportable j'ouvris légèrement un œil pour inspecter le résultat. Face à moi, comme à travers l'écran d'une télévision, je voyais ma chambre. Ma mère entra rapidement et alla s'asseoir sur mon lit. Elle portait une fine robe rose, celle que je lui avais offerte pour son dernier anniversaire. J'avalais difficilement ma salive. Elle se passa une main dans les cheveux et parla à voix haute, je n'entendais malheureusement pas ce qu'elle disait. Elle porta à son coeur une feuille blanche et se mit à pleurer en se balançant d'avant en arrière. J'avais envie qu'elle s'arrête, j'avais besoin de lui dire que j'allais bien et qu'elle ne devait pas s'inquiéter car j'en étais certaine, c'était de moi dont elle pleurait l'absence. Ce spectacle me rappelait que trop bien mon rêve de l'autre fois même si la marre s'était transformée en miroir il n'était pas difficile de faire le rapprochement. Je reposais ma patte sur le miroir pour mimer une caresse sur son visage mais la retirais rapidement, "l'eau" s'était écartée pour l'avaler. Même si le contact avait été rapide, je m'étais sentie aspirée dans le liquide. Je soupirais, voilà donc comment je retournais chez moi, j'en avais la certitude. Je baissais la tête résignée, je ne pouvais pas laisser maman ainsi, quelle égoïste serais-je de rester ici alors qu'elle souffre de son côté ?
Mais pas aujourd'hui, je devais encore finir quelque chose et dire au revoir à quelques personnes. Je murmurais un " Bientôt maman" qui résonna dans un miaulement plaintif et repartis vers la sortie en tentant de me souvenir de l'emplacement du miroir.

WTF ?!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant