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- Pourquoi est-ce vous n'avez rien trouvé de mieux que ce trou paumé ? hurla ma sœur presque hystérique. Et tout ça à cause d'elle ! Je n'ai pas eu le droit à un traitement de faveur, moi !

Cachée dans le couloir qui menait au salon, j'écoutai ma sœur se disputer avec mes parents.

- Chérie, on n'a pas eu le choix et tu le sais, soupira ma mère, à bout de force.


Elle en avait marre de répéter cela depuis notre arrivée. En effet, nous venions d'emménager à Beacon Hills il y a déjà une dizaine de jours. Nous habitions auparavant Douglasville, une petite ville à côté d'Atlanta, en Georgie. J'étais née là-bas et j'y avais toujours vécu mais sans savoir pourquoi, je ne m'étais jamais particulièrement attachée à cette ville. Je n'étais pas triste d'en partir. J'avais bien quelques amis là-bas, mais nous ne faisions pas partie de ces groupes de lycéens totalement inséparables et soudés. C'étaient juste des gens avec qui j'aimais passer un peu de temps, mais je n'étais réellement proche de personne. De manière générale, je suis plutôt réservée. Enfin je peux parler de moi, je ne suis pas timide ou asociale mais je garde souvent mes réactions, mes sentiments et parfois mes opinions pour moi. Ma sœur et moi sommes très différentes : elle est plutôt le genre de fille à se plaindre un peu pour un rien, à tout extérioriser, bien qu'elle avait fait d'énormes progrès. Et contrairement à moi, elle s'était trouvée un petit ami à Douglasville avec qui elle sortait depuis plus d'un an. Bien sûr, sachant que la Georgie et la Californie où se trouve Beacon Hills sont deux États complètement à l'opposé, ils savaient que leur couple n'avait aucune chance. Ma sœur était donc dans un grand chagrin et ne manquait pas de le faire savoir à quiconque se présentait devant elle. Elle semblait beaucoup en vouloir à mes parents et elle ne me parlait plus. Bien qu'elle ait deux ans de plus que moi, nous avions toujours été très proches, sauf peut-être un peu moins depuis deux ans. On doit sans doute grandir de manière différente.

Quoi qu'il en soit, ma sœur semblait vraiment au bout des nerfs. Elle hurlait et pleurait en même temps :

- C'est un peu trop simple de dire ça ! Vous avez juste préféré la solution de la facilité !

- C'est faux, murmura mon père. Même pour toi, Beacon Hills te fera le plus grand bien, je te l'assure. Ça permettra de terminer le processus.

- Chut, pas si fort, dit ma mère à voix très basse.

C'était bizarre, qu'est-ce qu'ils avaient à cacher ? Ils avaient peur que les voisins entendent leur conversation ? Et de quel processus est-ce qu'ils parlaient ?

- Le processus est terminé ! cria de nouveau ma sœur. Et cette conversation aussi ! Je vais dans ma chambre.


Ma sœur sortit comme une furie du salon, tellement vite que je n'eu pas le temps de changer de position. J'avais littéralement l'oreille collée sur le mur donnant sur le salon.

- Qu'est-ce que tu fais là, toi ? me demanda ma sœur avec une pointe de rage.


Et elle disparut. Il était clair qu'elle était absolument infecte en ce moment, mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Je savais que Jace, son « petit-ami », si l'on pouvait encore l'appeler ainsi, lui manquait terriblement.

- De quoi vous parliez ? demandai-je innocemment en entrant dans le salon.

- Oh, de rien, dit mon père maladroitement.

Mon père était le pire menteur du monde. Mais Sebastien Ross, de son petit nom, était cependant le plus gentil des pères. Il était calme, très posé et toujours de bonne humeur, comme si rien ne l'affectait. Il est très patient et curieux envers le monde qui l'entoure, et c'est certainement pour cela qu'il est paysagiste. Il adore imaginer de somptueux jardins florissants pour des maisons ou des lieux publics. Selon mes parents, c'est à cause de son métier que l'on a déménagé. Mon père disait en avoir marre de la flore en Georgie : nous voilà donc partis à Beacon Hills pour que mon père puisse planter des buissons différents ! Quelle ridicule excuse. Je n'avais aucune idée du pourquoi nous étions réellement partis mais en fait, je m'en fichais. Pour je ne sais quelle raison, j'étais contente d'être ici. Nous étions bientôt en septembre, j'étais certes stressée quant à ma rentrée en terminale dans un lycée où je ne connaissais personne mais à part cela, j'étais plutôt sereine.

Dark Ocean - Theo Raeken -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant