Chapitre 2 : Désespoir et amitié

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Mon monde cessa de tourner. Toutes les joies, les amitiés, le bonheur que j'avais vécus s'étaient évaporés laissant place à une profonde dépression. J'avais la sensation d'avoir tout perdu et de sombres pensées me traversèrent l'esprit. Je restai ainsi, confiné dans ma chambre, pendant cinq jours. Je fis d'abord croire à ma mère que j'étais éreinté à cause du travail que j'avais fourni en cours, puis je commençai à ne plus descendre prendre les repas. Rien ne me faisait envie, excepté le vide. Ne plus rien ressentir,  jamais plus, était mon unique vœu. Mes volets et mes fenêtres demeuraient fermés. Je pensais m'être préparé à cet ouragan qui venait de déferler dans ma vie mais ce n'était apparemment qu'illusion. Quand ma mère tentais de me faire sortir ou de discuter, je la rembarrais à chaque fois, même violemment parfois. Au bout de ces cinq jours, elle décida d'appeler ma meilleure amie Charlotte, pensant ainsi que je pourrais me confier à elle plus facilement. 

Dès qu'elle passa le pas de la porte, je me précipitai dans ses bras, sanglotant. Nous nous assîmes et restâmes l'un contre l'autre pendant une trentaine de minutes, sans un mot. Elle me serrait fort et me caressait le dos avec douceur. Je parvenais enfin à percevoir une lumière au bout de ce tunnel sans fin. Après cela, nous nous redressâmes naturellement et attrapâmes chacun un oreiller respectif. Puis, avec un sourire bienveillant, elle me dit doucement : 

"Prends ton temps, nous ne sommes pas pressés..."

C'était donc la gorge un peu sèche que je lui racontai comment ma confession s'était passée, et également la sombre période qui s'en suivit. J'eus un peu honte de lui raconter tout cela, j'avais le sentiment d'être un raté, un moins-que-rien. 

- Je voulais te remercier d'être venue me voir aujourd'hui, je ne sais pas ce que je ferais sans toi..., lui murmurai-je tout bas.

- Tu n'as pas à me remercier, je suis ta meilleure amie tu sais. Tu n'as pas à avoir honte avec moi tout simplement parce que je ne te jugerais jamais. Garde ça en tête d'accord ? Si il t'arrive encore de te sentir aussi mal que maintenant, n'hésite surtout pas à m'appeler. Je ne pourrais pas me pardonner si il t'arrivait quelque chose. Tu comptes énormément pour moi, me répondit-elle, le regard tendre.

- Je t'aime tant, merci d'être là pour moi Charlotte...

- Meilleurs amis pour toujours !, s'écria-t-elle soudainement en m'enlaçant.

- Exactement !

Nous passâmes le reste de la soirée à discuter de sujets plus légers, à dévorer des paquets entiers de Dragibus et à regarder des séries, emmitouflés dans un confortable plaid. Le lendemain, nous nous fîmes réveillés par la pluie torrentielle dont les gouttes heurtaient violemment le double vitrage de ma fenêtre. 

Ma mère déjà partie au travail, nous décidâmes de commencer cette journée assez oisivement, c'est-à-dire, dégustant chocolats chauds et tartines devant la dernière saison de Desperate Housewives. Cette série était un de nos moments privilégiés et on ne manquait jamais un épisode ensemble. Elle nous faisait rire, pleurer, nous indignait, nous attachait aux personnages et on en voulait toujours plus. Après cette séance de visionnage, qui fut d'ailleurs assez intense à cause notamment de la mort de Mike, un des personnages principaux, il était déjà 10 heures. La pluie s'était un peu calmée. En jetant un coup d'œil à l'intérieur de mon armoire, je me rendis compte que j'avais besoin d'un peu de rafraîchissement dans mes vêtements. Je pris donc l'initiative de proposer d'aller faire un peu de shopping à Charlotte. C'était la première fois que j'avais vraiment envie de quelque chose depuis ces cinq jours qui me paraissaient une éternité, et je savais bien à qui je devais ça. Elle me répondit donc d'un ton enthousiaste :

- Mais bien sûr que je veux aller faire du shopping avec toi, sortir un peu ça nous fera pas de mal !

Nous allâmes donc, en bus puis en métro, à la grande rue marchande du centre-ville. Mon comportement d'acheteur était assez simple. N'étant pas un adepte du lèche-vitrines, dès que je trouvais un article qui correspondait à mes attentes, je l'achetais sans réaliser plus amples prospections. Charlotte, elle, était mon parfait opposé. Ce fut donc naturellement que nous commençâmes par chercher ce dont j'avais besoin. En moins de trente minutes, j'avais terminé mon shopping, c'est-à-dire un jean bleu marine, une paire de tennis et une chemise blanche à pois bleus marine. Avec Charlotte, la véritable virée shopping commença. Nous débutâmes par les grandes enseignes connues : H&M, Zara et Primark. Tous les rayons furent visités par l'acheteuse compulsive que venait de devenir mon amie. Seulement pour ces trois magasins, dix vêtements furent achetés : cinq t-shirt, deux jupes, deux gilets et une robe. Et mon calvaire n'était pas terminé...

Nous rendîmes ensuite visite aux magasins de marque, nettement plus onéreux : Abercrombie&Fitch, Ralph Lauren et Hollister. Elle fut cette fois-ci un peu plus raisonnable, mais pas trop, en faisant tout de même l'acquisition de six articles : deux chemisiers, deux robes et deux jeans. J'espérais que par manque d'argent,  elle cesserait son tour des magasins. Pour mon plus grand soulagement, c'est ce qu'elle fit. Ce qui m'impressionnait c'est qu'elle n'était même pas fatiguée, encore pimpante et pleine d'énergie.

- C'était drôle, n'est-ce pas ? Moi en tout cas je me suis éclatée !, s'exclama-t-elle, le regard pétillant.

Je pris quelques secondes pour reprendre mon souffle, car contrairement à elle, j'étais épuisé.

- Oui, c'était vraiment sympa, même si je dois t'avouer que je suis content que ça prenne fin. Une rue de plus et je me serais évanoui... Comment fais-tu pour avoir autant d'endurance ?

- La magie du shopping à mon avis !, me répondit-elle avec un clin d'œil.

- Allez, rentrons..., achevai-je encore quelque peu essoufflé.

Enfin arrivés chez moi, Charlotte commença à rassembler ses affaires. Elle aurait bien voulu rester plus longtemps mais elle partait en vacances en Australie avec ses parents dans deux jours. Quelle chance ! Pendant deux semaines en plus. 

- Tu m'enverras des photos, hein ?, lui demandai-je.

- Mais bien sûr que je t'en enverrai, et surtout des beaux surfeurs australiens que je croiserai là-bas..., m'intima-t-elle, d'un ton salace.

- Oooh t'es bête !, lui répliquai-je d'un ton amusé. 

Je l'accompagnais jusqu'à la rue, portant sa valise tel un digne gentleman, quand il apparut. Matthieu était là, devant mon portail, aussi beau qu'avant, l'air quelque peu préoccupé. Je fis mine de ne pas le voir, malgré les regards insistants de ma meilleure amie. Nous nous dîmes au revoir en nous serrant fort l'un contre l'autre. Elle en profita pour me murmurer :

- Parle lui, ne le rejette pas, si il est venu ici c'est pour une bonne raison...

- Je sais... Passe de bonnes vacances Charlotte..., lui répondis-je doucement.

Je regardais sa voiture s'engouffrer lentement dans les ténèbres de la nuit puis y disparaître. En me retournant, je me retrouvai face à lui. L'ange des ténèbres. Celui qui avait réduit mon cœur en cendres. Ses yeux émeraudes me fixaient et perçaient l'ombre de la nuit. Sans que je n'eus le temps de faire quoi que ce soit, il s'approcha un peu plus de moi. 

- Tu veux bien me faire entrer ? On a beaucoup de choses à se dire je crois..., me murmura-t-il.


Matthieu est bel et bien revenu. Mais est-ce réellement une bonne chose ? Pourquoi aurait-il changé d'avis ? 

Rendez-vous au chapitre 3 pour découvrir la suite ! (prévu le 27/09/17)

V.R.

Love is my nemesis...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant