Chapitre Six

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Léa

Il pleut, je commence à avoir froid et pourtant je n'ai pas envie de bouger. J'adore la pluie, rester sous la pluie, son odeur. C'est comme ça depuis que je suis petite. C'est comme si la pluie me rendait propre. Je n'arrive plus à réfléchir de façon cohérente en voyant sa chemise blanche devenir transparente. Je vois sa bouche bouger et continue de le regarder sans pouvoir m'en empêcher. Comment peut-on être aussi beau ? Il faut que je parte, que j'arrête de le regarder, que je ne pense plus à lui.

- « Est-ce que tu es d'accord ? » finis-je par entendre.

J'ai l'impression que je dois répondre quelque chose mais je n'ai pas entendu ce sur quoi je devrais ou non être d'accord. Je me sens comme une adolescente surexcitée par ses hormones. Je dois vraiment avoir l'air d'une idiote.

- « heum, bien sûr » arrivais-je à dire finalement en le regrettant aussi tôt.

Son sourire s'agrandit. Je suis d'accord avec je ne sais quoi et ça commence à me donner mal au ventre. En tout cas, ça a l'air de lui faire plaisir. Pourquoi est-ce que je n'ai pas écouté ce qu'il disait ? Trop hypnotisée par les abdos que je pense voir sous sa chemise et ses lèvres si tentantes. 

- « Viens, je suis garé par ici ! » crie-t-il à mon intention en s'éloignant.

J'ai peut-être juste accepté qu'il me ramène chez moi en voiture ? J'espère que ce n'est que ça ! Je suis trempée quand on arrive à sa voiture. J'hésite à monter et il le remarque.

- « Vas-y, ne t'en fais pas pour les sièges ! »

Le trajet jusqu'à chez moi est rapide. Arrivé au bas de l'immeuble il se gare et détache sa ceinture de sécurité.

- « Je vais t'attendre ici le temps que tu te change » lâche-t-il enfin.

Je me sens encore plus troublée. Pourquoi dois-je me changer au juste ? Je remonte en courant jusqu'à chez moi. Je ne me laisse pas le temps de réfléchir et saute sous la douche. Après une bonne demi heure, je suis prête. J'ai fait une tresse sur le côté gauche, comme tous les jours, j'ai enfilé un jeans, mes baskettes préférées et un pull car il commence vraiment à faire froid. Par chance il s'est arrêté de pleuvoir lorsqu'on était en voiture. Je me rends devant mon miroir et me pétrifie. Et si j'avais accepté un resto ? Je ne vais pas y aller comme ça... Ce genre de choses n'arrivent qu'à moi. Je regrette déjà cette journée alors qu'elle n'est même pas finie ! Par pitié, qu'on me vienne en aide. Je ferme les yeux, respire à fond, choisis une chemise noire assez large à la place du pull. Je ne devrais pas avoir envie de lui plaire. Je ne devrais pas me changer pour lui. Je ne devrais clairement pas laisser autant de boutons ouverts. Mais je le fais. Je prends ma veste en cuir noir et décide d'y aller en me répétant que ce n'est pas un rencard, quoi qu'il arrive, il ne peut rien se passer. Il est médecin ! Je ne peux pas être amie avec lui. Un minimum de courtoisie et basta ! Je n'ai pas envie de lui dire que je n'ai pas écouté ce qu'il me disait parce que j'étais trop occupée à l'observer. Je suis donc obligée d'y aller.

Je redescends et arrive à sa voiture. Il est toujours là à m'attendre. Je m'installe sans rien dire. Il finit par démarrer et je ne sais toujours pas où l'on va.

On arrive devant une maison de maître de taille moyenne, blanche et grise. Je vois la plaque du médecin généraliste et me rends compte qu'on est chez lui. Oh non, il m'a amené chez lui ?!

- « Je fais vite et j'arrive » me dit-il en sortant.

Donc je suppose que je dois attendre ici et qu'on ne reste pas. Tant mieux. Je me sens déjà un peu plus soulagée. Il entre dans la maison. Je prends mon portable pour naviguer le temps de l'attendre.

Je me rappelle ce que m'a dit Alex, au salon tout à l'heure. Il essaye de me faire changer d'avis. Il veut que je sois heureuse mais c'est impossible. Ça n'arrivera jamais. Je ne peux pas me laisser aller avec un homme. Je ne pourrai jamais, surtout qu'il est médecin. Je ne pourrai jamais lui faire confiance. 

Adrien ressort moins de 10 minutes plus tard. Je ne peux m'empêcher de le détailler du regard. Comme moi, il a enfilé un jeans (ce qui me rassure) et une chemise bleue claire. Il s'installe et son parfum arrive à mes narines. Pourquoi les hommes sentent-ils aussi bon ?!

Au moment où il démarre, mon regard est attiré par la maison où le rideau bouge. J'aperçois la silhouette d'une jeune femme. Je suis trop loin et il commence à faire sombre. Je ne distingue pas ses traits. Mais elle a l'air d'avoir une vingtaine d'année.

- « Tu ne vis pas seul ? » demandais-je sans le vouloir.

Nous passons les grilles pour arriver sur la grand-route lorsqu'il me répond « non » d'une manière très sèche. Je décide donc de ne pas creuser. Après tout, ça ne me regarde pas !

Il se gare sur un parking non loin de chez lui. Une petite pizzeria y a installé quelques tables en guise de terrasse. Les odeurs me donnent vraiment faim. Un jeune étudiant nous installe à l'intérieur. C'est vraiment chaleureux et familial.

Je choisis une pizza aux poivrons et champignons et lui une lasagne. Je n'ose ni le regarder, ni parler alors je ballade mes yeux un peu partout. Au bout de quelques minutes, il finit par rompre le silence.

- « Alors voilà, j'ai trouvé l'endroit idéal pour faire une soirée de fiançailles. C'est le bar d'un ami. Il nous le prête sans problème si c'est un mardi. On devra juste régler les consommations ou les acheter de notre côté mais ça je m'en charge. »

Evidemment, il pense qu'il va tout régler. Il est médecin, il a une très belle maison, une grosse voiture, ... Je me sens un peu humiliée sur le coup. Il ne sait pas que j'ai de l'argent. Il ne me connait pas après tout mais me juge déjà.

- « Ce n'est pas la peine, on peut faire moitié-moitié sur les frais comme sur les invités. D'ailleurs, combien de personnes on peut mettre dans ce bar ? » réponds-je à mon tour très sèchement.

- « Facilement 50 à 60 personnes »

- « Ok, super. Je ferais une liste des personnes à inviter pour... quand au juste ? »

- « Disons dans quinze jours ou trois semaines ? Ça nous laisse le temps d'inviter et de régler les détails et en même temps ils auront leurs surprises relativement tôt après l'annonce officielle. »

Ce n 'est pas idiot... Je pense que je vais leur faire un cadeau en plus. Un week-end dans un SPA ou à Paris. Ça pourrait leur faire plaisir et me faire gagner des points auprès de Sandra. 

Lorsque le serveur nous sert nos plats, celui-ci nous souhaite un bon appétit en italien. Je lui réponds dans la même langue. Je sens le regard d'Adrien sur moi alors que je commence à couper ma pizza.

- « Tu as des origines italiennes ? »

On m'a déjà posé la question. Sûrement parce que j'ai le teint mat et les cheveux noir.

- « Non, enfin, je ne crois pas. »

Il continue de me fixer d'un air interrogateur.

- « Tu ne crois pas ? Qui t'as appris à parler italien comme ça ? »

- « C'est Alex qui m'a appris quand on était plus jeune. Je parlais déjà parfaitement 3 langues avant de commencer mes études en traduction, ça a toujours été une passion »

- « Alors tu le connais depuis si longtemps ? »

- « Oui, pour ainsi dire depuis toujours »

- « Et tes parents sont de quelle origine ? Je n'arrive pas à le déterminer »

Je n'aime pas parler de mes parents. Je n'aime pas que l'on me pose des questions. Voilà pourquoi j'évite au maximum ce genre de situation. Alors, je détourne la conversation. Il va bien finir par comprendre.

Laisse Moi T'aimer !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant